THE LAST 10 YEARS (余命10年) de Fujii Michihito (2022)

THE LAST 10 YEARS

Titre Original : Yomeu 10 Nen – 余命10年
2022 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h04
Réalisation : Fujii Michihito
Musique : Radwimps
Scénario : Okada Yoshikazu et Watanabe Mako d’après le roman de Kosaka Ruka

Avec Komatsu Nana, Sakaguchi Kentarô, Yamada Yûki, Nao, Iguchi Satoru, Kuroki Haru, Tanaka Tetsushi, Hara Hideoko et Lily Franky

Synopsis : Takabayashi Matsuri, 20 ans, apprend qu’elle n’a plus que 10 ans à vivre grand max, la faute à une maladie incurable. Après deux années à l’hôpital, Matsuri sort finalement et décide de ne pas se lamenter sur sa condition, et de ne pas tomber amoureuse. Elle se rend alors à une réunion d’anciens élèves.

Parfois c’est comme ça, on est d’humeur à se lancer dans un film qui sent bon la bonne humeur, quitte à avoir envie de se tirer une balle à la fin. The Last 10 Years, produit par Warner Japon, c’est en premier lieu l’adaptation du roman du même nom signé Kosaka Ruka, publié en 2007. Un livre en parti autobiographique donc, puisque l’auteure souffrait d’une maladie incurable, et nous quitta d’ailleurs en 2017. Basiquement donc, le métrage de Fujii Michihito va nous parler des 10 dernières années de son personnage principal Takabayashi Matsuri, de sa sortie de l’hôpital après un assez long séjour, jusqu’à ses derniers moments, et l’écriture d’un livre, histoire de boucler la boucle. Ses relations familiales, ses quelques moments de joie, ses moments de doutes, ses visites fréquentes à l’hôpital pour suivre l’évolution de sa maladie, et sa relation plus ou moins conflictuelle avec Manabe Kazuto, un ancien camarade de classe qu’elle va retrouver après un diner d’anciens élèves, avec qui elle va se rapprocher tout en tentant de garder ses distances autant que possible. The Last 10 Years, c’est donc le film qui dès le départ place une épée de Damoclès au-dessus de son personnage principal, et dont l’issue est inévitable. Et donc, un film dont les quelques moments joyeux paraîtront amers, et un film qui ne laisse clairement pas indifférent dés lors que l’on fera l’effort de s’identifier au personnage principal, ce qui n’est pas difficile en soit ! Comment réagiriez-vous s’il ne vous restait que 10 ans ? En sachant que tout ce que vous pourriez faire pendant ce laps de temps à la fois si court pour profiter et si long pour laisser une empreinte, serait vain ?

Avoir l’annonce terrible alors que l’on n’a que 20 ans, que nos études ne sont même pas terminées, que l’on n’est même pas encore entré dans la vie active, qu’il reste tant à bâtir, à un âge où l’on n’a pas encore la maturité de prendre les bonnes décisions, d’avoir du recul, où l’on n’aura même pas la possibilité de s’épanouir, au niveau social, professionnel, sentimental, familial. C’est assez terrible en y pensant. Encore pire que de partir en silence sans savoir pourquoi, du jour au lendemain, le simple fait de savoir que ce jour est inévitable et approche à grands pas, comment le vivre, comment le surmonter ? Heureusement, le film a une approche loin d’être niaise, et surtout, le film a su trouver l’actrice qu’il fallait pour un rôle assez compliqué. C’est donc la jeune Komatsu Nana qui s’y colle, elle qui fut découverte dans un rôle déjà pas simple dans The World of Kanako (disponible en France chez Spectrum Films au format physique, assez rare pour le souligner aujourd’hui), et que l’on a pu apercevoir par la suite dans It Comes, mais aussi Destruction Babies ou After the Rain. Une actrice motivée et investie, que l’on apprécie les films ou pas. Elle donne encore une fois tout ce qu’elle a ici dans le rôle, pas si simple, et elle passera une belle portion de la durée (2h04) les larmes aux yeux et la morve au nez. Sans pour autant en faire trop. Elle a la chance d’être entourée d’ailleurs d’un casting plutôt solide, et on pourra signaler que son camarade de classe Manabe Kazuto, avec qui elle se liera d’amitié et plus, est joué par Sakaguchi Kentaro, qui était sans doute le seul acteur à véritablement sauver dans The Masked Ward (ou Mask Ward) en 2020, et qui montre ici donc qu’il a bel et bien du talent. Ce qu’il prouvera encore fin 2022 avec Hell Dogs. Autour d’eux gravitent d’autres personnages, parfois interprétés par des pointures, et qui donnent un peu plus de substance et de crédibilité à l’ensemble. On citera particulièrement Kuroki Haru (It Comes, Noise), Hara Hideko (Suicide Forest Village, Nekonade) et Matsushige Yutaka (la trilogie Outrage, Real, Adrift in Tokyo et tant d’autres) pour la famille de notre héroïne en sursis.

Et la présence toujours appréciable de Lily Franky en propriétaire de restaurant. Cerise sur la gateau, la mise en scène de Fujii Michihito évite de foncer tête baisée dans la mièvrerie et rend l’ensemble dramatique et très plaisant, et ça me donne quelque peu envie d’explorer le reste de sa carrière. Ce n’est pas parfait, mais doux, sachant quand il faut être distant, et quand il faut être intime envers les personnages. Et au bout du compte, même si l’issue est inévitable, on se prend au jeu, on s’attache à cette jeune Matsuri, profitant de choses simples (comme filmer les fleurs de cerisiers, puis le mariage de sa sœur, deux moments au final simples), et refusant de s’attacher sentimentalement, pour ne pas souffrir plus que nécessaire, et ne pas faire souffrir les autres en retour. Ce qui est, bien évidemment, impossible. Et le métrage trouve sa force dans cet équilibre, et sera même capable de faire verser une larme aux plus endurcis (non, je me suis retenu !). C’est parfois simple, parfois beau, parfois triste, mais ça ne change en rien ce qui arrivera au bout de ces 10 années. Doux, amer, le film touche au but, et si on pourra lui reprocher sa simplicité (bien que parfois cela soit une qualité), le métrage demeure une bonne surprise, même si après coup, on a envie d’enchainer sur un film déjà un peu plus léger, ou joyeux en tout cas.

Les plus

Une histoire vraie
Un casting excellent
Un film parfois dur et touchant
Des moments aussi très doux et simples

Les moins

La relative simplicité de l’ensemble ne plaira pas à tout le monde

En bref : Comment gérer les dernières années de sa vie, lorsque l’on est encore jeune, que l’on n’a rien accomplit et que l’on sait que la fin est proche ? The Last 10 Years, d’après un roman en parti autobiographique, c’est ça, un métrage alternant des moments doux et d’autres moments dramatiques, le tout toujours avec un ton amer quand on garde en tête la finalité inéluctable.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A true story
♥ An excellent cast
♥ A movie that knows how to be hard and touching
♥ So very simple and soft moments too
⊗ The simplicity of the film will not please everyone
How to handle the last years of your life, when you’re still young, when you didn’t accomplished anything yet and the end is near? The Last 10 Years, based on a novel and a true story, deals with that. A film with soft moments, and then hard moments, with a bitter tone when you keep in mind the end of the journey…

2 réflexions sur « THE LAST 10 YEARS (余命10年) de Fujii Michihito (2022) »

  1. Si tu veux enchaîner sur un film plus joyeux et également inspiré d’une histoire vraie, je recommande « la Famille Asada » (Asada-ke!), sorti il y a deux ans au Japon et seulement maintenant chez nous. Pas un grand film, mais plaisant et pas si cliché.

    1. Je viens justement de lire ton article, qui m’a donné envie malgré mes réserves initiales. Ca me semble en effet bien plus joyeux sur pas mal de points, et c’est parfait, il faut varier les plaisirs comme on dit.
      Et deux ans de retard pour un film Japonais, c’est rien, normalement c’est 10 ans sauf pour les films présentés en festival (quoi que, j’ai souvenir de Miike présentés en festival il y a 10 ans et toujours inédits, donc en fait je retire ce que je viens de dire).

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