RESIDENT EVIL de Rachel Goldberg, Bronwen Hughes, Rob Seidenglanz et Batan Silva (2022)

RESIDENT EVIL

Titre Original : Resident Evil
2022 – Etats Unis
Genre : Série TV
Durée : 8 épisodes de 50 minutes
Réalisation : Rachel Goldberg, Bronwen Hughes, Rob Seidenglanz et Batan Silva
Musique : Gregory Reveret
Série développée par Andrew Dabb

Avec Ella Ballinska, Tamara Smart, Siena Agudong, Adeline Rudolph, Lance Reddick, Paola Munez, Connor Gosatti, Anthony Oseyemi et Ahad Raza Mir

Synopsis : Une adaptation de la célèbre franchise vidéoludique créée par Capcom, qui cherche à approfondir davantage la mythologie de la licence, en particulier les coulisses de la diabolique société Umbrella, responsable de la création et de la propagation du terrible T-Virus…

Resident Evil, c’est malgré elle la saga vidéoludique la plus connue des cinéphiles, la plus adaptée. Depuis 2002, on en aura bouffé à tous les râteliers. Trois films Japonais en CGI, parfois sympathiques d’ailleurs, et donc sans doute les meilleures adaptations, même s’il y a des défauts (un premier opus visuellement ressemblant à un jeu vidéo, des soucis de rythme parfois, un troisième film plus bourrin). Mais il ne faut surtout pas oublier les six métrages issus du cerveau probablement malade de Paul W.S. Anderson, aussi bancale que souvent ridicule, et étant donc des nanars de luxe, et dont certains opus peuvent être de gros plaisirs coupables, tandis que l’on préférera éviter de citer l’existence même de certains opus (le sixième, mon dieu) ! Mais ça ne s’arrête pas là, puisqu’une fois la fantastique saga Andersonienne terminée, la saga fut relancée avec une série d’animation, puis avec un nouveau métrage, le Welcome to Raccoon City, souvent défoncé par tous, et on ne va pas se mentir, loin d’être parfait, parfois ridicule avec ses personnages (Léon), et ayant ce gros cachet de petite série B (ce qu’il est au final). Mais ça, c’était 2021, c’était la tentative de rédemption, de fidélité (trop parfois), de faire plaisir aux fans même si c’est bancal. Et là, nous sommes en 2022, et l’ambition n’est plus la même. On passe au format série pour Netflix histoire de dire qu’on a plus de choses à raconter vu que du coup, on nous promet de passer 8 heures dans un univers connu et apprécié, on inclut carrément deux timelines différentes dans l’intrigue pour bien montrer que le scénario est travaillé, et on n’essaye plus de faire plaisir aux fans, mais de faire plaisir à tout le monde… Et donc à absolument personne.

Car Resident Evil au format série en 2022, c’est 8 heures certes, mais 8 heures souvent vides, très longues, qui ne racontent pas grand-chose, bourrées de défauts (ce que l’on pardonne dans un film de 1h30 passe moins quand on doit se le farcir 8 heures…), avec deux intrigues peu passionnantes, et qui, en plus de ne jamais savoir à qui elle s’adresse, coche absolument toutes les cases pour être un produit de son époque, à savoir, être bien vu ! Pire que tout, j’aurais eu l’impression d’une série qui pendant 4 épisodes, essaye mais échoue lamentablement, avant de lâcher prise durant les 4 épisodes suivants, comme si tout le monde en avait marre et ne savait plus quoi faire. Le tout premier épisode annonce en fait le désastre, et il n’est pas étonnant de savoir que beaucoup abandonnent après un ou deux épisodes, ou pire, que la série est déjà considérée à l’heure actuelle comme l’une des pires adaptations de jeu… Adaptations de Uwe Boll à part, ils sont hors compétition de toute façon. Bon, par où commencer pour vous faire part du désastre intégral ? Des deux temporalités narratives ? Allez, allons-y. Dans un premier temps, nous suivons deux sœurs, qui emménagent avec leur père Albert Wesker dans une nouvelle ville crée par la société Umbrella, une ville nommée New Raccoon City. Nous sommes en 2022. De l’autre côté, nous suivons une seule de ces sœurs, en 2036, alors que le monde est dévasté, envahit de zombies et autres créatures géantes. Mais où pas de soucis, avoir une discussion Skype en extérieur alors que c’est la fin du monde, dans un univers dévasté où on nous annonce qu’il ne reste que 300 millions d’habitants sur Terre, c’est possible. Le monde a beau être en ruine hein, il faut pas foutre en l’air le wifi ! Et d’emblée, tout cela pose un gros souci (outre le fait que le montage soit catastrophique, passant d’une temporalité à l’autre une scène sur deux sur certains épisodes), si bien que j’ai du aller lire des interviews des créateurs de la série, qui annoncent fièrement que la série raconte une nouvelle histoire, non issue des jeux, MAIS que tous les éléments de tous les jeux jusqu’au dernier, Resident Evil Village donc, existent dans cet univers…

Dans ce cas, Umbrella n’a pas été démantelé entre Resident Evil Code Veronica et Resident Evil 4, comme annoncé dans le texte d’ouverture du quatrième jeu ? Raccoon City n’était pas devenu un sujet politique brulant dans le très mauvais jeu Resident Evil 6 ? Albert Wesker n’a-t-il pas été tué, une bonne fois pour toute, dans le final du bancal Resident Evil 5 ? N’a-t-on pas nanarement appris dans le sixième jeu qu’il avait un fils ? Voir donc la société toujours là, recréer une ville portant quasi le même nom, avec un scientifique nommé Albert Wesker qui aurait deux filles ne pose pas un souci dès le départ donc ? Mais non, ne vous inquiétez pas, les réponses arriveront dans l’épisode 5, ou par là, ne comptez pas sur moi pour relancer la série et vérifier ! Umbrella a été recréé par Evelyn, la fille du créateur Marcus (ne me demandez pas comment on peut faire confiance à une telle société après le fiasco de Raccoon City), la fameuse ville et ce qui s’y est passé est toujours secret (une explosion atomique, tout le monde sait que ça ne se voit pas de loin), Albert Wesker avait fait pleins de clones de lui, qui vieillissent vite, et pour survivre, l’un d’eux, génie, a créé deux filles pour qu’il puisse se servir de leur sang comme médicament. Ah ça, on n’est en fait pas bien loin du côté nanar des films de Paul WS Anderson, la générosité, le rythme et la débilité en moins. Quoi que pour la débilité, plus l’histoire avance, plus ça se pose là. En tout cas, les nombreuses références aux jeux semblent plus être là juste histoire de, un peu à la manière d’Anderson. On prend un terme, un monstre, on cite un perso, on le case un peu n’importe où dans le scénario, et voilà, Resident Evil. De toute façon, il faut déjà réussir à rester éveillé jusqu’à ses révélations.

Je pourrais vous dire que la série s’adresse alors aux cinéphiles, mais non, car cinématographiquement, c’est plus souvent le néant ! Ou aux fans de zombies, mais bon, vu qu’on les voit peu, que les maquillages sont peu convaincants (des zombies devenus sourds et aveugles après 15 ans dans la nature, mais dont le look ressemble à un clochard qui aurait trébuché dans du sable, franchement…), et ne parlons pas des créatures en CGI très discutable ! Non, Resident Evil chez Netflix n’a semble-t-il été fait que pour surfer sur une marque (la saga de jeux vidéo donc), sur une mode (les remakes/adaptations), et cocher toutes les cases de la bienpensance actuelle. Car une adaptation qui prend des libertés, pourquoi pas, je rappelle que Shining de Kubrick est un de mes films préférés. Mais encore faut-il que, trahison ou non, le produit soit au final bon. Mais ici, l’équipe semble plus préoccupée à cocher des cases qu’à livrer une histoire unique et palpitante. On aura donc les moments qui se permettent une musique dont les paroles rappellent aux spectateurs débile et con que nous sommes ce qu’il se passe à l’écran (car 2022), une intrigue dans le présent qui ressemble à un vulgaire drama pour adolescent (car ce public adore Netflix et enchaîne les séries dessus), l’élément déclencheur car « il faut protéger les animaux », un PDG qui est une femme, et qui est en plus lesbienne (non pas que ça me dérange, mais en quoi est-ce utile, sinon juste pour foutre cet élément dans le scénario ?). Bon j’arrête là avant de m’énerver tant raconter une bonne histoire et défendre un point de vue n’est plus une priorité pour les studios…

Car pour ce qui est de raconter une histoire, Resident Evil coule. Il en a deux, et elles sont inintéressantes au possible, avec un rythme lent peu passionnant, et des raccourcis scénaristiques tellement débiles que même pour le troll, ça n’a pas de sens. Les deux sœurs qui veulent s’infiltrer chez Umbrella alors qu’il y a des caméras et une sécurité vocale pour rentrer ? Pas de soucis, on vole le téléphone de papa Wesker car tout le monde enregistre sur son téléphone une phrase se présentant à l’oral, et les caméras, il suffira de l’aveugler à l’entrée et pas grave pour l’intérieur du bâtiment, il n’y avait sans doute plus de budget pour en mettre plus d’une… Donc Umbrella, société milliardaire faisant des recherches illégales n’a pour sécurité que quelques caméras, aucun garde… Et tout ça, ça énerve, car le spectateur, il se sent clairement pris pour un con par le studio et les scénaristes. Et le pire, c’est que tout ça, ce n’est que l’épisode 1. Si l’on voulait continuer, on pourrait parler par exemple de ce magnifique saut de l’ange de facile 25 mètres de haut mais pas de soucis dans l’épisode 2, l’héroïne de toute façon est trop forte, elle saute de haut et survit, elle tombe à côté des zombies mais ils attendent qu’elle se relève pour attaquer, et surtout l’attaquent un par un alors que dans le plan précédent ils étaient au taquet. Et plus ça avance, plus ça empire, notre héroine survit à tout, même aux balles, aux zombies par centaines, à des monstres mutants qui courent très vite en plan large mais la magie du plan subjectif les fait ralentir pour lui permettre de fuir… C’est ainsi que malgré toute la bonne volonté du monde, des pauses, j’ai dû en faire… après l’épisode 1, puis le 3, puis le 5, avant d’enchaîner la fin Pas pour faire durer le plaisir, mais car à chaque fois, je me disais qu’il fallait arrêter le carnage ici.

Quand rien ne va, que ce n’est jamais intéressant, que le scénario doit avoir recours à des débilités ou des incohérences pour pouvoir avancer, très lentement, que le montage est carrément aux fraises, en passant parfois une scène sur deux d’une temporalité à l’autre, rien à faire, on est dépité. Le pire, pour un produit se voulant horrifique, est que l’ensemble est trop aseptisé, trop clean. Alors oui, on a de temps à autres un furtif plan gore, mais moi, je baille. Et ce n’est pas me mettre dans l’épisode 4 un culte religieux en France (car c’est bien connu, c’est en France que l’on trouve le plus de sectes chrétiennes) avec un homme cagoulé avec une tronçonneuse qui me fera sauter de joie… Les laboratoires sont tout en blanc, les lieux dévastés survolés ou filmés de nuit, les zombies ne représentent jamais une réelle menace, le gore est quasiment absent, et les rares créatures présentes sont… elles sont là quoi. Des lickers (pas trop mal faits), une araignée géante, une larve géante (fluo…), un crocodile géant filmé en plein jour. Mais le pire, comme je le disais en introduction, c’est qu’on a l’impression que sur la fin, toute l’équipe en a marre et lâche prise, à coups de twists débiles (les clones), de super pouvoirs, de « comme par hasard », voir de moments franchement honteux (pauvre Evelyn… je ne spoilerais pas mais bon, j’ai du détourner le regard tant le respect est mort). On pensait que les studios apprendraient de leurs erreurs, mais finalement, non. Le pire étant que malgré le mauvais accueil, il faut voir la chose pour se faire un avis, et que du coup, Netflix rafle des vues quoi qu’il arrive, en remplissant son catalogue d’un titre inepte de plus. Au moins, vu l’accueil désastreux, on échappera à une saison 2. Qui même si elle arrivait, serait là un flop monumental.

Les plus

A de rares moments, on peut y croire…
… Non je déconne

Les moins

Un scénario le plus souvent débile
Le spectateur est pris pour un débile profond
Les allusions aux jeux balancées au pif
Des CGI bien mauvais
Un montage le plus souvent désastreux
Plus ça avance, plus on est gêné devant le spectacle
Ce cahier de charge de la bien-pensance made in 2022 : fuck you

En bref : Merci Netflix, au revoir Netflix.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Sometimes, we want to believe…
♥ … Nah, just kidding!
⊗ The script is often ridiculous and stupid
⊗ The show thinks the audiences are morons
⊗ Some allusions to the games randomly added in the script
⊗ Some really bad CG
⊗ The editing is often catastrophic
⊗ The more the story evolves, the more ashamed we become
⊗ The specifications to please everyone in 2022: fuck you!
Thanks Netflix, bye Netflix.

4 réflexions sur « RESIDENT EVIL de Rachel Goldberg, Bronwen Hughes, Rob Seidenglanz et Batan Silva (2022) »

  1. ahahah ! Au moins tu t’es défoulé dans ta chronique ^^ Et tu as raison concernant les films en CGI, finalement c’est peut-être ce qui a été fait de mieux – je trouve le tout premier film d’Anderson sympatoche aussi, si on se dit qu’il n’appartient pas à l’univers Resident Evil…

    Concernant les pontes de Netflix, plus occupés à vérifier que toutes les cases de la bienpensance sont cochées plutôt que de s’atteler à créer une belle œuvre ciné/télé, eh bien qu’ils aillent au diable !

    1. La « défoulance » de plus en plus présente plus le texte avance (car les deux premiers paragraphes, écrit au départ avant de finir la série, car je voulais vraiment arrêter totalement après trois épisodes).
      Bon tu n’as pas encore vu le dernier film de l’année dernière, mais honnêtement, à part pour Leon raté, je l’ai pas trouvé si catastrophique. Et le premier Anderson ouais se regarde comme une petite série B trop propre mais pas dégueu, même si j’ai mis 15 ans avant de le dire…

      Netflix moi je vais abandonner à force, surtout que depuis, j’ai vu THE GRAY MAN (sympa sans plus) et INTERCEPTOR (divertissant et nul haha).

      1. Netflix, j’ai l’impression qu’ils acceptent tout et n’importe quoi, en se disant que dans le lot, y’aura bien 2 ou 3 trucs de réussis, dont tout le monde parlera…

        Je me réabonnerai début septembre normalement, pour la nouvelle saison de COBRAI KAI – et franchement, ça c’est génial.

        1. Ben y a bien quelques bons trucs, mais souvent, des trucs rachetés qu’ils n’ont au final pas produit et juste rajouté le petit N rouge avant (oui, encore une fois, je leur en veut de m’empêcher d’avoir l’intégrale KENSHIN en Blu-Ray !). Je me souviens l’année dernière du sympa (et Coréen) SPACE SWEEPERS, mais pareil, racheté par eux car pas mal de cinéma fermés et ils ont en profité à fond…
          Puis bon, c’est juste fatiguant en fait quand tu es cinéphile et curieux, de te dire que pour voir ce qui t’intéresse, il te faudrait limite 5 ou 6 abonnements différents… Quoi que j’ai entendu dire que Paramount + sortait après un délai leurs films en physique, et ça arrive aussi pour Hulu. Mais Netflix et Disney +, hyper rare.

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