Titre Original : On Chesil Beach
2017 – Angleterre
Genre : Drame
Durée : 1h50
Réalisation : Dominic Cooke
Musique : Dan Jones
Scénario : Ian McEwan d’après son propre roman
Avec Avec Saoirse Ronan, Billy Howle, Emily Watson, Anne-Marie Duff, Samuel West et Adrian Scarborough
Synopsis : Le soir de leur mariage, Edward Mayhew, un étudiant en histoire, et Florence Ponting, une violoniste, se retrouvent enfin seuls dans la vieille auberge du Dorset où ils sont venus passer leur lune de miel. Ils sont tous les deux vierges. Mais en 1962, dans l’Angleterre d’avant la révolution sexuelle, la sexualité est encore un tabou pour eux. Ils s’envient, tentent de se rapprocher, mais ils sont tous les deux mal à l’aise et refoulent leurs désirs. Leur nuit de noces, non consommée, se transforme en épreuve de vérité où le jeune couple se confronte à la sexualité ainsi qu’à ses peurs ou ses inhibitions.
Si je donne souvent l’impression d’être un amateur de cinéma déviant (bon, c’est le cas), d’aimer les films durs, les films d’horizons variés, je ne passe que rarement pour un amateur de cinéma sensible. C’est oublier que parmi la liste de mes films préférés, voir parmi mes préférés tout court en fait, il n’y a que les films qui m’ont marqués, m’ont fait pleurer (oui oui, ça m’arrive), et donc, m’ont secoué émotionnellement. Love Exposure de Sono Sion dont j’arbore un tatouage sur mon avant bras sans honte et sa fameuse scène sur la plage qui m’arrache une larme, Donnie Darko et son sacrifice sur la chanson Mad World qui me fait fondre en larme, ou le film Twin Peaks et son final émotionnellement dur et doux à la fois. Oui, tout au fond de moi, j’ai un petit cœur sensible. Et de temps en temps, il n’est pas surprenant que je me lance dans des films plus légers, des romances un peu plus grand public, souvent applaudis en festival, comme Brooklyn il y a quelques années, que j’avais adoré. Et voilà, transition parfaite, puisque le film du jour, Sur la Plage de Chesil, est un film parlant d’une romance, c’est également Anglais, et ça met encore en avant au casting la jeune Saoirse Ronan, que j’adore. 28 ans seulement (26 quand j’avais originalement écris ces lignes), et elle a déjà jouée dans un nombre incalculable de films (bon en fait si, on peut calculer), tournée pour Peter Jackson (The Lovely Bones), touchée au film d’action (Hanna), au film de genre (Byzantium), au drame coloré et surréaliste (Lost River), au drame en temps de guerre (How I Live Now), été saluée pour sa prestation dans Brooklyn, et continue son petit bonhomme de chemin dans le cinéma indépendant assez remarqué, avec Lady Bird et Les Filles du Docteur March, tout deux réalisés par Greta Gerwig, ou encore dans le film du jour donc, Sur la Plage de Chesil. Un drame, une romance même, se déroulant dans l’Angleterre des années 60.
Du drame, des larmes, des notes d’humour, une romance, d’excellents acteurs, des accents so British et les années 60, tout pour me plaire donc ! Et la majeure partie du temps, j’ai beaucoup aimé Sur la Plage de Chesil. De par son contexte fatalement déjà, l’Angleterre des années 60, avant la révolution sexuelle. Le sexe est encore tabou. Voir forcément cette jeune femme, Florence, épouser Edward, alors que tout semble les opposer, et voir que leurs désirs sont totalement différents, le tout sans forcer sur la corde niveau dramatique, et sans tomber dans la facilité au niveau de l’humour. Un numéro d’équilibriste plutôt habile en soit. Florence, elle, vit pour la musique, étant violoniste, tandis qu’Edward lui étudie l’histoire. Lui est libre, attiré, a envie d’être avec sa femme, physiquement, tandis qu’elle ignore tout de l’acte sexuel et tout cela lui semble dégoûtant. Le propos pourrait être très léger pour tenir durant 1h50, mais la bonne idée du film est de concentrer l’essentiel de sa narration sur le concept des flashbacks. Nous découvrons nos deux tourtereaux alors qu’ils viennent de se marier, et sont dans une auberge au bord de mer. Durant une seule journée, leur amour est scellé, et devrait l’être, sexuellement également. Les mots doux pleuvent, les regards sont complices, mais quelque chose ne colle pas. Le métrage joue alors sur les flashbacks pour nous présenter plus en détail ces personnages dont on ignore finalement tout, leur passé, leur vie sociale, et du coup, forcément, leurs ambitions, leurs rêves, leurs désirs. Deux caractères totalement à l’opposé, ce qui, une fois ramené dans le présent, explique fortement leur maladresse, leur mal être. Surtout que mine de rien, en étant totalement à l’opposé l’un de l’autre, Edward et Florence ont néanmoins un point en commun, qui ne facilite pas les choses : ils sont tous les deux vierges.
Forcément du coup, entre un homme maladroit mais explosant de désirs et d’envies et une femme qui connaît ses désirs mais également ce qui l’a révulse, mais qui aime son mari d’un amour véritable, les choses ne sont pas simples. L’intrigue se suit simplement, les acteurs sont excellents, et malgré il est vrai une certaine finesse d’écriture, on ne peut nier que l’ensemble tient sur un post-it. Un détail dans un premier temps, vu que la formule fonctionne, et que le métrage mélange un ton mélancolique avec des notes d’humour qui font sourire, mais n’en font jamais trop au point de faire plonger le film dans le genre de la comédie. Non, c’est un drame, point. Malheureusement, on ne va pas se mentir, le film dure 1h50, et lorsqu’il retrouve une narration chronologique plus classique après un certain retournement de situation, il perd quelque peu de son intérêt. Non pas que le film soit mal écrit, mal joué, voir mal pensé, non, tout est là, tout suit une route logique prévue à l’avance (et même assez prévisible), mais dans son dernier tiers, le film perd quelque peu de sa magie, justement car il reste fortement prévisible, qu’il oublie son humour qui fonctionner pour miser uniquement sur le côté dramatique, voir larmoyant, et que quelque chose cloche visuellement parlant. Comme un côté un peu forcé en réalité. Qui parvient, ce fut mon cas en tout cas, à nous sortir de l’expérience, non plus pour nous laisser aux côtés de ses personnages qui doutent, mais pour nous ramener simple spectateur devant notre télévision. Et pour un film jouant sur le drame et l’émotion, avouez que c’est dommage. Surtout qu’apparemment, le final a été changé comparé au roman, et dans le cas présent, il s’agît de la plus grande faiblesse du métrage, dommage.
Les plus
Saoirse Ronan et Billy Howle, parfaits
L’humour fait mouche, sans en faire trop
Sensible et intéressant
Les moins
Un final facile et trop larmoyant
Un détail visuel un peu grotesque
En bref : Entre drame, romance et humour, Sur la Plage de Chesil a des atouts, un excellent casting, une réalisation calme et pudique, mais il souffre de défauts, dans sa dernière partie notamment qui veut en faire beaucoup trop et nous sort un peu du film.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Saoirse Ronan and Billy Howle, both perfect ♥ It’s funny without trying to do too much ♥ Pretty interesting and sensitive |
⊗ The finale, too easy and trying too much to be sad ⊗ One visual detail near the end, too grotesque |
Between drama, romance and comedy, On Chesil Beach has a few assets, an excellent cast, a calm and discreet work from the director, but it also has some bad points, often during its last part actually, trying to do too much, and leaving us, the audience, out of it. |