CARTEL (The Counsellor) de Ridley Scott (2013)

CARTEL

Titre Original : The Counsellor
2013 – Etats Unis
Genre : Polar monologué
Durée : 1h57
Réalisation : Ridley Scott
Musique : Daniel Pemberton
Scénario : Cormac McCarthy

Avec Michael Fassbender, Cameron Diaz, Javier Bardem, Penélope Cruz, Brad Pitt, Rosie Perez, Natalie Dormer, Edgar Ramirez, Bruno Ganz et Ruben Blades

Synopsis : Un avocat du Texas, surnommé « le Conseiller » décide de passer de l’autre côté et de travailler pour un cartel de la drogue sévissant à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. La drogue est transportée dans des camions et l’un d’eux se fait braquer. Or, l’un des braqueurs est un ancien client de l’avocat. C’est pour lui le début d’un enchainement d’événements dramatiques où l’avocat va être confronté à la cruelle réalité du monde du cartel.

Cartel, voilà bien là un titre Français pas du tout représentatif du film, tandis que son titre Québécois, traduction littérale du titre VO, à savoir donc The Counsellor, le Conseiller, est bien plus juste envers le sujet du film. Mais qu’importe. Cartel donc, je ne l’avais jamais vu, refroidit souvent par les critiques négatives envers le film de Ridley Scott, qui sortait juste après son film le plus polémique à l’époque, à savoir donc, Prometheus. Prometheus, je n’avais pas du tout aimé à sa sortie, et lors de la seconde vision, j’ai accepté que malgré tout, il y avait de bonnes choses, dans la direction artistique, dans la mise en scène ultra carrée… en bref, le souci du film, ce n’est pas le travail visuel de Scott, mais le scénario et ses ambitions, pas inintéressantes, mais que l’on ne voulait pas voir dans un film voulant expliquer les origines de l’alien (déjà que l’on ne voulait pas savoir les origines tout court). Mais voilà, les années passent, le cinéma de Scott divise plus que jamais, et du coup, l’envie de voir Cartel s’est fait sentir, surtout que si le film est souvent oublié par beaucoup, qu’il fut considéré surtout par le studio comme un flop (ce qu’il n’est pas, 71 millions au box-office pour un budget de 25, c’est rentable), Cartel demeure au final un film considéré comme important pour Scott. Sorti en 2013, tourné en 2012 avec une pause d’une semaine suite au suicide du frère de Ridley, Tony, Cartel est souvent considéré comme le film le plus sombre et nihiliste du réalisateur. Et des années après, oui, ça m’a rendu curieux. Le fait que le film soit également écrit par Cormac McCarthy, romancier à l’origine de No Country for Old Men et La Route aide également à être curieux. Et après deux heures, en effet, on peut comprendre que le métrage divise. Faux polar sur les cartels, véritable film extrêmement bavard, Cartel est un film qui s’amuse à détruire les illusions, les rêves, tout en tournant le dos la majeure partie du temps au concept de divertissement et de clarté narrative.

Ici, il est donc question du conseiller, joué par Michael Fassbender, que l’on découvre au lit avec Penélope Cruz pour une scène gentiment sexy, et qui va limite passer les deux heures du film à demander conseil aux autres, ironique non ? Un avocat qui va donc s’allier à quelques autres personnages pour faire un coup à plusieurs millions. Un coup finalement secondaire, puisque Cartel, c’est une première heure extrêmement bavarde, assez étonnante pour Ridley Scott vu que le visuel semble ne même pas compter, il se contente de filmer les longs monologues écrits par McCarthy, et mettant en place en réalité tous ces pions, avant une seconde heure qui s’amuse presque à détruire de la manière la plus violente et nihiliste qui soit tout ce qu’il posait jusque-là. Cartel semble autant s’amuser des archétypes de personnages qu’il met en avant que des acteurs réunis devant la caméra pour leur donner vie. Et souvent, pour leur donner la mort aussi. Alors, attention, Cartel n’est aucunement un chef d’œuvre, ni un grand film sur beaucoup d’aspects (sur certains points, même pas vraiment un bon film), mais un métrage intéressant, et surtout, un métrage contenant certains moments qui marquent le spectateur. Et l’ironie, c’est que ces moments qui marquent, ils fonctionnent parfois à cause de certains éléments moins intéressants. Car comme dit, durant la première heure, Cartel est bavard. Extrêmement bavard. Jusqu’à plus soif. Trop bavard. Evidemment, ça colle parfaitement avec l’univers de l’auteur, mais c’est parfois too much, surtout quand pas mal de personnages semblent, aux premiers abords, aborder les mêmes thématiques, souvent sexuelles. Même de ce côté-là, Scott nous livrera une scène marquante avec la scène de Cameron Diaz et la voiture, mais on a souvent l’impression que ça tourne en rond, que le film refuse parfois de passer la seconde.

La seconde, il la passe cependant durant la seconde heure. C’est là où le métrage livre absolument toutes ces scènes les plus marquantes, les plus violentes, autant narrativement que visuellement, et c’est là que le film nous fait comprendre que peu importe le statut des personnages (un dealer parfaitement établis, une simple femme, un avocat), et peu importe le casting derrière (on a quand même Michael Fassbender, Javier Bardem, Penélope Cruz, Cameron Diaz, Brad Pitt). Dès lors, le métrage change de bord et devient cette œuvre nihiliste, marquante, choquante parfois, passionnante aussi. Car autant dans ses scènes les plus violentes que lors des scènes toujours bavardes, Cartel plonge totalement dans la noirceur. Le meilleur exemple sera ce dialogue entre Fassbender et Ruben Blades, littéralement terrifiant, surtout que l’ensemble du casting est très bon. Et c’est tout le paradoxe du film. Parfois passionnant, parfois trop long et un peu ennuyeux. Parfois choquant et marquant, et parfois anecdotique. Incroyablement bavard et donc plus littéraire que cinématographique, mais donnant finalement de la force à la seconde partie quand l’aspect cinéma reprend le dessus. Pas une honte, pas un grand film, mais clairement une œuvre clé dans la carrière de Scott, car avec Prometheus juste avant, il y a eu un avant et un après.

Les plus

Un ton noir de chez noir
Quel casting
Des moments très violents, et très marquants
Quelques moments finement écrits

Les moins

Par moment bien trop bavard
Une première heure qui se perd un peu, voire ennuie

En bref : Cartel n’a pas bonne réputation, mais au final, il n’est pas le pire film de Ridley Scott, ni son chef d’œuvre incompris. Bancal, trop long, trop bavard, mais aussi parsemé de moments chocs et marquants, le film reste, en tout cas, intéressant.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A very dark film
♥ What a cast
♥ Some very violent moments
♥ Some fine written moments
⊗ It talks too much
⊗ The first hour, almost entirely boring
The Counsellor has a bad reputation, and in the end, it’s not Scott’s worst film, but it’s also not his hidden masterpiece. Too long, too talkative, but also with some shocking good scenes. Interesting but not for everyone.

Une réflexion sur « CARTEL (The Counsellor) de Ridley Scott (2013) »

  1. Non, en effet, ce n’est pas le plus mauvais film de Ridley – y’a du costaud pour lutter dans cette catégorie ^^

    Mais quel ennui…

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