Titre Original : The Ward
2010 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h29
Réalisation : John Carpenter
Musique : Mark Killian
Scénario : Michael et Shawn Rasmussen
Avec Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker, Laura-Leigh, Lundsy Fonseca, Mika Boorem et Jared Harris
Synopsis : En 1966, Kristen, une jeune fille accusée d’avoir mis le feu à une ferme, est internée dans un hôpital psychiatrique. Elle y retrouve un groupe de patientes qui se disent victimes d’un fantôme apparaissant la nuit. Kristen qui n’aspire qu’à s’enfuir de cet endroit va se retrouver prise au piège par cet esprit maléfique.
The Ward, dire qu’il était attendu, cela relève presque de la blague pour le cinéphile. Sortant en France un peu en retard, je m’étais bien entendu jeté sur le film dés sa sortie en import. Après tout, c’était, après 10 ans d’absence, le retour de John Carpenter au film de cinéma. Mais du coup, de lourdes attentes étaient posées sur les frêles épaules de son film. Car Carpenter, à l’exception de deux épisodes pour la série Masters of Horror (un excellent, un très décevant), nous avait laissé avec Ghosts of Mars en 2001, film dont la déception fut immense, film qui baisse dans mon estime à chacune de ses visions, si bien que la seule chose réellement positive à son égard, ce sera son édition DVD collector, contenant deux disques, plus le cd de l’ost, plus un livre passionnant sur l’ensemble de la carrière de Carpenter. La meilleure chose sur Ghosts of Mars, c’est finalement ce qui entoure le film lors de sa sortie en France, voilà. Carpenter avait donc la lourde tâche de nous faire oublier ça, mais en plus, entre temps, 10 ans se sont écoulés. Jamais Carpenter n’aura laissé autant de temps entre deux métrages de cinéma, lui qui enchaînant les métrages durant les années 80, et avait encore un rythme plus que soutenu durant les années 90. Du coup, tous les espoirs étaient là, et ce même si les premiers extraits glanés ci et là faisaient peur. Et si je me décide enfin à écrire sur The Ward, 12 ans après sa sortie, vous vous doutez que le film ne fut pas à la hauteur de nos attentes. Alors attention, je n’ai jamais considéré The Ward comme un mauvais film. C’est une honnête série B. Son souci, c’est qu’il est censé être réalisé par John Carpenter, et que cette touche ne transparaît pas vraiment dans le métrage. D’ailleurs c’est simple, et c’est bien la première fois, Carpenter se contente de réaliser. Il n’a ni touché au scénario, ni touché au montage, ni à la musique, confiée à Mark Killian, qui signe un thème principal réussi d’ailleurs. La touche Carpenter n’est donc forcément pas présente musicalement, ni dans les thèmes abordés ou les personnages.
D’ailleurs, The Ward ne met en scène quasiment que des personnages féminins, ce qui est bien rare venant de Carpenter, voir n’était jamais arrivé. Bien entendu, il lui arrive d’avoir des personnages féminins, voir principaux, mais on se souvient surtout des Snake Plissken, John Nada, Napoleon Wilson ou MacReady. Rien de tout ça ici, les seuls personnages masculins seront des docteurs ou gardiens, du personnel hospitalier donc, tandis que les personnages principaux seront enfermés, et seront des femmes. Mais voilà qui promet d’être intéressant justement. Surtout que The Ward se déroule dans un lieu unique, un hôpital psychiatrique. Et Carpenter, il s’y connait en huis clos. Assaut et son commissariat, The Thing et sa base en Antarctique, Prince des Ténèbres et son église… Mais The Ward ne ressemble jamais vraiment à un film de Carpenter. Il serait malhonnête de dire qu’il n’a rien apporté au projet, mais il n’y a pas apporté sa patte. Il y a juste apporté son savoir faire. Car techniquement, c’est propre. Bien éclairé, bien filmé, quelques travellings et autres plans hyper fluides à la steadycam, un générique d’ouverture superbe visuellement. Oui, c’est du beau boulot, c’est propre. Impersonnel, mais propre. Et c’est comme cela qu’il faut prendre The Ward. Le film d’un John Carpenter revenant par la petite porte après une pause de 10 ans, après avoir été un peu lessivé par le milieu, et qui du coup, se contente de mettre en image les idées des autres, proprement, mais sans y insérer ses propres thématiques, sa manière de faire. C’est bien entendu une grosse déception à ce niveau, mais en tant que série B, The Ward fait le taf. C’est propre, c’est rythmé, quelques idées de mise en scène, bien que ne relevant jamais du génie, fonctionnent plutôt bien. Le film se suit plutôt bien, avec plaisir, sans grande surprise évidemment, mais sans être un calvaire. Et puis, mine de rien, en ce qui concerne les effets spéciaux, Carpenter reste Carpenter, et évite donc certains écarts qu’il avait eu avec Los Angeles 2013.
Pas de CGI ici, mais des effets spéciaux à l’ancienne, en dur, faits sur le plateau. Le souci, c’est que la proposition de Carpenter ne fonctionne qu’à moitié, voir se foire totalement à ce niveau là. Car vouloir tout faire en vrai, c’est bien, mais vouloir filmer alors certains effets de manière frontale, notamment en ce qui concerne son principal élément horrifique, à savoir un fantôme censé hanter les couloirs de cet hôpital, et bien, ça ne fonctionne plus. Lorsqu’il s’agît d’une silhouette en arrière plan, ou d’une main apparaissant à l’écran, ça fonctionne, Carpenter sachant faire monter la sauce, même s’il a à plusieurs moments recours à des jumpscares, trahissant quelque peu l’époque de production de son métrage. Mais lorsqu’il filme alors son esprit vengeur frontalement, et en gros plan, cela donne un aspect totalement faux à son fantôme, et donc, par extension, à son film. Carpenter, qui savait pourtant limiter ses effets pour nous laisser, nous, spectateurs, imaginer le pire et trembler, se lâche, et encore plus dans la dernière partie du métrage. Nul doute que le spectateur arrivant devant The Ward juste pour voir un film horrifique sera prêt à descendre le film comme il se doit. Tandis que l’amateur de Carpenter, bien que ne reconnaissant là pas la patte de son auteur, saura être bien plus clément. Car bien qu’étant un film finalement peu inspiré, mais pas dénué de quelques idées (le personnel hospitalier apparaissant comme diabolique, l’ultime cliché… qui change radicalement sur la fin), The Ward est une série B bénéficiant d’un certain savoir faire, et finalement, supérieur à Ghosts of Mars, qui avait bel et bien la patte de Carpenter, mais en allant jusqu’à par moment la parodier. The Ward est une œuvre mineure, oubliable, oubliée déjà même, mais pas si mauvaise que ça. Et que j’aurais probablement de nouveau oublié d’ici 10 ans…
Les plus
Un savoir faire technique
Les actrices s’en sortent bien
Quelques idées sympas sur le papier
Rythmé et regardable
Les moins
La patte Carpenter, absente
Aspect horrifique parfois bien trop frontal
Manque de vraies surprises
En bref : The Ward est un film très mineur de la part d’un cinéaste comme John Carpenter. Pas mauvais, mais bancal, impersonnel, parfois maladroit. Compétent la plupart du temps, mais vite vu, vite oublié.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Technically, it’s not bad ♥ The actresses are pretty good ♥ A few nice ideas on paper ♥ An easy B movie to watch |
⊗ Carpenter, is it really you behind the camera? ⊗ The horror effects are far too frontal, too much « in your face » ⊗ No real surprises |
The Ward is not really bad, and not even the worst Carpenter’s film (he made the Invisible Man back in 92). But it’s not special, there is no atmosphere, no surprises, easily forgotten. |
Oui, bizarre qu’il soit sorti de sa retraite pour faire un film si impersonnel. Ça reste correct dans mes souvenirs, je te rejoins. Pour la postérité, je pense que THE WARD restera surtout à jamais le meilleur film (le moins mauvais on dira) dans la carrière d’Amber Heard.
Oh, dans le domaine du bis qui tâche, on a tous les deux aimé DRIVE ANGRY où elle joue avec Nic Cage. Mais on se souviendra plus de THE WARD comme un Carpenter décevant que comme un film avec Amber Heard, le premier s’étant fait un nom pour les bonnes raisons (le talent) 😉
Après comme je dis, je le trouve honnêtement meilleur que GHOSTS OF MARS, et même son second épisode pour MASTERS OF HORROR. Par contre son premier épisode est génial, et faudrait d’ailleurs que je me le procure.
Amber Heard fait aussi u’e apparition remarquable dans « Broken Flowers » de Jarmusch.
Je ne vous sens pas fan de « Mandy Lane » 😉
Je crois qu’on en avait déjà parlé de Mandy Lane, sans doute sur un autre film avec elle que j’ai chroniqué… Pas fan, mais j’accepte toujours de le revoir, mais bon. La première vision fut en mode « mouais, ça se regarde ».
Bon, j’ai bien lu, j’abonde dans le même sens et cela confirme une chose : Le dernier film de Big John reste bel et bien « Ghost of Mars », infiniment supérieur à ce film qui n’a de Carpenter que le nom sur la jaquette du DVD.