IT’S IN THE WOODS (それ”がいる森) de Nakata Hideo (2022)

IT’S IN THE WOODS

Titre Original : Sore ga Iru Mori – それ”がいる森
2022 – Japon
Genre : Nakata, franchement
Durée : 1h47
Réalisation : Nakata Hideo
Musique : Sakamoto Hidekazu
Scénario : Brasilie Ann Yamada et Oishi Tetsuya

Avec Aiba Masaki, Matsumoto Honoka, Eguchi Noriko, Uehara Kenshin, Kohinata Fumiyo, Mashima Hidekazu, Nomaguchi Toru et Uno Shohei

Synopsis : 28 ans, Tanaka Junichi s’occupe d’un business familial dans une petite ville aux pieds des montagnes. Un jour, il va devoir s’occuper de son fils de 10 ans, Kazuya, alors qu’il vivait jusque là avec sa mère à Tokyo. Des événements étranges commencent à se produire dans la forêt autour du village, et une présence se fait sentir.

Nakata, que t’est-il arrivé ? Comment en à peine 25 ans tu es passé de Ringu à Sore ga Iru Mori ? Non mais j’aimerais comprendre. On sait depuis le temps que souvent, les réalisateurs qui ont une longue carrière terminent par des films décevants voir discutables, mais toi, tu as commencé au début des années 90, et ta carrière a bien du mal à être crédible depuis facile 2005. Tu auras livré Ringu et Dark Water, deux des films les plus influents de la vague de J-Horror de la fin des années 90 et début 2000. Et depuis quelques années, si l’on fait exception de quelques sursauts pas mémorables mais sympathiques, à l’image de The Complex (2013 déjà) et Ghost Theater (2015 déjà), tu ne sembles plus qu’intéressé par filmer Asuka Rin nue sous tous les angles dans les sympathiques White Lily puis The Woman Who Keeps a Murderer. Mais dès que tu retournes à l’horreur, c’est souvent catastrophique. Ton retour à Ringu justement avec Sadako en 2019, tu réussissais l’exploit de faire pire que les deux Sadako 3D. Je n’ai pas encore jeté un œil à ton Stigmatized Properties de 2020, mais ce que j’en ai entendu n’était pas très flatteur non plus. Et là débarque, sortant de nulle part, un It’s in the Woods, daté de 2022. Oui, tu es sacrément productif depuis quelques années, bien plus qu’à tes débuts, mais la qualité elle, on la cherche. Et ce n’est pas avec Sore ga Iru Mori qu’on la retrouve, loin de là, même si dans le cas présent, tu flirtes tellement par moment avec le nanar que certaines séquences pourront faire rire et donc faire relativiser la qualité générale du film. Déjà un point de plus si on le compare à Sadako donc. Mais dès ta scène d’ouverture, avec créature inconnue en forêt présentée via une vue subjective avec filtre de couleur (oui ça se fait encore en 2022) et actrice criant de toute ses forces filmées en gros plan, on sait que l’on n’est pas face à un grand film, et que la crédibilité générale risque d’être mise à mal !

Ce qui sera le cas, même si la première partie du récit prend des chemins archi classiques, avec père préoccupé par son travail, le fils qui se rend dans une nouvelle école bien éloignée de Tokyo, qui va directement se faire quelques ennemis dans sa classe, et se trouver un ami avec qui il va traîner dans les bois. Classiques oui, mais fonctionnels, on a vu pire ailleurs, et si ça ne déborde pas d’originalité, ça se suit plutôt bien. Dans un premier temps. Car on comprend bien vite que Nakata s’engouffre dans un récit très premier degré que le spectateur aura tout le mal du monde à prendre au sérieux. En résulte quelques acteurs aux réactions soit trop grande, soit justement beaucoup trop calmes vu les situations. Moi en forêt quand je dois courir pour ma vie, je ne trottine pas ! Quand une créature étrange débarque devant moi, je ne pousse pas un petit cri d’effroi avant de regarder calmement la scène se dérouler devant mes yeux. Mais là est un détail. Durant la première heure, tant que Nakata ne se décide pas à filmer frontalement sa menace, on pourrait presque se dire que l’on est face à une série B sans grande prétention, mais néanmoins correcte, même si l’on a vu bien plus palpitant ailleurs. Quelques jumpscares, un petit effet sanglant avec une décapitation par-là, c’est carré, peu engageant certes, mais pas honteux pour autant. Pas toujours palpitant encore une fois car tout cela se prend beaucoup trop au sérieux, mais pas déshonorant. Sauf que Nakata n’a plus la subtilité qu’il avait autrefois, et ce manque de subtilité va exploser à l’écran lors de la deuxième heure du métrage pour le faire définitivement sombrer dans le nanar qui pourra déclencher des rires nerveux.

En fait, dès lors que Nakata révèle ses créatures face à la caméra, il anéantit son film. De par leur design déjà, qui semble nous ramener 30 ou 40 ans en arrière vers ses petits films de SF fauchés avec cascadeurs portant des tenues en caoutchouc peu crédibles, ou vers des séries comme X-Files. Mais aussi par la manière de les filmer, souvent frontalement, en plans larges pour nous laisser admirer leur démarche lourde et maladroite. On aurait presque envie d’y croire l’espace d’un instant, lorsque les créatures vont alors couper le courant de toute la ville, plongeant les habitants dans l’obscurité la plus totale. Un retour à la suggestion, ou au suspense. On l’espère, mais il n’en sera rien, Nakata remplace tout ça par des attaques peu crédibles et quelques effets sanglants, ce qui ne suffit pas. Le rire lui est bien présent, quand nous verrons les créatures du film marcher lentement dans la cour de l’école, avant que le montage ne se décide à en accélérer un pour le rendre menaçant, dans un effet artificiel des plus ratés. Nakata a-t-il voulu faire un film effrayant ? Dans ce cas c’est raté ! Ou alors a-t-il voulu rendre hommage à ses métrages kitchs d’il y a des années, en faisant du kitch ? Dur d’y croire tant l’ensemble se prend beaucoup trop au sérieux, du début à la fin. Mais plus l’ensemble sombre dans le ridicule dans sa dernière partie, plus les rires moqueurs se multiplient. Involontairement, Nakata aura donc réussi ça. On pourra aussi avoir une pensée émue pour tous ces acteurs enfants débutant dans un tel film !

Les plus

Il faut avouer, sur la fin, on rigole, beaucoup
Quelques tentatives dans la première partie

Les moins

Ultra kitch
Souvent ridicule
Le design des créatures
Beaucoup trop premier degré

En bref : Nakata avait livré un spectacle soporifique et raté avec Sadako en 2019. En 2022 avec It’s in the Woods, il livre un métrage kitch et parfois embarrassant, se prenant toujours au sérieux, et pouvant délivrer quelques rires nerveux.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ You have to admit, sometimes it’s so damn funny
♥ The first part tries its best
⊗ So kitch
⊗ So ridiculous
⊗ The design of the creatures
⊗ The film takes itself way too seriously
Nataka delivered a boring and just bad Sadako in 2019. In 2022, with It’s in the Woods, he delivered an embarrassing movie, ridiculous, but trying to be so serious. You have to see it to believe it.

3 réflexions sur « IT’S IN THE WOODS (それ”がいる森) de Nakata Hideo (2022) »

  1. Un nanar ! Tu as raison, finalement on se marre bien, je le conseillerais presque ce film, ahahah !
    Je vois que tu as snipé les deux bons acteurs du film en capture, qu’on ne voit pourtant que 2/3 minutes chacun : Uno Shohei et Kohinata !

    1. Je n’irais pas jusqu’à le conseiller, mais j’admet avoir montrer des bouts à un pote, qui a bien ri, avant que je ne lui dise « c’est le dernier film de Nakata », et là il était beaucoup moins amusé haha.

      Shohei oui, j’étais obligé, et très surpris de le voir là, puis il a quitté le film aussi vite qu’il est arrivé !

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