IVANNA de Kimo Stamboel (2022)

IVANNA

Titre Original : Ivanna
2022 – Indonésie
Genre : Horreur
Durée : 1h43
Réalisation : Kimo Stamboel
Musique : Fajar Yuskemal
Scénario : Lele Laila d’après le roman de Risa Saraswati

Avec Caitlin Haderman, Jovarel Callum, Junior Roberts, ShandyWilliam, Sonia Alyssa, Taskya Namya, Yayu A.W. Unru, Rina Hassim et Yatti Surachman

Synopsis : Ambar et Dika viennent de commencer un nouveau chapitre de leur vie lorsque la rancune d’une entité malveillante vieille de plusieurs années se déroule sous leurs yeux. Avec un cadeau qu’elle a involontairement, Ambar est maintenant obligée de terminer la vengeance de l’entité, un esprit hollandais sans tête, Ivanna…

Bien que n’ayant pas la même visibilité que son ami Timo Tjahjanto, qui livre des films à un rythme fou sur Netflix (The Night Comes for Us, May the Devil Take You, The Big 4), Kimo Stamboel poursuit depuis 2016 son petit bonhomme de chemin en solo. En attirant parfois les curieux lorsqu’il adapte un jeu vidéo (Dreadout), en faisant plaisir aux fans lorsqu’il actualise un film culte des années 80 (The Queen of Black Magic), mais sans avoir le même engouement auprès du public. Est-ce si grave ? Dans le fond, pas du tout. En 2022 en tout cas, il a décidé de passer la seconde, puisqu’après la sortie en Septembre de Jailangkung Sandekala (considéré par certains comme le troisième opus de la saga Jailangkung, mais vu l’écart de qualité entre le film et les quelques minutes du premier métrage, on le considérera comme un film à part), voilà que débarque déjà en Décembre 2022 son nouveau film, Ivanna. Et depuis, une série en Février 2023, Blood Curse, à très bonne réputation, rien que ça. Ah l’Asie, ce n’est pas comme en France, on ne chôme pas et on les enchaîne les films. Et Ivanna, et bien c’était un peu comme Dreadout ou Jailangkung Sandekala justement. Le genre de métrage un peu bancal, mais qui a malgré tout très rapidement notre capital sympathie, et qui parfois, sans prévenir, se réveille pour aller dans une violence graphique qui fait mal, et marque. Mais là où le précédent opus de Stamboel attendait sa dernière demi-heure pour se lâcher, dans Ivanna, c’est presque l’opposé. La scène d’ouverture, et ce dès son premier plan, est là pour nous rassurer, avec quelques headshots à bout portant en période de guerre pour placer le contexte de son histoire, avant de reprendre bien des années plus tard en introduisant les personnages principaux, et en particulier Ambar, jeune fille à la vue très limitée, quasi aveugle en réalité à ce stade, elle ne distingue que des formes.

Et comme toujours avec le réalisateur, Ambar se rend avec sa famille dans une petite maison, forcément isolée, avec ce que cela implique d’entité malfaisante qui va s’en prendre à la famille, de scènes sanglantes, de coupures de courant en pleine nuit, j’en passe et des meilleures. Rien de franchement nouveau, ni dans le genre, ni dans la filmographie du réalisateur, mais toujours ce savoir-faire et cette générosité bis qui fait plaisir aux fans. Deux éléments que l’on ne pourra jamais reprocher au réalisateur. Même si à force de toujours confronter une famille à des éléments surnaturels dans une maison isolée, la lassitude pourrait survenir à l’avenir. Surtout que Stamboel, comme son compère Tjahjanto, il travaille un peu en famille, avec des têtes bien connues devant la caméra. Caitlin Halderman par exemple joue Ambar, et était déjà le rôle principal dans Dreadout, et dans les seconds rôles, même cas de figure, on reconnait facilement quelques têtes, comme Yayu Unru (Headshot, The Queen of Black Magic, et même la série The Last of Us). Mais comme toujours, Ivanna n’a pas la prétention d’être plus qu’un petit divertissement horrifique qui fera sursauter quelques fois, et surprendra parfois par ses élans horrifiques et violents, et du coup, peut-on lui en vouloir ? Surtout que les mécaniques utilisées dans Ivanna sont plutôt bien huilées, si bien que l’on regretterait parfois que le film n’aille pas un poil plus loin dans ce qu’il nous montre. La vengeance d’un esprit des années après sa mort n’est pas nouveau, mais le contexte, à la fois de sa mort, et sa condition physique (un corps sans tête) aurait clairement pu amener bien plus sur la table, plus de surprises, plus d’originalité. Pour autant, Ivanna est si bien huilé justement que l’amateur ne lui en tiendra par rigueur.

Ce qui pourrait par contre déjà un peu plus fâcher étonnement, c’est qu’avec sa durée un poil plus longue que les autres films du réalisateur (presque 1h45), Ivanna semble prendre un malin plaisir à prendre tout son temps avant de réellement démarrer, alors que les personnages, et donc les possibles victimes ne sont pas si nombreuses. En réalité, ce serait même mon principal reproche. Il est très évident de comprendre là où le film veut nous emmener, mais le film prend malgré tout son temps, prenant au final un bon cinquante minutes avant de réellement débuter les hostilités. Ce n’est jamais ennuyeux, mais réellement juste un peu dommage, surtout qu’à part Ambar, les autres personnages ne sont pas si développés que ça. Il aurait été facile de raccourcir le métrage pour arriver plus vite aux festivités, ou juste de couper pour rallonger la dernière partie du métrage, qui se lâche alors totalement, sans avoir peur du grotesque qui n’est jamais loin par moment avec son cadavre sans tête pourchassant ses futures victimes, mais toujours réjouissant dés lors que le réalisateur se focalise sur les effets, majoritairement faits à l’ancienne, et très réussis. Un petit film d’horreur ? Oui. Un petit Stamboel ? Sans doute. Un mauvais film ? Pas du tout.