SCOOP de Woody Allen (2006)

SCOOP

Titre Original : Scoop
2006 – Angleterre / Etats Unis
Genre : Comédie
Durée : 1h36
Réalisation : Woody Allen
Musique : –
Scénario : Woody Allen

Avec Scarlett Johansson, Woody Allen, Hugh Jackman, Ian McShane, Charles Dance, Romola Garai, Kevin R. McNally et Julian Glover

Synopsis : L’enquête du célèbre journaliste d’investigation Joe Strombel, consacrée au « Tueur au Tarot » de Londres, tourne court quand il meurt de façon aussi soudaine qu’inexplicable. Mais rien, pas même la mort, ne peut arrêter Joe. A peine arrivé au purgatoire, il décide de transmettre ses toutes dernières informations à la plus charmante des étudiantes en journalisme : Sondra Pransky. De passage à Londres, Sondra entend le fantôme de Joe s’adresser à elle durant un numéro de magie de l’Américain Splendini, alias Sid Waterman. Bouleversée et folle de joie à l’idée d’avoir déniché le scoop du siècle, l’effervescente créature se lance avec Sid dans une enquête échevelée, qui les mène droit au fringant aristocrate et politicien Peter Lyman. Une idylle se noue en dépit de troublants indices semblant désigner le beau Peter comme le « Tueur au Tarot ».

En 2006, après avoir signé l’excellent drame Match Point, Woody Allen retournait vers la comédie pure en dirigeant de nouveau Scarlett Johansson. Et à sa sortie au cinéma, j’avais beaucoup aimé le métrage, le trouvant drôle, frais, bref, il m’avait fait passer un très bon moment. Puis je l’avais totalement oublié. En fait, c’est un peu la carrière de Woody Allen que j’avais oublié, après la grosse déception que fut pour moi au cinéma son Vicky Cristina Barcelona quelques années après, toujours avec Scarlett d’ailleurs. Un métrage qui me semble-t-il, fonctionnait bien mieux sur un public Américain, plutôt qu’un public Européen. C’est pour cela donc que quasi 20 ans après sa sortie, je suis retombé sur Scoop, et qu’avec tous mes bons souvenirs, j’ai voulu retenter l’expérience. Et si le métrage fut toujours une comédie légère sympathique, je suis malgré tout bien moins enthousiaste qu’à l’époque. Et c’est ainsi que j’ai remarqué également qu’une bonne partie du public et des critiques n’avaient pas été tendres non plus avec le métrage à sa sortie, et ça, j’étais bien passé à côté. Car Scoop, s’il fait rire, ne se prend jamais au sérieux, et dispose d’un casting impliqué et résolument sympathique aux yeux du public, avec Scarlett Johansson en apprentie journaliste, Woody Allen en magicien du dimanche et Hugh Jackman en possible tueur en série, et bien à côté, le métrage souffre de bien des défauts, d’un scénario un peu facile voire trop simpliste pour marquer au-delà du petit rire de l’instant présent, et en prime, n’est pas toujours le métrage le plus inspiré de Woody Allen avec sa caméra.

En fait, déjà, visuellement, Scoop semble ne pas être un projet sur lequel Woody Allen a fait des merveilles. L’image est souvent un peu plate, les plans s’enchaînent sans réel génie, et la caméra semble en réalité le plus souvent juste préoccupée à cadrer les acteurs pour la prochaine ligne de dialogue comique qu’à créer une certaine grammaire de l’image ou même nous surprendre. En réalité, les plans sans doute les plus travaillés du métrage, on les trouve dès l’ouverture, avec Ian McShane décédé sur un bateau, conduit par la mort. Evidemment qu’une comédie ne demande pas forcément une mise en scène tape-à-l’œil ou un montage excité à la Tony Scott, mais une farce justement telle que Scoop aurait en réalité demandée un peu plus d’excentricité dans sa mise en image, et pas seulement dans son texte, où Woody Allen blablate comme pas possible, Johansson est charmante et innocente, et Jackman, fidèle à lui-même, séducteur et mystérieux. Scoop semble souvent peu inspiré dans sa mise en image, transformant presque l’expérience en simple théâtre filmé de la part de Woody Allen, totalement statique. Mais pourtant, malgré ce gros écueil qui joue forcément en sa défaveur, Scoop n’est jamais non plus désagréable sur la durée. Car il est court déjà, mais aussi car le casting semble s’amuser et que les différentes situations concoctées par le scénario permettent justement à ce casting de se laisser aller dans l’humour. Evidemment, c’est le duo de héros formé de Scarlett Johansson l’apprentie journaliste un peu nunuche et de Woody Allen en magicien du dimanche un brin cynique et qui n’arrive que rarement à la fermer lorsqu’il panique qui vole la vedette à tout le monde, et dès que les deux sont à l’écran, l’humour amuse, et à de rares occasions, se fait même savoureux.

Voir Woody Allen improviser le plan initial pour que Scarlett Johansson puisse enfin parler avec Hugh Jackman en suggérant la noyade et en anticipant déjà les funérailles en cas d’échec du plan, ça met d’entrée de jeu dans le bain du ton du métrage, bien plus que ce qui précédait, malgré la présence de la mort elle-même sur un bateau. La semi-réussite de Scoop, on la doit donc aux personnages et à l’alchimie entre eux, plus qu’à tout le reste. Si certaines blagues fonctionnent, c’est plus grâce aux acteurs qu’à un quelconque timing comique que l’on devrait à la mise en scène ou à une réelle rigueur d’écriture. D’où ma déception en revoyant le film, quasiment 20 ans après sa sortie. Scoop amuse, mais s’oublie l’instant d’après tant en réalité, il n’est pas marquant, ni pour Woody Allen qui sortait de Match Point, ni pour tous les acteurs, à la carrière remplie de films meilleurs… Et parfois, aussi, de bien pires films, comme Vicky Christina Barcelona pour Allen, Black Widow pour Johansson ou certains X-Men pour Jackman. Ce qui est sûr, c’est qu’à présent, Scoop peut rester tranquillement rangé dans ma collection, pour y rester un certain bout de temps avant que, soudainement, l’envie ne me revienne de lui redonner une troisième chance.