HELLRAISER de David Bruckner (2022)

HELLRAISER

Titre Original : Hellraiser
2022 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 2h01
Réalisation : David Bruckner
Musique : Ben Lovett
Scénario : Ben Collins et Luke Piotrowski

Avec Odessa A’Zion, Jamie Clayton, Adam Faison, Drew Starkey, Brandon Flynn, Aoife Hinds, Jason Liles, Yinka Olorunnife et Selina Lo

Synopsis : Une jeune femme aux prises avec une dépendance entre en possession d’une ancienne boîte à puzzle, ignorant que son but est d’invoquer les cénobites, un groupe d’êtres surnaturels sadiques d’une autre dimension.

Hellraiser et moi, c’est une longue histoire d’amour, qui a débutée alors que j’étais sans aucun doute bien trop jeune pour prendre pleinement conscience de tout ce qui se déroulait devant mes petits yeux innocents. Oui, alors qu’à six ou sept ans, les enfants sont traumatisés par la mort de la mère de Bambi, moi je voyais Julia ramener des hommes pour que Frank retrouve une peau et puisse fuir les cénobites. Chacun son truc vous me direz. Et du coup, Hellraiser, au cinéma en tout cas, si on ne va pas se mentir car la série est dans le purgatoire des DTV depuis le quatrième opus (qui date de 1996 hein, quand même, et que j’avais réussi à voir en salles à l’époque), c’est un de mes univers favoris. En fait oui, voilà, plus que les films, car c’est souvent bien pourri depuis le troisième opus, c’est l’univers qui me passionne. Les cénobites oui, mais aussi la configuration des lamentations, le labyrinthe, Leviathan, ceux qui parviennent à revenir de l’enfer, et évidemment, Julia, cette garce que l’on adore suivre dans les deux premiers opus, un peu à l’image de Diana dans les téléfilms V au début des années 80. Hellraiser, ça a échappé à Clive Barker dés le troisième opus, et entre les mains de Dimension Films et des frères Weinstein, c’est tombé dans l’enfer des DTV et surtout dans l’enfer des films fauchés qui débarquent tous les cinq ans juste pour s’assurer qu’ils conservent les droits. L’idée d’un remake ou d’un reboot, elle n’est pas nouvelle, elle date même du milieu des années 2000, les réalisateurs se sont succédés, Clive Barker lui-même avait écrit une version du scénario, mais au final, oui, rien. Jusqu’au scandale Weinstein, que les droits soient récupérés par Spyglass Pictures, que l’annonce d’un reboot soit là, et que le tout ne soit officiellement scellé par un Hulu Originals. Et donc, chez nous, un film Disney +, tout comme Prey durant le mois d’Août. L’ironie de tout ça, c’est qu’au milieu des années 90, lorsque Dimension Films produisait Hellraiser 4, Halloween 6 ou Scream, ça avait fait scandale, puisque Dimension appartenait à Miramax, qui appartenait jusqu’au début des années 2000 à Disney.

Bon, c’était long, mais on peut enfin parler de ce reboot de Hellraiser, cette version 2022 estampillée Hulu, qui avait fait peur à beaucoup de monde, car en effet, pour un film sortant le 7 Octobre, la bande annonce ne débarqua que deux ou trois semaines avant la sortie, et les photos étaient rares. On pouvait craindre un film boiteux dont tout le monde a honte, mais pourtant, avec David Bruckner à la mise en scène, dont j’avais beaucoup aimé son film The Ritual, la perspective d’un Pinhead différent et joué par Jamie Clayton (dans le fond, une idée intelligente pour empêcher la comparaison avec Doug Bradley), et donc ce trailer, qui laissant penser à un film Hellraiser qui ressemble enfin à un vrai film, j’étais confiant. Et malgré sa durée de deux heures, et quelques défauts évidents, et bien on ne va pas se mentir, on a là clairement le meilleur opus depuis le second. Comme pour Predator et Prey tiens ! Surtout car on a là un film déjà respectueux de l’univers créé, qui veut s’inscrire dans le lore existant et le développer à sa manière, afin de plaire aux anciens fans mais aussi pouvoir être accessible aux nouveaux spectateurs. Mais aussi surtout car on a un film qui est cohérent envers lui-même (oui, on n’est pas dans Hellraiser Revelations), et qui, comme je le disais, ressemble à un film. Pourtant, on se doute, le budget n’a pas dû être énorme, il suffit de voir que le film a majoritairement été tourné en Serbie et qu’une énorme partie de l’équipe technique est Serbe. Preuve que rebooter Hellraiser, oui, les producteurs le voulaient, ils voulaient le faire bien, mais que pour avoir un film qui a de la gueule, il a bien fallu faire des économies quelque part, et un tournage en Serbie aide. La bonne idée de ce reboot déjà, d’entrée de jeu, c’est déjà de ne pas être un remake de Hellraiser. Techniquement, cela pourrait très bien être juste une suite, une extension de son univers. Ce qu’il est en réalité, jamais le métrage n’efface clairement les anciens films de la saga, enfin, du moins, le peu de bons opus.

Nouvelle intrigue, nouveaux personnages, et de nouveaux concepts en ce qui concerne la boite, et l’enfer et ces cénobites. Tout en étant fidèle, en plaçant quelques clins d’œil sans pour autant en devenir lourd. Nous suivons donc Riley, ancienne junky sobre depuis six mois, en couple avec Trevor, qui a une relation conflictuelle avec son frère. Lorsque Trevor lui propose de voler le contenu mystère d’un entrepôt pour se faire un peu d’argent, voilà la jeune femme propriétaire d’une boite bien connue des fans, qu’elle ouvrira. Premier point, et très bon point, la boite, décrite comme un puzzle depuis le premier film, est ENFIN un vrai puzzle, avec six configurations différentes. Six configurations qui ne sont pas anodines, puisque dans son extension de la mythologie déjà établie, les six configurations sont donc là pour six sacrifices, six âmes pour les cénobites, avant de pouvoir enfin obtenir une récompense de la part du dieu Leviathan. Simple, mais une idée pour étendre l’univers sans le trahir intéressante. Et je n’en dirais pas plus. Visuellement, le film a clairement de la gueule. On sent une vraie envie de bien faire, et une vraie mise en scène de cinéma, ce qui manquait depuis un bon bout de temps dans la saga. Le casting est plutôt bon, que ce soit niveau humains ou cénobites. Jamie Clayton est, comme beaucoup l’auront déjà dit, convaincante en Prêtre de l’enfer (car oui, Pinhead, ça n’a jamais été un nom officiel), et les personnages humains, s’ils ne sont pas non plus exceptionnels, sont loin, très loin d’être les pires de la saga. En réalité, s’ils ne brillent pas, ils sont suffisamment développés pour avoir de la substance et ne pas juste être des personnages que l’on suit juste pour les voir souffrir. Au niveau sonore, c’est aussi du bon boulot, avec de bonnes nouvelles compositions, et la reprise des thèmes les plus emblématiques composés par Christopher Young il y a plus de trente ans de ça. Autant dire que ça fait plaisir aux oreilles.

Hellraiser oblige, le film contient du gore et du sexe. Sans pour autant se sentir obligé en réalité d’en faire trop, ce qui aurait pu faire tomber le tout dans le ridicule. C’est sanglant, sans jamais être complaisant, sans jamais insister, mais sans jamais non plus sentir comme de l’auto-censure, même si au final, j’aurais bien aimé un peu plus de chair. Par contre, la plus grande réussite du métrage, c’est la compréhension de l’univers par son réalisateur et ses deux scénaristes. La présence de Clive Barker comme vrai producteur du film a dû clairement aider. Oui, les cénobites ont perdus en cuir, pour un design plus charnel, et au final, ça fonctionne bien. Leviathan et le labyrinthe, malheureusement peu présents, enfin, pas assez à mon goût, sont représentés avec respect et surtout donnent envie d’en voir plus. Les personnages sont certes des jeunes, plus classiques, mais leurs liens et certaines thématiques sont clairement compatibles avec l’univers de Clive Barker. Et justement, le film a enfin compris que le cœur de Hellraiser, c’est son univers, et les personnages humains qui se retrouvent confrontés à cet univers (Julia et Kirsty dans les deux premiers films), et non pas les cénobites (coucou Hellraiser 3 et 4) ou des enfers trop bibliques (coucou Hellraiser 5 et 6). Ainsi, le lore est là, l’univers s’étend, mais les cénobites ne bouffent pas l’écran, et ne sont pas là pour juger les personnages suivant nos critères, mais les leurs. Hellraiser fait de nombreux choix, certains excellents et plaisants à mes yeux, et d’autres qui m’auront, et cela reste subjectif, pas du tout plu (comme le sort d’un des cénobites) ! De même, si le film m’a conquis dans ses grandes lignes, il faut rappeler que ça dure deux heures, et que 15 minutes de moins n’aurait pas fait de mal au film, même si là, pour le coup, j’ai envie de voir une suite possible.

Les plus

Enfin un look professionnel
Le nouveau Pinhead, différent et convaincant
Un film qui explore énormément son univers
Beaucoup d’idées
Le film n’est pas un remake
Certains nouveaux cénobites

Les moins

Une poignée d’idées qui diviseront
Un peu trop long

En bref : S’il y a bien une saga qui parvient à faire son grand retour en 2022, c’est Hellraiser. Non pas que l’on soit face à un grand film ou un chef d’œuvre, mais un film respectueux, qui ne refait pas la même chose, et surtout qui ressemble enfin à un vrai film, soit beaucoup de qualités dont certaines manquaient à la saga depuis 1992, soit le piteux Hellraiser 3.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Finally, it looks like a real film
♥ The new Pinhead, convincing and different
♥ The film explores the world and its key elements
♥ Lots of ideas
♥ It’s not a remake
♥ Some new cenobites are pretty cool
⊗ Some ideas could be divisive
⊗ A bit too long
If there is one saga which did a big come back this year, it’s Hellraiser. Not because it’s a great film or a masterpiece, but a respectful movie, it doesn’t simply does the same thing again, and it finally looks like a real film… It means it has a lot of qualities missing to the other films of this franchise since 1992 and the horrible Hellraiser 3.

4 réflexions sur « HELLRAISER de David Bruckner (2022) »

  1. Enfin ! Le dernier projet qui m’était parvenu aux oreilles était celui de Bustillo et Maury. J’ai avais aussi oui dire d’une version série. Visiblement, tout cela disparat dans le labyrinthe pour laisser place à ce real que je ne connais pas. Il a apparemment bien saisi la substance émanant de l’œuvre de Barker, film comme roman. Je suis curieux de voir ça.

    1. Une bonne surprise honnêtement, surtout si comme moi, tu aimes l’univers (la qualité des films étant à part, exception faite des deux premiers, et du début du 4) Je me souviens oui de Bustillo et Maury, c’était les premiers dessus je crois dans la seconde moitié des années 2000, encore pour Dimension Films à l’époque. La série, bien content que ce ne soit plus à l’ordre du jour. Même si ça pourrait clairement étendre l’univers, le lore, en montrer plus, je ne suis pas assez série pour valider ce choix, surtout que à 100% il n’y aurait jamais eu de physique pour (alors que les prods Hulu, comme Prey ou ce Hellraiser, auront plus tard une sortie physique aux States, et ça c’est cool). Je connais par contre, à l’exception de THE RITUAL et de son sketch pour VHS, très peu le réalisateur, mais le peu que j’en ai vu est assez encourageant. THE RITUAL avait une très bonne ambiance et évitait les jumpscares. Pareil d’ailleurs pour ce HELLRAISER, pas un seul jumpscares dedans, une mise en scène sobre et lisible, et ça fait plaisir.
      Et le film étant plutôt bien accueillit pour le moment par le public et la critique, c’est bon signe. Car comme je le dis, même si en soit le film est un poil trop long avec ses 2h au compteur, j’aurais néanmoins aimé en voir plus, niveau labyrinthe (les images les plus marquantes du second opus pour moi), et donc la perspective d’avoir par la suite une suite d’un aussi bon niveau, ben ça laisse rêveur après autant d’opus fauchés et sans aucune ambition artistique.

  2. C’était sympa en effet. Je trouve que ce n’est pas assez « méchant », par exemple la meilleure scène du film, la camionnette en fuite et la nana qui y passe derrière, j’aurais aimé en avoir deux ou trois comme ça. Mais ce réal est intéressant et ne se moque pas de son sujet – bien aimé THE RITUAL, et adoré THE NIGHT HOUSE.

    1. Oui avec le recul, ça reste souvent trop clean, trop gentil. Mais bon, encore une fois, moi je sors de l’intégrale, donc forcément, le niveau remonte énormément malgré tout, après les opus précédents juste catastrophiques et n’ayant rien de cinématographiques. Il aurait été intéressant de savoir par contre si le film a fonctionné autant qu’ils l’espéraient, car mine de rien, beaucoup de choses dans l’univers qui pourraient être explorés et donner du très bon par la suite. Il faudrait que je tente son NIGHT HOUSE vu qu’en effet, bon réalisateur, appliqué.

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