MISSING (さがす) de Katayama Shinzo (2021)

MISSING
Titre Original : Sagasu – さがす
2021 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 2h04
Réalisation : Katayama Shinzo
Musique : Takai Hiyoko
Scénario : Katayama Shinzo, Kotera Kazuhisa et Takada Ryô
Avec Satô Jirô, Itô Aoi, Shimizu Hiroya, Morita Misato, Ishii Shotaro, Matsuoka Izumi, Narushima Tôko, Shinagawa Tôru, Naito Masaki et Nakamaru Shion

Synopsis : Déprimé et endetté, Satoshi, alors qu’il est sauvé par sa famille après avoir été arrêté pour vol, lui annonce qu’il a vu le matin même un tueur en série recherché pour 3 millions de yens. Mais le lendemain, Satoshi n’est plus là. Sa fille, Kaede, se met à sa recherche.

Le réalisateur Katayama Shinzo avait fait ses débuts derrière la caméra en 2018 en signant Siblings of the Cape, un métrage à la plutôt bonne réputation. Avec son second long métrage, Missing, il se lance dans un genre bien connu, voire peut-être un peu trop, et ce qui pourrait aux premiers abords paraître comme des emprunts ou des influences, et bien en fouillant un peu, on comprend que c’est une tout autre histoire. Missing en tout cas, dés le départ, nous plonge en terrain connu. Une fille qui part à la recherche de son père, qui disparaît du jour au lendemain. Puisqu’il était endetté, la police ne bouge pas le petit doigt. Mais alors qu’elle fouine toujours plus, Kaede de son petit nom se rappelle que son père lui avait dit avoir vu le matin de sa disparition un célèbre tueur en série actuellement recherché. Y-a-t-il un lien ? Lorsqu’en poursuivant ses recherches, la jeune femme tombe sur un homme étrange qui semble peu recommandable et se fait appeler par le même nom que son père, elle doute de plus en plus, et veut la vérité. Avec ce simple résumé, finalement d’ailleurs à la fois tout à fait vrai, mais totalement trompeur, Missing annonce la couleur en voulant partir dans la direction du thriller à base de tueur en série, le tout avec une grosse part de social dans tout ça. Le cinéma de Bong Joon-ho ne serait dans le fond pas très loin. Et ce n’est pas anodin, puisqu’en réalité, le réalisateur aura bel et bien été l’assistant de Bong Joon-Ho, sur Mother en 2009 (et par la suite, assistant sur la série The Naked Director, il y a pire hein comme CV). Son parcours en réalité se reflète dans son Missing. Une dimension sociale, un thriller qui prend son temps mais sait se montrer très violent par moment, une ambiance froide qui ne respire pas du tout la joie de vivre, et un récit découpé en trois parties qui n’hésite pas à littéralement changer de point de vue, non pas pour rendre le tout confus, mais pour redistribuer les cartes au fur et à mesure.

Ce qui commence comme un thriller ultra classique avec Kaede cherchant son père, puis sur les traces d’un tueur en série vire très rapidement à un contenu plus dérangeant, plus réaliste, plus social et humain également. Il est difficile d’en dire plus sans révéler les surprises du scénario, plutôt convaincant, même si par moment, on a le sentiment que le film en fait un poil trop, qu’il ne sait pas quand s’arrêter, et d’ailleurs oui, le film dépasse de peu les deux heures. Ce qui n’est en général aucunement un souci lorsque le propos est là et mérite une telle durée, mais comme là nous plongeons avec les personnages dans l’inconnu, mais surtout dans un récit sombre et nihiliste, c’est une véritable descente aux enfers qui ne s’adresse pas à tous. De par son ton, noir de chez noir, mais aussi de par son rythme, posé, voire parfois lent. En se permettant au fur et à mesure des minutes de dévoiler la psychologie insoupçonnée de certains personnages, le film évite le manichéisme habituel de pas mal de films du genre, mais n’hésite pas une certaine redondance, à force d’accumuler les petits éléments chocs et de toujours en rajouter une couche. On dirait que je n’ai pas apprécié ce Missing. Pourtant détrompez-vous, je l’ai apprécié, par moment même beaucoup apprécié. Car le réalisateur sait ce qu’il fait, dés sa scène d’ouverture qui pourrait bien symboliser tout le film, en nous trompant via l’image de Kaede, courant dans les rues, comme si elle était en danger, alors qu’en réalité, elle court au secours de son propre père. Tout n’est que tromperie, avec une bonne dose de meurtres par-dessus le tout, un peu d’immoralité, l’arrivée de nouveaux personnages et donc acteurs (dont une Morita Misao méconnaissable).

Techniquement, c’est très solide. Scénaristiquement, ça a des choses dire, et ça ose pas mal de choses qui sont clairement bienvenues. Le montage est fluide même si le rythme ne plaira pas à tout le monde. Les acteurs sont pour la plupart excellents, et très investis dans des rôles pas toujours simples. La photographie est agréable sans jamais devenir tape-à-l’œil. La violence tant attendue dans le genre tarde à arriver mais finalement parvient à avoir ce petit effet wow bienvenue, comme si le spectateur était pris par surprise. Son choix de narration, à la fois non linéaire et changeant parfois de point de vue, est agréable. A la fois une force, mais comme énoncé donc, sa plus grande faiblesse, tant au bout d’un moment, le procédé semble forcé, et du coup dans un sens, sur la durée, Missing peut devenir épuisant. Pourtant, il se rattrape lors de son final, à la fois glaçant de par son utilisation d’une violence sèche, mais aussi glaçant via ce que le scénario nous offre comme conclusion, de par la direction voulue par le réalisateur, bien plus intéressé au final par la psychologie de ses personnages et le résultat des actes du film sur cette psychologie, plutôt que par le côté serial killer en lui-même, finalement longtemps assez secondaire dans le récit. Ces dernières minutes, elles sont surprenantes, glaçantes, et finalement bienvenues pour nous faire quelque peu oublier les errances précédentes. Missing est bon, aucun souci là-dessus, mais va en surprendre autant positivement que négativement.

Les plus

Un métrage surprenant
Un thriller violent dans son propos
Le côté social
Des choix osés
Le final

Les moins

Parfois ça en fait trop, ça semble forcé
La narration pourra déplaire à certains

En bref : Missing en fait certes par moment un peu trop, en rajoutant toujours une couche, mais il demeure un thriller lorgnant vers le social qui sait surprendre, en plus d’être très soigné dans son emballage technique.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A surprising film and story
♥ A violent thriller in its themes
♥ It’s a highly social film
♥ Some risky choices
♥ The finale
⊗ At times, it tries too hard
⊗ Some won’t like how the story is told
Missing tries sometimes too hard, always trying to do more, but it remains a social thriller well made, surprising most of the time, and well made technically.

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