ANDROMEDIA (アンドロメデイア andromedia) de Miike Takashi (1998)

ANDROMEDIA

Titre original : アンドロメデイア andromedia
1998 – Japon
Genre : Science fiction
Durée : 1h49
Réalisation : Miike Takashi
Musique : – 
Scénario : Era Itaru et Nakamura Masa d’après le roman de Watanabe Kozy

Avec Shimabukuro Hiroko, Imai Eriko, Harada Kenji, Uehara Takako et Arakaki Hitoe

Synopsis : Yû est amoureux de Mai. Un soir, Mai se fait écraser accidentellement par un camion, entraînant sa mort. Cependant, il n’était pas censé savoir que l’esprit de Mai se réincarnerait en une entité virtuelle portant le doux nom de Ai…

Ce n’est plus à prouver, Miike Takashi aura touché à tous les genres cinématographiques, en les mélangeant, avec plus ou moins de talents suivants les films. Il aura fait des films policiers, d’actions, d’aventures, des comédies, des films d’horreur, des drames, même un western et des films inclassables. Il aura fait, parmi tous les films de sa carrière, des chefs d’œuvres, des très bons films, du bon, et malheureusement, du moins bon et du très mauvais. Andromedia fera parti de la catégorie des films vraiment pas terribles. Œuvre de commande, Andromedia est une histoire d’amour niaise sur fond de science fiction. Miike semble s’amuser avec la niaiserie de son sujet et ne fera pas de détours pour livrer une œuvre destiné à un jeune public. Le casting renforcera cette impression, puisque le film met en scène la chanteuse Imai Eriko et quelques autres membres de groupes de J-Pop. Nous voilà donc prévenu, et du coup, on sait immédiatement à quoi s’attendre, même si Miike ira si loin que l’on sera tout de même surpris par différents aspects du film. Mais avouons le, pour trouver des qualités au métrage, ce ne sera pas dans son scénario. Dés le départ, nous reconnaissons le produit. Un groupe d’amies, un jeune homme, Yu, une jeune femme parmi le groupe, Mai, est amoureuse de Yu depuis son enfance, et ils se retrouvent toujours sous un arbre au bord de la plage, une fleur de cerisier (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un arbre à fleur, rose ou blanc, rose ici, qui se dit Sakura en japonais). Ils finissent, après toutes ces années, par s’embrasser, et le soir, en rentrant chez elle, Mai est victime d’un accident de la route et perd la vie. Pour qui ne connaît pas l’histoire, ce début peut séduire, on se dit que le film va peut être parler de l’absence de cette personne pour Yu, de l’oubli difficile. Mais non car rappelons que Andromedia parle de l’histoire d’amour entre un homme et une femme virtuelle. Et merde peut-on se dire… Pourtant, cette première partie, avant l’accident, n’est pas non plus d’une nullité absolue, malgré sa simplicité et sa niaiserie toute mielleuse (qui n’est rien comparé à ce qui va suivre), Miike Takashi nous offre de très beaux plans, notamment avec la fleur de cerisier, et en effet quelque chose de poétique parvient à en ressortir.

Passé l’accident, alors que le scénario effleure pendant quelques instants la tristesse de Yu et des amies de Mai, nous suivons en parallèle le père de Mai, créateur d’un logiciel informatique révolutionnaire, un être virtuel nommé AI auquel il va donner la mémoire et l’apparence de Mai, sa défunte fille. A partir de là, deux histoires vont se mêler, la première concernant l’histoire d’amour entre Yu et le double virtuel de Mai, et la seconde va concerner différentes agences prêtes à tout pour récupérer Ai. Scénaristiquement, aucune de ces deux intrigues ne sera vraiment prenante ni même passionnante, mais Miike se lâchera totalement dans sa mise en scène et dans certaines idées qui remonteront un peu le niveau général du métrage, et nous feront sourire. Le bougre, sachant qu’il est dans un domaine de science fiction dopé à l’histoire d’amour sirupeuse, ira dans ce sens, et nous livrera des délires visuels à base de données informatiques, d’hologrammes, de mouvements de caméra improbables et j’en passe. Quelques belles et étonnantes images sortiront de tout ça pendant que l’histoire d’amour continuera, tout comme l’histoire des entreprises. Avides de pouvoir, deux entreprises vont se lancer à la poursuite de AI, assassinant ainsi son père, qui va la lancer dans le réseau, et comme de par hasard, elle va arriver sur l’ordinateur de l’école où Yu est. Ça sera donc à son tour de la protéger, tout en ayant une relation assez spéciale avec elle. Ils jureront même de ne jamais se quitter. Voyez l’ampleur des dégâts. Cependant, tout ira si vite, et Miike partira dans tellement de délires que l’on parviendra à pardonner certaines erreurs narratives (mais pas tout, il ne faut pas déconner) pour se concentrer sur le visuel du film. Il faut avouer que cela va vite, que c’est bien filmé, et que nous avons quelques coupures brutales dans l’histoire (que l’on ne comprend pas forcément) et quelques plans n’ayant rien à faire là qui donnent le sourire.

Mais Andromedia ne restera pas dans les annales des films de science fiction, ni des films d’amour, ni des films de Miike Takashi, même s’il faut avouer qu’il a fait bien pire (Yakuza Demon, Dead Or Alive 3, Salaryman Kintaro, Yatterman, Ninja Kids). Jamais Andromedia, malgré la folie du bonhomme, n’arrivera à se décoller son étiquette de film de commande à l’effigie de stars de la J-Pop (les quelques séquences musicales et la chanson de fin nous le rappelleront). Il faut avouer que le film n’est pas totalement désagréable, qu’il contient de bons moments et une bonne ambiance visuelle, que l’on retrouve certains habitués des films de Miike (Kitamura Kazuki que l’on voit dans Ley Lines et Full Metal Yakuza) ou encore une bonne tête du genre asiatique avec Taguchi Tomorowo, l’inoubliable Tetsuo (que l’on retrouve dans des films tels All night long 3, Shinjuku Triad Society, Rainy dog, Tomie, et tant d’autres films). Mais à côté de cela, l’histoire énerve rapidement, Christopher Doyle cabotine comme pas possible dans son rôle de grand méchant finalement très en retrait et on se demande bien où peut être l’intérêt d’un tel film pour le public, même si dans la carrière de Miike, l’intérêt d’Andromedia est évident : prouver qu’il peut faire un film de commande en gardant ses délires mais en parvenant à viser le plus de monde possible, sans ennuyer. De ce point de vue, le contrat est amplement rempli mais était-il nécessaire d’aller aussi loin dans la niaiserie ? Pas sur.

Les plus
Visuellement beau
Quelques scènes bien barrées
Quelques bons cabotinages
Les moins
Un peu trop niais
Pas toujours passionnant

En bref : Une réussite visuellement certes, mais un ratage au niveau de son sujet et de ses choix scénaristiques. Une histoire d’amour noyée dans l’improbable et la niaiserie, un film pour adolescentes malgré la patte visuelle de Miike.

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