Sortie : 13 Mai 2019
Genre : Mad Max rencontre Doom
Studio : Avalanche Studios et id Software
Éditeur : Bethesda Softworks
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : PlayStation 4, Xbox One, PC
Synopsis : Rage 2 se déroule sur Terre, dans un monde post-apocalyptique, à la suite de la chute d’un astéroïde dont seul 20 % de la population a réchappé. Les survivants de cette extinction de masse se sont répartis en gangs rivaux (et sadiques) ou ont rejoint l’Autorité, une puissante organisation para-militaire aux ambitions malveillantes, dirigée par Martin Cross. Toutes ces factions s’entre-tuent pour le contrôle de diverses ressources, éparpillées aux différents coins de terres désolées.




A l’époque de sa sortie, et bien qu’ayant touché (mais jamais terminé) le premier Rage, je restais méfiant. Méfiant car le jeu était l’association entre id Software, oui, les développeurs de Doom, de Quake et j’en passe, et Avalanche Studios, capable de bon, comme de beaucoup moins bon. On leur doit par exemple la saga Just Cause, sympathique mais limitée, si bien qu’arrivé au buggé quatrième opus, il n’y a rien de neuf, juste une map immense et vide. Ils semblent d’ailleurs aimer l’immensité et le vide, vu qu’on leur devait aussi en 2015 l’adaptation de Mad Max, sans doute une de leur plus grande réussite, où ils parvenaient à donner une personnalité à un désert. Et on leur devait aussi le décrié Generation Zero, vite jugé… tiens, immense et vide. Un jeu que je n’avais pas détesté à titre personnel malgré de gros défauts, car pour le coup, déambuler dans cette map vidée de vie faisait partie de l’aventure. Mais en 2019, lorsque Rage 2 sortait, ils sortaient de Just Cause 4. Et les premiers avis étaient mitigés. Six ans après, avec une belle ristourne forcément, j’ai pu tâter ce Rage 2. Et au moins, autant le dire, si ce n’était pas mauvais, ce n’était pas glorieux non plus, mais au moins, ça ne m’aura pas pris beaucoup de temps… sauf si l’on regarde mes statistiques, ayant oublié de fermer le jeu en laissant ma console en veille pour télécharger un autre jeu, amenant mon temps de jeu à tout de même 1 jour et 3h. Pour en réalité seulement 7h jouées. Car Rage 2, malgré son monde ouvert, est extrêmement court dans son intrigue principale. Après une introduction, on nous envoie vite dans les terres désolées, une map immense à explorer, et trois personnages à trouver. Trois personnages, pour trois quêtes à accomplir afin de débloquer l’accès au boss de fin. Oui, c’est éclair, malgré quelques ramifications (atteindre le niveau 5 avec chacun des trois personnages, ce qui se fait en réalité naturellement si on s’arrête aux quelques points d’intérêts en se rendant chez lesdits personnages).




Rage 2 donc, c’est du post-apocalyptique, à tendance cool donc avec du rose partout (pourquoi ? je l’ignore), qui mélange le gameplay habituel du studio id Software, du fast FPS donc, où il faut courir, sauter, shooter sur tout ce qui bouge, utiliser des compétences, des armes, grenades, tirs secondaires, tout exploser. Et le gameplay habituel des productions Avalanche, avec donc du monde ouvert, de la conduite dans des déserts, de l’expérience. Le rapprochement avec Mad Max est forcément énorme, et en réalité, ne joue pas forcément en faveur de Rage 2. Car s’il faudrait bien lui trouver un défaut, ce ne sera pas sa durée de vie (même si oui, 7h pour la quête principale, pour un jeu en monde ouvert, c’est peu), mais comment les deux principales mécaniques de gameplay, bien que fonctionnant chacune dans leur coin, ne s’imbriquent pas très bien ensemble et donc abaissent le niveau général de l’œuvre. Le gameplay shoot, il est fun, rapide, bien qu’assez vite limité aussi, mais le studio connait ce terrain, il gère, et il sait le rendre bien fun. La conduite, pareil, ça répond plutôt bien, chaque zone de la map en plus est un peu différente et force à s’adapter un minimum (les marais et cette flotte qui nous ralentit). Mais on a très vite l’impression qu’en réalité, le monde ouvert n’est là que pour nous ralentir et nous donner l’illusion d’un jeu plus complet qu’il n’est véritablement. Là où Doom, le reboot de 2016, allait à l’essentiel sans trop se soucier de l’intrigue et nous faisait défourailler du monstre pendant 10h, heureux et la bave aux lèvres, ici, le constat est différent. Rage 2 tente de nous raconter une histoire, avec pas mal de blabla à chaque personnage, sauf qu’en réalité, comme on ne croise ses personnages que deux ou trois fois, jamais rien n’a le temps d’être développé.




Rage 2 voudrait être fun et jouer sur l’humour déjanté de son univers, mais là aussi, comme tout doit aller vite, ça fonctionne moyen, surtout que le monde du jeu manque clairement de vie. Il se passe en réalité limite plus de choses sur la map, dans le monde ouvert donc, que dans les villes. Dans les villes, quelques PNJ qui sont là pour donner des quêtes fedex (que l’on peut en réalité trouver sans demander quoi que ce soit), des marchands pour acheter améliorations, munitions, compétences, et des lieux à visiter qui font pitié à voir. Quand on se rend dans un bar soit-disant branché et difficile d’accès, pour voir deux malheureux danseurs sur la piste, un mec bourré dans un coin en train de dormir, et c’est tout, ça donne une sacré impression de vide. Voir alors un PNJ important que l’on doit rencontrer faire un speech dans ce lieu pour la « foule », ça fait limite sourire, mais pas dans le bon sens, tant l’atmosphère est absente. Encore une fois, on me dira que l’on est dans un jeu de tir principalement, et que l’histoire est secondaire, et c’est le cas, mais ça n’empêche pas de faire les bons choix pour rendre au moins cet univers crédible. Sur la map par contre, on croise des mutants et bandits qui parfois n’ont même pas besoin de nous pour se faire la guerre, des camps, des barrages, des nids de mutants à dératiser, et des arches à explorer pour débloquer pouvoirs et armes. Du contenu de monde ouvert flemmard bien comme il faut donc, mais qui au moins se bouge plus. Ah, et il y a des attaques de convois, vrai bonne surprise du titre, qui nous redonne l’impression de jouer à Mad Max, le studio gérant clairement à ce niveau-là.




Mais face à ce contenu vite répétitif, on n’a plus franchement envie de l’explorer, ce monde ouvert. Reste alors les missions principales et les camps à nettoyer, afin de profiter du gameplay shooter que l’on doit à id Software et qui lui fonctionne très bien. Malgré ses limites encore une fois, puisque le joueur n’aura que 4 pouvoirs, et que les armes sont, attention, au nombre de sept seulement. Et qu’il faudra toutes les débloquer en se rendant dans des arches, si bien qu’en faisant le jeu en ligne droite, ou bien en fouinant un peu mais en tombant sur les mauvaises arches, on termine le jeu pas forcément au maximum de ses capacités. J’ai personnellement terminé le jeu avec 3 des 4 pouvoirs (mais vu le dernier, débloqué juste après, je n’ai rien perdu, je ne l’aurais pas utilisé, le pouvoir barrière pour mettre un bouclier devant soit), et avec seulement trois armes en poche… sachant que le fusil d’assaut et le pistolet sont dans notre inventaire d’office, ce qui veut dire que je n’ai débloqué que le fusil à pompe. C’est assez triste en réalité. Si on ajoute à cela que les fusillades sont très fun, mais par segments assez courts et dans des décors au level design qui se ressemblent tous (la mission finale en est le meilleur exemple)… Même le boss de fin n’est qu’une variante d’un ennemi déjà rencontré. Ce qui était encore plus triste, c’est que pour un jeu vendu à sa sortie plein pot, voir un contenu aussi risible, en missions, en durée de vie, et même en armes, alors que des DLC étaient déjà prévus, donnant de nouvelles missions, armes, pouvoirs, et même une nouvelle zone de map et véhicules, c’est un peu du foutage de gueule, et l’assurance d’un jeu sorti trop rapidement. Le bon côté en y touchant en 2025 par contre, c’est clairement que le jeu a été patché, et à part un petit bug où je me serais retrouvé bloqué contre un mur dans un ascenseur, l’ensemble est clean. Ça rend au moins les nombreuses fusillades fluides et fun.




Pour ce qui est de la technique, il ne faut pas attendre des miracles. Quand on pense qu’un an avant sortait Red Dead Redemption 2, et un an après The Last of Us 2, Rage 2 fait doucement sourire. Pas moche, mais assez vide, simpliste. Les animations ne sont pas extraordinaires, les textures au loin sont baveuses, mais dans l’ensemble, ça se regarde, surtout grâce à la direction artistique. Au moins, ça ne rame pas, sauf, étonnement, dans les menus, où la console a l’air de galérer pour passer d’un onglet à un autre. Etrange. Niveau sonore, rien de spécial à ajouter, les musiques sont si discrètes que j’avais l’impression, à part pour la mission finale bien rock, qu’il n’y en avait pas, mais les bruitages, pour les poursuites en voitures et les fusillades, sont d’un très bon niveau. Le jeu est intégralement doublé en Français, malheureusement sans possibilité de passer en Anglais via les menus, et c’est plutôt fonctionnel, allant du bon au très moyen. Vu le scénario assez vide, on ne lui en tiendra pas vraiment rigueur au final. Rage 2 donc mauvais jeu ? Non, juste décevant, totalement oubliable, express. Un jeu pas désagréable, qui se finit extrêmement rapidement, et que l’on aura sans doute oublié quelques jours après en se lançant dans un nouveau jeu, plus passionnant avec de la chance, ou pire malheureusement, mais qui du coup, marquera forcément plus dans un cas comme dans l’autre. Quitte à vouloir du post-apocalyptique, mieux vaut jouer à Mad Max, et quitte à vouloir du fast FPS, autant jouer aux récents Doom, voire aux nouveaux Wolfenstein ou Shadow Warrior. Mais beaucoup pourraient toujours se laisser tenter par Rage 2, vu son très bas prix aujourd’hui.

Les plus
Une direction artistique amusante
Le gameplay FPS bien fun
La conduite auto et l’attaque de convois
Le jeu ne nous retiendra pas en otage longtemps
Les moins
Une map qui vient artificiellement rallonger le jeu
Une histoire nulle
Un humour qui ne fonctionne pas vraiment
7h en ligne droite
Du contenu répétitif
Une ambiance vide un peu tristounette
En bref : Rage 2 n’est pas forcément un mauvais jeu, les deux facettes de son gameplay fonctionnent bien en soit, mais le problème, c’est le reste à côté, avec un monde ouvert aux activités répétitives et peu passionnantes, une intrigue nulle, un monde vide en général et une quête principale durant finalement seulement 6 ou 7h grand max.





