Titre Original : Ku Bei
2021 – Taïwan
Genre : Horreur
Durée : 1h39
Réalisation : Rob Jabbaz
Scénario : Rob Jabbaz
Avec Avec Regina Lei, Berant Zhu, Ying-Ru Chen, Ralf Chiu, Lan Wei-Hua, Chang-Hsien Tsai et Ji-Chiang Wang
Synopsis : Après un an de lutte contre une pandémie aux symptômes relativement bénins, une nation frustrée finit par baisser sa garde. C’est alors que le virus mute spontanément, donnant naissance à un fléau qui altère l’esprit. Les rues se déchaînent dans la violence et la dépravation, les personnes infectées étant poussées à commettre les actes les plus cruels et les plus horribles auxquels elles peuvent penser.
Avant toute chose, laissez-moi clarifiez un point ! Oui, j’ai bien aimé The Sadness, bien que certains propos qui vont suivre pourraient laisser penser le contraire. Non car The Sadness, tout le monde en parle depuis quelques temps, encore plus après ces passages dans quelques festivals en France, et l’engouement est tel qu’ESC s’occupe de sortir le film cet été chez nous. Saluons l’initiative d’ESC ceci dit. Sauf que remettons également les choses dans leur contexte, car on ne va pas se mentir, The Sadness, c’est malgré tout un film opportuniste et bancal. Il suffit de se renseigner quelque peu pour s’en rendre compte. La production du film fut par exemple lancée le jour même où Hollywood décida de stopper tous ces tournages, et donc, de mettre le cinéma en pause. Le film a bien évidemment été tourné dans l’urgence, pour surfer sur une certaine actualité politique et sanitaire. On peut très rapidement comprendre que le premier long métrage du Canadien Rob Jabbaz a été tourné rapidement à la fois pour surfer sur l’actualité et profiter d’un tournage là où cela était encore possible afin d’avoir plus de visibilité, et moins de concurrence. Forcément, quand Hollywood met ses tournages en pause et que les cinémas ferment dans beaucoup de pays Anglophones, cela laisse de la place pour le cinéma du reste du monde dans les salles Asiatiques, elles toujours ouvertes. On passera sous silence son financement à base de cryptomonnaie et de revenus venant de sites de camgirls, car ça, après tout, pourquoi pas, on trouve de l’argent pour filmer où l’on peut. Bon, parlons un peu du film quand même non ? The Sadness est donc un long métrage en provenance de Taïwan, où il eu l’honneur d’une sortie en salles en Janvier 2021 (oui déjà, ça date), un film qui nous parle d’un virus qui après avoir fait sa petite vie de manière inoffensive, décide de muter du jour au lendemain, quand le film commence en réalité.
Les infectés deviennent donc fous. Pas fous comme des zombies criant cerveaux, ou comme des infectés qui ont la rage et ne pensent qu’à tuer, non. Les infectés ici, ils sont plus ou moins conscients, mais le virus leur fait faire les pires atrocités, violentes ou sexuelles, que notre cerveau jugerait normalement inadéquates ou immorales. On pourrait penser au délire qu’était Mayhem de Joe Lynch, avec son virus qui a un peu le même effet, mais les films ne visent pas le même public, et ne prennent pas la même direction. Car The Sadness, c’est un film gore qui veut en mettre plein la vue, et ce dés son introduction obligatoire pour établir deux personnages principaux passée. Oui, deux personnages, séparés lors de l’introduction, et dont le but sera, logiquement, de traverser la ville en proie au chaos pour se retrouver. Et autant le dire tout de suite, durant sa première demi-heure, le film touche au but. La scène d’attaque dans le métro par exemple est ultra sanglante et généreuse, et quelques moments parviennent à instaurer une belle tension. Attention, non pas que la suite soit mauvaise, mais à force de vouloir toujours aller plus loin dans le gore, puis parfois un peu la vulgarité et le cul, The Sadness perd son potentiel tendu et dérangeant pour s’avérer être bien plus un métrage fun, un peu comme pouvaient l’être certains films estampillés Cat III dans les années 90 à Hong Kong. Après tout, c’est souvent over the top, et un coup de couteau peut nous donner une giclée de sang telle que le cinéma Japonais ne l’aurait pas renié. Ce que l’on perd en tension, on le gagne en fait en rythme et en fun. Que ce soit dans la fuite de notre héroïne qui trouvera refuge dans un hôpital isolé, les aventures de son petit ami qui fait tout pour la rejoindre, ou encore ce qui ressemble bel et bien à une parodie de la politique actuelle lors d’un rapide passage télévisé, The Sadness vise le second degré, camouflé sous des hectolitres de sang et de tripes.
Et ça fonctionne. Du moins jusqu’à son final, qui fait un choix très étrange, et qui vient, pour moi, encore une fois mettre en lumière la production opportuniste du film. Car généralement, le final dans ce genre de métrage qui en fait toujours plus, il est supposé être explosif, repousser les limites pour marquer et fonctionner, après une petite pause. Pause justement qui doit être là pour accentuer l’effet choc de la dernière partie. Sauf que The Sadness fait le choix étrange de ne quasiment pas s’arrêter pendant 1h10, et donc, transformer les possibles effets chocs en moment plutôt fun, soit car finalement inoffensifs, soit car on a vu pire ailleurs, avant de nous livrer un final beaucoup plus calme, en rythme mais aussi en contenu, et donc, peu marquant malgré quelques idées qui auraient pu, ironiquement, aller bien plus loin. C’est pour tout cela que je modère mon avis sur The Sadness, qui m’a donné dans un sens ce que j’attendais de lui, qui ne s’est pas moqué de moi en terme de gore et de divers effets sanglants, même si par moment, c’est plus du sang que l’on envoie sur les acteurs que de vrais effets gore, mais qui, avec un peu plus de temps, aurait pu être bien plus. Plus politique sans doute, mieux construit également, mais aussi sans doute en se permettant une vraie tension, qui manque par moment. Il faut dire qu’il est difficile de s’attacher à notre couple de héros d’un côté, et que la mise en scène, bien que propre (bien filmé, bien photographié), reste néanmoins un peu trop clean et prévisible par moment. Du coup, en tant que divertissement sanglant, oui ça fait le boulot, mais pas le choc annoncé par certains.
Les plus
Quelques scènes marquantes
Hyper rythmé
Du gore, du sang, des nichons
Plutôt propre visuellement
Les moins
Un dernier acte étonnement calme et sage
La tension disparaît finalement très vite
Un film souffrant de son côté opportuniste
En bref : Alors oui, The Sadness est une production bien rythmée, parfois bien fun, gore, qui va loin. Mais en fait, à force d’aller toujours plus loin, la tension laisse souvent place à l’amusement, et c’est dommage, surtout que la fin déçoit en se faisant assez calme.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A few intense and well made scenes ♥ The rhythm is often good during the first hour, no time to breeze ♥ Bloody, gory, and with a few naughty scenes ♥ Visually, it’s a pretty clean movie |
⊗ The last part, too slow, too calm, with too much dialogues ⊗ The tension disappears quickly ⊗ It can’t hide why it was made and why it was made quickly |
So yes, The Sadness is well made, it’s never boring, it’s fun, gory at times. But it always tries to go further, to add more gore, that the tension leaves and it becomes funny, and it’s too bad, especially as the last part is too calm and disappointing. |
« The Sadness, c’est malgré tout un film opportuniste et bancal. Il suffit de se renseigner quelque peu pour s’en rendre compte. La production du film fut par exemple lancée le jour même où Hollywood décida de stopper tous ces tournages, et donc, de mettre le cinéma en pause. Le film a bien évidemment été tourné dans l’urgence, pour surfer sur une certaine actualité politique et sanitaire. »
Ah bon ? Je n’en savais rien. A vrai dire, peu importe, ce qui compte est le résultat à l’écran pour moi. Comme tu le dis après, on retrouve une ambiance Cat III hongkongaise, et ça j’ai adoré. C’est bien fichu, prenant, impressionnant, tendu et gore. Mais comme toi, la dernière partie ne m’a pas vraiment convaincu. Le final est trop verbeux, beaucoup moins stressante et je suis un peu sorti du film.
Un dernier détail qui n’est pas un défaut en soi, juste un gout personnel et donc subjectif :
SPOILER
J’aime bien généralement dans ce genre de films, qu’un ou deux personnages parviennent malgré tout à s’en sortir. Ce qui n’est pas le cas ici, même la jeune femme, tout ça pour ça, dommage.
Je trouve ça important de le garder en tête, même si en soit, beaucoup qui regardent et regarderont le métrage n’aura pas connaissance de ce petit élément de background. Même si en soit, ça ne change rien à ce qui fonctionne à l’écran, et ce qui fonctionne moins, comme oui, ce final verbeux, qui aurait dû en fait arriver une demi-heure plus tôt, pour que le final se lâche totalement et retrouve la folie des débuts.
J’aime bien moi les fins nihilistes, même si là, la jeune femme est le seul personnage que j’aimais bien du film haha.