DOMINION OF DARKNESS (Kusasa Gelap) de Bobby Prasetyo (2024)

DOMINION OF DARKNESS

Titre Original : Kusasa Gelap
2024 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Bobby Prasetyo
Musique : Ricky Leonardi
Scénario : Andri Cahyadi, Robert Ronny et Vera Varidia

Avec Jerome Kurnia, Lukman Sardi, Astrid Tiar, Lea Ciarachel, Freyanashifa Jayawardana, Joshua Pandelaki, Erdin Werdrayana et Delia Husein

Synopsis : Après la mort de sa mère et de sa sœur dans un accident de voiture, le père Thomas pense quitter l’église. Mais on lui donne une dernière tâche, celle d’aider le pasteur Rendra, malade, à exorciser le démon qui a pris possession de Kayla, l’ancienne meilleure amie de sa sœur.

Si Bobby Prasetyo est arrivé il y a environ seulement 5 ans dans le paysage cinématographique Indonésien, depuis, il carbure, avec quatre films en 2024 et déjà un en post-production pour 2025. Et son palmarés, il est bancal. On y trouve du bon, comme son Pamali The Corpse Village en 2023 (d’ailleurs, son prochain film en est une suite, parfait), mais aussi du très moyen, comme son Kultus Iblis ou son sketch pour Devil’s Horns. Dominion of Darkness, qui s’affiche comme étant inspiré d’un vrai exorcisme ayant eu lieu en Indonésie, heureusement, il se situe plutôt du côté des bons films, sans jamais réinventer la formule établie par un certain William Friedkin en 1973. Oui, ça date, et quand on se dit qu’on n’a jamais fait aussi bien depuis, ça fait peur. Car les exorcismes et donc les possessions au cinéma, c’est souvent compliqué, et il suffit de la moindre faute de goût, du moindre faux pas pour plonger dans le ridicule complet. Pour preuve, le pourtant bon Conjuring de James Wan est plombé par son final qui nous livre un exorcisme raté et risible. Et ce n’est pas le récent film L’Exorciste de bien triste mémoire qui va venir me contredire sur ce point d’ailleurs. Dominion of Darkness, ou Kusara Gelap de son petit titre original, heureusement, il l’évite la plupart du temps, le ridicule, tout en se faisant assez bien rodé et efficace pour divertir sur une durée qui n’en fait pas des caisses, 1h35 seulement au compteur, et on n’en parlera plus. Et donc, après que le réalisateur se soit aventuré, déjà en 2024, du côté de la religion Musulmane pour un résultat en demi-teinte avec Thagut, le voilà du côté de la religion Chrétienne pour ce film. Film qui, on ne va pas non plus mentir, semble clairement vouloir surfer sur la sortie du film Américain cité précédemment, avec une pochette qui y ressemble énormément… sans doute pas encore conscient, au moment de sa mise en chantier, du carnage que serait le film en question.

Et pourtant, le métrage Indonésien parvient à faire bien mieux, alors que sa formule, on la connait. Un prêtre qui a perdu la foi après la mort de sa mère et de sa sœur dans un accident, le père Thomas, un autre prête plus âgé qui fera office de mentor pour la mission qui leur est confiée, et une jeune femme, Kayla, qui ne supportant pas de voir sa mère manipulée par un homme, va essayer d’invoquer l’esprit de son père, sauf qu’évidemment, ça tourne mal, et ça va inviter un méchant esprit à prendre possession de la jeune femme. Comportements inquiétants, automutilation, insultes envers la famille, envers l’ordre et la religion, lancer d’eau bénite, récitation de la bible, apparitions démoniaques, oui, une formule bien huilée que l’on connait bien, et qui dans les faits, est récitée à la lettre ici. Mais avec une formule certes reprise, mais bénéficiant d’une mise en scène solide, de quelques jumpscares efficaces et pas envahissants, d’une belle photographie, et donc, au final, d’une technique appliquée pour rendre l’ensemble digeste et surtout efficace sur la durée. En ce sens, malgré son côté prévisible, Dominion of Darkness respecte donc son public et lui donne en réalité exactement ce qu’il attend de ce genre de métrage. Même s’il joue en réalité constamment un certain numéro d’équilibriste qui, selon notre culture, à la fois générale et cinématographique, fera pencher la balance d’un côté comme de l’autre. La mise en avant par exemple de la religion Chrétienne, dans un film d’horreur Indonésien, c’est clairement quelque chose de rare, le pays étant majoritairement Musulman. Original donc pour un film de là-bas, mais en contrepartie, générique et hautement prévisible pour un spectateur qui lui est bien plus habitué à l’horreur occidentale par exemple, tant encore une fois, passé l’identité au final des démons du film, allant vers les mythes Indonésiens, toute la mise en application elle ramène aux fondements du genre même.

Visuellement, comme énoncé, c’est du plutôt beau boulot, le film est agréable à l’œil, la photographie est jolie, les choix d’angles de caméra bien trouvés, bref, nous ne sommes pas face au bas du panier de l’horreur Indonésienne, mais du bon côté de la balance. La même chose peut être dite des jumpscares, pas si fréquents, et pour la plupart efficaces. Le rythme lui aussi est plutôt bien géré, et avec sa durée de 1h35 seulement, le film ne perd pas de temps, mais se permet également de donner un minimum de profondeur à l’intégralité de ces personnages principaux, ce qui est toujours un plus indéniable pour ce genre de film. Evidemment, rien de bouleversant, mais juste ce qu’il faut pour que le spectateur soit intéressé. En contrepartie, justement, on se retrouve avec un début qui semble parfois un peu précipité pour amener plus rapidement la situation initiale, et un exorcisme final qui paraît lui aussi totalement précipité, comme s’il fallait impérativement boucler maintenant le film rapidement pour ne pas dépasser une certaine durée. Du coup, ce démon tout puissant paraît finalement être vaincu assez simplement, et donc aussi rapidement que ceux qui lui ont précédés dans le métrage. Quelques belles paroles, un peu d’eau bénite, la demande de son nom, et dégage on n’en parle plus. Tout ça, ça ne fera jamais du film un must see, mais néanmoins, ça en fait un solide divertissement, pas prise de tête, et comme c’est tout ce qu’on lui demandait à la base, il réussit donc son pari.

Les plus

Un métrage solide
Des personnages développés
L’horreur est efficace
Techniquement, solide et bien géré

Les moins

Générique et prévisible pour le genre
Tout ramène comme toujours à Friedkin
Un final précipité

En bref : Dominion of Darkness, c’est la version Indonésienne de L’Exorciste. C’est solide, bien filmé, rythmé et court, et donc fort plaisant, mais évidemment, rien d’original à se mettre sous la dent.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A well made horror film
♥ Developed characters
♥ The horror is good
♥ Technically, it’s a good job
⊗ Generic and predictable
⊗ Everything goes back as always to Friedkin’s film
⊗ The finale, everything goes too fast
Dominion of Darkness, it’s the Indonesian Exorcist. Strong, well filmed, short and well paced, entertaining, but of course, nothing new or original in fact.

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