Sortie : 9 Novembre 2021
Studio : Gust
Éditeur : Koei Tecmo
Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, PC, Nintendo Switch
Synopsis : Hoshizaki Ao, une fille qui se considère comme normale, est en route pour les cours d’été lorsqu’elle disparait soudainement et se réveille dans une école isolée entourée d’eau. Dans cette école, trois jeunes étudiantes sont là également, sans souvenirs de leur passé et de pourquoi elles sont là. Petit à petit, et à force d’explorer des dimensions parallèles qui sont des représentations de leur cœur, appelés Heartscapes, elles se souviennent…
Le premier Blue Reflection, proposé par le studio Gust en 2017 déjà, était un fort sympathique JRPG au tour par tour. Pas le jeu du siècle, mais un jeu au ton doux, au rythme posé, pas non plus très difficile malheureusement ce qui faisait que l’on en faisait vite le tour, mais qui abordait des thématiques intéressantes, le tout dans un joli univers et avec des combats de boss épiques (bien qu’encore une fois, un peu trop faciles). Bref, le studio Gust, plus connu pour l’éternelle saga Atelier, s’essayait donc à un nouveau jeu tout en restant dans le même style de jeu. Toujours des jeunes femmes mises en avant, des combats au tour par tour, mais l’amitié grandissante entre les personnages offrait de nouvelles possibilités de gameplay au fur et à mesure plutôt que la traditionnelle alchimie bien connue du studio, et en ce sens, en alternant vie scolaire et exploration de donjons appelés Heartscapes, Blue Reflection faisait penser à un Persona, au féminin, en plus simple, et en plus court, puisque le jeu pouvait se boucler à 100% en une trentaine d’heures. En tout cas, le jeu a du avoir un petit succès, au moins d’estime, pour que Gust et Koei Tecmo décident de valider à la fois une suite et un animé de 12 épisodes. Du coup, entre Atelier Ryza 2 qui débarquait en Janvier 2021 en Europe et Atelier Sophie 2 qui lui débarqua en Février 2022, Gust nous offrait Blue Reflection Second Light. Le studio va-t-il continuer dans la même voie ? Améliorer la formule et augmenter la difficulté ? Voir plus grand ? Et surtout, Gust va-t-il réussir à maintenir la qualité alors qu’ils enchaînent les jeux à un rythme infernal depuis des années (non parce que rien que 2021, ce fut Atelier Ryza 2, 3 remasters pour d’anciens Atelier, mais aussi ce Blue Reflection Second Light, soit 5 jeux et Atelier Sophie 2 deux mois après) ?
Alors si niveau difficulté, on ne pourra toujours pas parler de challenge relevé, Gust a en tout cas vu les choses en grand pour ce second opus. Nouveaux personnages, nouveaux lieux, des Heartscapes toujours aussi directifs et fermés mais un poil plus grands, une intrigue un poil plus longue, 10 niveaux d’amitié par personnages, chacun ayant à chaque chapitre ses quêtes annexes, la possibilité de crafter des outils, de cuire des plats (donc dans le fond, un peu de l’alchimie mais simplifiée), mais aussi d’agrandir l’école dans laquelle notre personnage se retrouve en construisant des stands, terrasses, cafés, statues, puits et j’en passe. En gros, de la construction de base. Et oui, nous ne jouons plus Hinako même si celle-ci rejoindra l’aventure en cours de route, mi-parcours, et que les fameuses Yuzu et Lime seront toujours là, importantes, mais tarderont à débarquer. Dans un premier temps, et pendant un long moment, ce second jeu nous lance donc dans l’inconnu, avec un casting de nouvelles têtes, beaucoup de questions, peu de réponses, et le seul lien avec le précédent semble être les Heartscapes que l’on peut explorer, et où nos personnages se transforment en magical girls pour combattre des monstres. Mais tout fonctionne, puisque le premier point central de l’intrigue, c’est que Ao, la jeune femme que l’on contrôle, ne sait pas comment elle est arrivée dans cette école vide et entourée d’eau, et que les personnages présents et ceux qui la rejoindront au fur et à mesure de l’aventure, une par chapitre comme souvent, sont amnésiques. Une manière dans le fond d’ailleurs assez astucieuse de rendre cette suite accessible et jouable même par les joueurs n’ayant jamais touché au premier jeu, puisque les personnages qui reviennent n’ont de toute façon plus de souvenirs de l’aventure vécue précédemment.
Le connaisseur aura donc sur certains points un train d’avance sur les personnages, sans que cela ne dérange quoi que ce soit dans la narration, tandis que les nouveaux venus découvriront le tout en même temps que les personnages vont s’en rappeler. Le fond du jeu est donc intéressant, et n’hésite pas à certains moments à toucher à des sujets assez sensibles, de manière douce, comme le premier jeu, malgré quelques rares excès de violence. On y traite d’amnésie donc, de personnalité, de vengeance, de maladie incurable, de responsabilité personnelle envers nos actions, d’amour évidemment, et même à de plus hauts niveaux, de fin du monde, rien que ça. Le tout est plutôt bien écrit, même si on n’échappera pas aux moments de fan service, ou un peu niais. Sur ces derniers points ceci dit, Gust s’est quelque peu calmé, puisque maintenant, même sous la douche, nos personnages portent des maillots, contrairement au premier opus qui les dénudait et camouflait le tout par des angles définis, de la vapeur ou d’autres éléments du décor. Bref dans le fond, c’est plutôt solide, c’est léger dans l’ensemble malgré les thèmes, bref, c’est du Gust tout craché. Et le reste ? Et bien on pourrait dire que c’est là aussi du Gust tout craché.
Si la direction artistique, identique au premier, fait toujours des merveilles, que ce soit pour les personnages, les décors variés que l’on explore dans les Heartscapes, chacun étant divisé en trois zones, dans lesquelles on reviendra souvent une fois un outil débloqué pour accéder à des endroits secrets, il faut bien avouer que techniquement, c’est comme toujours daté. Charmant, coloré, doux, fluide et sans une seule chute de framerates sur Playstation 4 (Pro), mais daté. Le titre aurait très bien pu sortir sur Playstation 3 et tourner facilement avec justes une vitesse d’image sans doute un peu plus faible. Mais cet aspect technique daté, on commence à y être habitué depuis le temps. Quant à la boucle de gameplay, elle est bien connue des amateurs, puisque l’on alterne exploration des Heartscapes, faisant office de donjons donc, avec un boss à la fin, et les moments plus posés dans l’école où l’on va améliorer notre niveau de vie, parler à nos camarades pour augmenter notre affinité avec eux, obtenir des bonus, puis on va faire cuire des plats pour récupérer de la vie lors de nos prochains affrontements (même si au final, ce sera peu utile), ou construire de nouveaux bâtiments ou accessoires. Si le craft d’accessoires n’est pas nouveau pour Gust, faisant un peu office d’alchimie dans la saga des Atelier, nous forçant à crafter des haches ou autres pour franchir des obstacles dans des zones déjà explorées, le côté world building lui est nouveau et vient ajouter un peu de boost à la formule.
Alors oui, certains s’y étaient déjà essayés, comme par exemple Spike Chunsoft avec leur jeu Zanki Zero (que je dois finir, car j’adore l’ambiance et l’histoire, mais certaines énigmes sont… raaaaaaaaaaah), et voir cet élément dans Blue Reflection Second Light est vraiment sympathique. Pas bien difficile, mais sympathique. On récupère les bons matériaux, on construit des bâtiments ou stands qui feront plaisir à certains membres de notre équipe, débloquant de nouvelles scènes, et le bâtiment en question viendra nous donner un bonus (permanent ou à activer en échange d’objets) une fois en combats, en plus de débloquer des possibilités de rendez-vous avec tous les membres de notre équipe, pour en apprendre plus sur elles, sur leur passé, sur ce qu’elles aiment, et ainsi augmenter leurs niveaux et obtenir de nouvelles compétences, passives ou actives, en combats. Le tout se mêle plutôt bien au reste des mécaniques, et le tout se fait très naturellement. Surtout que la plupart des personnages sont intéressants, et donc, que l’on prend plaisir à en apprendre plus sur elles. Enfin, la plupart, car rien à faire, mais Kokoro, avec nous dés le début de l’aventure (c’est son donjon que l’on explore en premier) n’a pour moi qu’un seul don : celui de m’énerver, tant son personnage est peu intéressant comparé aux autres et me donne envie de la baffer par moment. Au moins, elle se rattrape en combats, avec des attaques à distance qui font mal.
Et donc, parlons-en des combats. Fonctionnant un peu dans le même style que le premier opus, ils sont dynamiques bien qu’étant dans un tour par tour (en temps réel), ils ne sont souvent pas bien compliqués, et pour peu que vous effectuiez les nombreux à côté, peu d’ennemis représenteront un grand danger pour vous. Si vous faites par contre le jeu en ligne droite, alors oui, vous allez passer à côté du background et de quelques informations utiles sur les personnages, mais les combats offriront parfois bien plus de challenge. Agréables, dynamiques, mais comme pour le premier jeu, malgré tout trop faciles. Même constat en ce qui concerne les combats de boss. Un par chapitre, et donc plutôt nombreux, s’ils peuvent intimider lors de leur apparition et des premiers tours des combats, ils ne font alors plus le poids face à nous dés lors que quelques tours sont passés, que l’on peut effectuer plusieurs attaques de suite, voir débloquer des super attaques et briser leur garde. Le jeu préfère la fluidité plutôt que la difficulté, et pourquoi pas. Dommage par contre que les musiques du jeu soient clairement en dessous du précédent. Pour les moments doux ou d’ambiance, on retrouve d’ailleurs quelques thèmes déjà là, mais les musiques plus rythmées, notamment celles des boss, déçoivent, manquant un peu de peps. Dommage.
L’aventure quant à elle, dans sa globalité, prendra comme pour le premier environ 30 heures voir moins pour en voir le bout. Seulement contrairement aux habitudes du studio, si vous voulez le saint 100%, il faudra clairement ce coup-ci se taper un second run, maximiser l’intégralité du casting étant tout simplement impossible en ne faisant l’histoire qu’une fois. D’ailleurs, ce n’est pas le seul constat, puisque le jeu se permet des petits changements lors du final en fonction d’un choix lors du jeu. Un changement minime et anodin, mais par contre, la véritable fin, elle, s’obtient bel et bien en faisant le jeu une seconde fois. Alors certes, en refaisant un tour aux côtés d’Ao, nous conservons la moitié des niveaux obtenus pour chaque personnage, ce qui facilite encore plus les combats et la progression, mais étant donné que l’on connait déjà les personnages, leur passé et révélation, et que la narration est exactement la même sans aucun changement, cela vaut-il le coup ? Le genre de vraie fin plus frustrante qu’autre chose à obtenir. Néanmoins, le jeu est dans la continuité du premier opus, plaira aux amateurs de celui-ci, mais aussi des jeux du studio en général, et aux amateurs de JRPG tant qu’ils n’attendent pas un challenge hardu. Par certains aspects, ce second opus est même meilleur !
Les plus
Une direction artistique qui fait encore mouche
Un ton doux, et une narration maitrisée
La plupart des personnages, attachants
Un jeu fluide aux environnements variés
Durée de vie correcte pour le genre
La construction dans l’école
Les moins
Techniquement toujours daté
Toujours assez facile comme le premier
Les boss, un peu décevants
En bref : Blue Reflection Second Light est un peu comme son ainé. Simple oui, sans grande difficulté, mais très plaisant à parcourir, doux et zen, malgré des thèmes parfois durs, mais souvent abordés avec finesse. Ça a les défauts habituels des productions Gust (technique en retard, difficulté peu élevée), mais l’aventure se parcourt avec plaisir durant toute la durée de l’aventure.