LES ENTRAILLES DE L’ENFER (The Beast Within) de Philippe Mora (1982)

LES ENTRAILLES DE L’ENFER

Titre Original : The Beast Within
1982 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h38
Réalisation : Philippe Mora
Musique : Les Baxter
Scénario : Tom Holland

Avec Ronny Cox, Bibi Besch, Paul Clemens, Don Gordon, R.G. Armostrong, Katherine Moffat et L.Q. Jones

Synopsis : La voiture d’un couple tombe en panne sur une route du Mississippi. Le mari part chercher de l’aide. Du marais surgit une étrange créature qui viole la jeune femme. Dix sept ans plus tard, son fils est atteint d’une maladie inconnue. La famille retourne dans le Mississippi pour essayer de comprendre…

Au rayon des bobines oubliées des années 80 ayant un petit statut auprès des fans, je me suis penché aujourd’hui sur The Beast Within, au titre français ridicule et n’ayant rien à voir : Les Entrailles de l’Enfer. Ah ça, ça fait bien série Z. Un film avec une équipe étonnante derrière lui. Tom Holland signe le scénario, avant d’être réalisateur de bobines cultes comme Vampires Vous Avez Dit Vampires ? ou encore Jeu d’Enfant, le premier opus de la saga Chucky. La musique est signée Les Baxter, qui aura énormément bossé pour Roger Corman. Quand au casting, on trouve dans le premier rôle Ronny Cox, inoubliable méchant chez Verhoeven, notamment Robocop et Total Recall. Comment ça j’ai oublié de citer le réalisateur ? Oui, je l’admet, je ne voulais pas vous faire fuir tout de suite. Et à la réalisation donc, on trouve Philippe Mora (ou pas), réalisateur d’origine Française, qui se sera exporté en Amérique au début des années 80, pour signer de la série B pas fameuse. The Beast Within est son premier métrage du genre sur place, mais il signera des œuvres tristement célèbres les années suivantes, avec Hurlements 2 et 3. Non mais revenez, The Beast Within c’est un poil mieux !! Enfin, pas si terrible que ça, mais néanmoins un poil mieux, et un poil plus sérieux ! D’ailleurs ça commence bien, avec un couple qui tombe en panne, et la demoiselle qui se fait violer par une créature étrange et difforme. N’en attendez pas trop, ça reste relativement très sage, mais ça a le don de faire lever un sourcil, et donc d’intriguer pour la suite. La suite justement, parlons en, puisqu’il y a pleins de bonnes intentions sur le papier, et surtout, pleins d’influences, d’horizons divers.

L’intrigue reprend 17 ans plus tard, avec le gamin du couple qui est malade, se met à avoir des rêves étranges, et à changer physiquement. Les parents vont mener l’enquête pour essayer de comprendre, et vraiment savoir ce qu’il s’est passé 17 ans plus tôt. D’un côté donc, nous avons les parents, dans une intrigue dont certains éléments vont penser à du Lovecraft, avec certains noms de personnages, mais aussi cette ville qui semble cacher des secrets, cette famille un peu maudite et mal vue. Du côté du fils, les inspirations se bousculent. On a un peu de film de vampires, vu comment il va se nourrir du sang de ses victimes, un peu d’Amityville 2 et de l’Exorciste pour la manière dont il semble possédé lorsqu’il commet ses actes horribles (enfin, horribles dans les faits, pas à l’écran), et surtout, on aura un peu de Hurlements (tiens tiens) et du Loup-Garou de Londres pour quelques transformations physiques qui arriveront tardivement dans l’aventure. Mais avec un budget et un talent moindre. En tout cas, l’ensemble a été fait avec sérieux. La mise en scène, bien qu’un peu simpliste et sans envergure, n’est pas honteuse, le film essaye d’éviter l’horreur frontale la plupart du temps comme s’il était conscient de ses limites. Le souci, c’est que c’est très rapidement répétitif, et pas forcément ultra passionnant. Du coup, toute la première partie souffre de gros soucis de rythme, et il n’est pas rare que l’on décroche de l’aventure proposée. Malgré un bon casting et une copie technique propre, et des ambitions et inspirations totalement honorables, la sauce a du mal à prendre. On n’est clairement pas face à un gros Z qui tâche, mais une série B mou du genou qui peine à totalement passionner, malgré quelques bons éléments par-ci par-là.

En fait, ce qui réveillera totalement le spectateur, ce sera sa dernière demi-heure, qui ose enfin briser la routine, et qui part dans des effets spéciaux très influencés par Hurlements, ou qui, dans un sens, pourrait presque présager La Mouche de David Cronenberg. Le budget semble limité et certains plans font kitchs, il est vrai, mais d’autres fonctionnent bien et la fameuse scène de transformation, la plus célèbre du film, reste un très bon moment, qui change alors la donne niveau scénario, le film se transformant littéralement en film de monstre, avec les personnages tentant de survivre, et parfois traquant la bête pour s’en débarrasser. Le tout jusqu’à arriver à une scène miroir de l’ouverture, donnant un aspect plutôt sombre au final, et qui semble d’ailleurs en révéler un peu plus, même si la scène reste étonnement ultra courte. La censure de l’époque qui commençait à sévir avec l’essor du slasher ? Possible. En tout cas, cela retire quelque chose au métrage, comme s’il était trop timide pour se démarquer des autres, malgré son approche du genre fantastique qui peut sembler un peu dépassée face au reste de la production. En tout cas, Philippe Mora prouve qu’il a fait mieux que ses deux opus pour la saga Hurlements. Déjà ça.

Les plus

Un récit à l’ancienne
De multiples influences sympathiques
La fin se bouge bien

Les moins

De gros soucis de rythme
Parfois bien trop sage et maladroit

En bref : Philippe Mora touche pour la première fois au cinéma de genre. Peu aidé par un budget que l’on devine très limité, il a néanmoins un scénario sympathique aux multiples influences. Mais l’ensemble est trop lent pour toujours intéresser.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ An old school tale
♥ So many tributes
♥ The finale is good
⊗ The pacing is so bad
⊗ Sometimes so clean, too nice, too afraid to go further
Philippe Mora did a horror film before Howling 2. Not helped with a limited budget, the script had many influences and it helped. But it’s still too slow to totally convince.

3 réflexions sur « LES ENTRAILLES DE L’ENFER (The Beast Within) de Philippe Mora (1982) »

  1. En te lisant, j’ai beaucoup pensé à Cronenberg jusqu’à ce que le nom surgisse enfin dans ton texte. Bon, on est clairement très en-deçà de ce que le Canadien proposait à l’époque, mais il y a quelques éléments de rapprochement. Une production Corman ? (vu que Les Baxter fait la musique).

    1. Si seulement ça avait été du niveau d’un Cronenberg. Ou au moins avec un rythme plus soutenu. Car là vraiment, je ne l’ai pas descendu pour le descendre, mais le rythme fait qu’on a vraiment du mal à se sentir concerné par les événements. D’ailleurs, le nouveau Cronenberg, c’est pour bientôt (une de mes plus grosses attentes du moment, avec le Coppola, malgré les mauvais retours).
      Pas de Corman (RIP) à la production, mais Harvey Bernhard.

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