Titre Original : 涉过愤怒的海
2023 – Chine
Genre : Thriller
Durée : 2h24
Réalisation : Cao Baoping
Musique : –
Scénario : Cao Baoping et Wu Pipi
Avec Bo Huang, Zhou Xun, Zu Feng, Zhang Youhao, Zhou Yiran, Yan Ni, Sun Anke, Yan Bei et Wang Xun
Synopsis : Jin, pêcheur, est informé que sa fille, qui vivait au Japon, a disparue. Il se rend sur place pour la retrouver, mais peu de temps après, le corps de sa fille est retrouvé, morte. Miaomiao, le petit ami de cette dernière, est sa seule piste…
Bien que faisant des heureux, le cinéma Chinois semble se diviser surtout en deux catégories. Les gros films pleins de CGI moches, et les petits films pour le marché du streaming, eux aussi avec pleins de CGI moches. Suis-je mauvaise langue ? Peut-être. Du coup, Across the Furious Sea, se voulant être un polar dur, affichant une pochette aux tons rouge, et bien, ça a attiré mon œil de cinéphile en quête de différence. Est-ce que j’avais raison ? Plutôt, car Across The Furious Sea est une belle découverte. Pas un film parfait, loin de là, et sans doute trop long également, quasi deux heures et demi, mais un film fait avec sérieux, un film noir, un film qui n’hésite pas à bousculer ses personnages, et donc dans un sens, le spectateur. Et ce genre de films en Chine, mine de rien, ça a l’air plutôt rare, surtout ces derniers temps. Across the Furious Sea, dans les grandes lignes, on pourrait presque dire que c’est une version Chinoise de The World of Kanako. Un père un brin violent et égoiste, et vivant du coup loin de son ex-femme qui a refait sa vie ailleurs, et de sa fille, qui disparaît alors qu’elle étudiait au Japon, à Kyoto, et va être retrouvée morte. Le père va donc suivre le peu de pistes qu’il a pour tenter de comprendre ce qui s’est passé, et finalement, pour en apprendre un peu plus sur sa fille, qu’il ne connaissait pas si bien que ça, lui qui restait en Chine, à faire son boulot de pêcheur, et dont les paroles concernant sa fille ne semblent être que des excuses pour se donner bonne conscience. Une petite descente aux enfers dans un sens, un film noir, où aucun personnage n’attire réellement la sympathie, et d’ailleurs, jamais le réalisateur ne tentera de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, même si certaines actions sont facilement compréhensibles.
Jin veut retrouver l’assassin de sa fille et sa seule piste est son petit ami de l’université. Les parents du garçon veulent protéger leur enfant coûte que coûte, en particulier la mère. A côté de ça, la police est effacée, et inefficace (voire peu importe au final pour le récit), que ce soit lors des passages au Japon, ou ceux en Chine. Et au final oui, aucun personnage n’attire véritablement la sympathie, Across the Furious Sea n’a pas pour but de nous émouvoir, de nous mettre de tel ou tel côté, mais juste de nous présenter une histoire sombre, avec des personnages qui ont pour la plupart tous des choses à se reprocher. Et ça fonctionne 90% du temps. Dès l’ouverture, nous faisons la connaissance de Jin, et peu de temps après, nous voilà embarqués avec lui au Japon, rencontrant divers personnages, et il ne faut pas attendre bien longtemps pour que le cadavre de sa fille, poignardée plus d’une dizaine de fois, ne soit retrouvé. Dès cette première demi-heure d’introductions, le ton est donné. C’est sombre, ça se frappe, ça saigne, les personnages ont une morale parfois douteuse, ça ne recule pas devant la violence à l’écran (ni devant les insultes, ni devant un peu de vomi tiens pour la route). Fait plus étonnant, plus l’intrigue avance, plus on croise quelques éléments que l’on ne pensait pas vraiment voir dans un film Chinois, comme des policiers que l’on peut facilement acheter. Sans doute que le film que le métrage se déroule dans deux pays différents a aidé à alléger certaines contraintes habituelles. Tout cela permet à l’intrigue et aux choix du réalisateur d’y aller à fond, de rester logiques et pertinents avec le ton général de l’intrigue. C’est sombre, c’est noir, c’est parfois même bien violent, et malgré le côté parfois limite du personnage principal, on aimerait bien le voir accomplir sa vengeance.
Vengeance qui tardera donc, le métrage durant quasiment deux heures et demi. Le réalisateur, également coscénariste de cette adaptation de roman, se fait alors plaisir et livre, il est vrai, une très belle copie visuellement. Photographie, plans travaillés, idées de montage, même si par moment, notamment au début, ça en fait un peu trop. Mais ça aussi, ça colle finalement avec le ton général assez désespéré du métrage, et avec le ressenti du personnage principal, prêt à faire beaucoup de choses pour accomplir sa vengeance. C’est prenant, bien rythmé. Mais comme je le disais plus tôt, ça fonctionne oui, mais seulement 90% du temps, puisqu’en plus de quelques rares petites longueurs, le film veut parfois en faire un poil trop, et lorsque c’est le cas, il devient alors clairement bien moins crédible. Lors d’une scène de poursuite en voiture par exemple, déchainer la nature à l’extérieur avec de la pluie était suffisant pour poser le ton, mais non, le film se doit de mettre au loin une tornade, tentant alors de justifier une pluie de poissons durant la scène. Utile ? Non. Crédible ? Non plus, pas vraiment. Ce n’est pourtant pas trop mal fait, mais ça en fait trop de manière peu utile, et même finalement pas si impressionnante que ça. Quand le film se veut plus terre à terre, là oui, ça fonctionne parfaitement. Ça n’en fait pas un mauvais film, qui d’ailleurs a trouvé son public (bon score au box-office pour le genre, bonnes critiques à l’international), mais on se dit qu’avec quelques éléments en moins et peut-être aussi 15 minutes de moins au compteur, ça aurait eu plus d’impact. Mais ça reste clairement un bon polar, bien sombre comme il faut.
Les plus
Un film sombre
De belles idées de mise en scène
Prenant et rythmé
Quelques moments durs qui frappent où ça fait mal
Les moins
Un poil trop long
Veut parfois en faire un peu trop
En bref : Across the Furious Sea montre que la Chine, quand elle le veut, peut elle aussi livrer des polars sombres et bien rodés. Imparfait, clairement, mais pouvant compter sur une bonne technique, un scénario qui a de bonnes idées, et d’excellents acteurs principaux.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A dark film ♥ Some nice visual ideas ♥ Nicely paced ♥ A few harsh moments |
⊗ But maybe a bit too long ⊗ Sometimes, it wants to do too much |
Across the Furious Sea shows us that China, when it wants, can also delivers some nice and dark thrillers. Not perfect, but technically strong, with a good script and nice ideas, and also good lead actors. |