Titre Original : Rirī Shushu no Subete – リリイ・シュシュのすべて
2001 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h26
Réalisation : Iwai Shunji
Musique : Kobayashi Takeshi
Scénario : Iwai Shunji
Avec Oshinari Shugo, Ichihara Hayato, Ito Ayumi, Aoi Yû, Ito Yuki, Inamori Izumi, Saiyu et Osawa Takao
Synopsis : Hasumi est un jeune trop calme pour son âge. Sa faculté à demeurer impassible devant les difficultés et à ne pas répondre aux coups et aux provocations va vite faire de lui le souffre-douleur idéal de ses camarades. Il tient le coup grâce à sa passion pour la pop star Lily Chou-Chou, dont les chansons lui permettent de s’évader, de vivre, d’espérer. Cette passion, il la partage avec son camarade Hoshino et avec des millions d’autres fans, qui se retrouvent anonymement sur Internet pour discuter de leur amour pour la mystérieuse chanteuse…
All About Lily Chou-Chou est je crois le premier métrage d’Iwai Shunji que j’ai vu, il y a bien 15 ans, lorsque je m’étais procuré le dvd zone 1. Je ne l’avais jamais revu depuis, et en plus, mon dvd a rendu l’âme. Heureusement, les technologies évoluent, et le film existe à présent en qualité HD, grâce à l’éditeur US Film Movement qui nous a sorti le tout dans une belle copie, et pour les amateurs, le disque n’est pas zoné. Car Iwai est un réalisateur très important dans le cinéma Japonais, ayant signé nombre d’œuvres qui le sont tout autant, souvent douces et amères. Lorsqu’il signe en 2001 ce film, il avait en réalité déjà une longue carrière derrière lui, avec Love Letter (1995), Picnic (1996), Swallowtail Butterfly (1996), April Story (1998), et bien entendu, il continuera par la suite, avec Hana & Alice (2004), ou encore en signant au Canada le film Vampire (2011), ou un film d’animation sur Hana & Alice (2015) qui lui a eu les honneurs d’une sortie en salles chez nous. Bref, ce qui intéresse Iwai, c’est l’humain, la jeunesse, les difficultés de la société Japonaise, ce que l’on fait pour fuir le quotidien. All About Lily Chou-Chou, projet qui a démarré de manière assez étrange au final, s’inscrit clairement dans ces thématiques. Au départ, il y avait Faye Wong. Oui oui, la chanteuse venant de Taiwan que les cinéphiles connaissent pour Chungking Express de Wong Kar-Wai. Servant de modèle pour la chanteuse fictive du film, Lily Chou-Chou, le métrage a eu un développement compliqué, ou plutôt, changeant de forme sans cesse. Si l’on en croit diverses interviews, tout commença par un scénario, avant de devenir un roman, avant de redevenir un scénario jamais finalisé, avant de se transformer en nouvelle pour internet, avant encore une fois de changer et de devenir le métrage que nous avons devant les yeux.
Succès au box office Japonais (ramassant plus de 3 milliards de yens, soit 27 millions de dollars environ, bien plus que son budget évidemment), All About Lily Chou-Chou s’inscrit totalement dans la filmographie d’Iwai, mais également dans son époque. Il faut dire que dés le début, ça respire clairement le début des années 2000, avec ces textes qui s’inscrivent à l’écran sur des sons de clavier. Oui, c’était les débuts populaires d’internet. Et de prime abord, avec ces quelques expérimentations, ses textes issus de forums constamment écrits à l’écran, son usage lors de certains passages comme un petit trip à Okinawa de la Mini-DV bien granuleuse comme il faut, et avec sa durée plutôt conséquente de 2h26, All About Lily Chou-Chou n’est pas un film facile d’accès pour le grand public. Surtout que les divers sujets qu’il aborde, ils sont graves. Pas nouveaux, mais graves. Le harcèlement scolaire, la violence physique et sexuelle, et j’en passe. Nos principaux personnages, ce sont Hasumi, jeune calme et renfermé, et Hoshino, son opposé, profitant des situations, et étant très souvent l’élément perturbateur du métrage. Mais tout commence relativement calmement dans le métrage. Comment pourrait-il en être autrement avec cette ouverture sur une douce mélodie, ce plan très large sur des champs de riz à perte de vue, et Hasumi écoutant sa musique (ah les lecteurs cd, toute une époque) au milieu de cet espace calme et reposant. Evidemment, ce n’est que factice, notre jeune personnage fuyant la réalité, comme beaucoup de ses compères, avec la musique de Lily Chou-Chou. Un moyen comme un autre d’échapper et d’oublier les horreurs du quotidien. Hasumi, il est amoureux de Yoko, elle aussi victime de harcèlement. Et Hoshino dans toute cette histoire ? Il est là pour mettre le feu aux poudres, doucement, profitant de tout le monde, paraissant amical, pour mieux profiter par derrière.
Vol d’argent, violence, rabaissement, il ira même jusqu’à forcer Shiori, une autre collégienne ayant des sentiments pour notre héros, à se prostituer, afin de ramener un peu d’argent. Le film alterne clairement les moments durs avec d’autres moments plus posés, le tout sur une bande son il faut le dire assez exceptionnelle, entre les morceaux fictifs de Lily Chou-Chou, et l’utilisation de musique classique de Debussy. Mais il ne faut pas être aveugle pour voir que la situation monte, monte, toujours, que le point de non retour n’est pas loin, et qu’à force de pousser tout ce bon monde à bout, rien de bon ne peut arriver. Et je ne vais pas mentir, certains moments du métrage, qui prend tout son temps pour nous happer, ils sont très durs, et fonctionnent à merveille. On a beau avoir des moments beaucoup plus doux, lorsque nos personnages s’évadent dans la musique, leur seule échappatoire, mais on sait que cela ne va pas durer, que c’est, en un sens, factice. En bref, c’est violent donc dans le propos, mais ça évite les grosses facilités grâce à l’écriture du scénario assez maligne, et au ton du film, qui sait cultiver les opposés, et prendre son temps pour ne pas brusquer les événements. Chapeau !
Les plus
Des sujets durs très bien traités
La bande son, sublime
Iwai maitrise son film
Parfois cruel, mais n’oubliant pas d’être aussi doux
Les moins
Il est vrai, la scène en mini DV aurait pu être écourtée
En bref : Autre réussite de la carrière de Iwai Shunji, et film important clairement de son époque, on tient là un drame assez dur à la forme assez singulière, peut-être un poil trop long, mais souvent poignant.
Un film merveilleux, la voix de Salyu… Pas revu depuis très longtemps, bien envie de m’y replonger.
PS : mais tu as repris mon pitch ahah ?!
Alors prépare toi à te replonger dans l’univers du réalisateur, car je compte me refaire (et faire pour certains) quasi toute sa filmo, et que j’ai déjà un texte sur le très bon APRIL STORY de côté. Un film plus tendre que j’aime beaucoup comme je t’avais dis je ne sais plus où.
PS : Ton pitch devient le pitch officiel français vu qu’on le retrouve partout ! Bientôt les droits d’auteur!!!!