DEEP WATER (Amphibious 3D) de Brian Yuzna (2010)

DEEP WATER

Titre original : Amphibious 3D
2010 – Indonésie
Genre : Monstre aquatique
Durée : 1h23
Réalisation : Brian Yuzna
Musique : Fons Merkies
Scénario : San Fu Maltha, John Penney, Somtow Sucharikul et Brian Yuzna

Avec Michael Paré, Janna Fassaert, Francis magee, Francis Bosco et Monica Sayangbati

Synopsis : Skylar Shane est une biologiste qui engage le capitaine Jack Bowman pour l’aider à trouver des échantillons sur les côtes asiatiques. Aux alentours d’une plateforme pour la pèche, ils ignorent qu’un scorpion géant est dans les parages.

Depuis 2005 et son Beneath Still Waters, rebaptisé en France La Malédiction des Profondeurs, les fans attendaient le retour de Brian Yuzna, en espérant que celui-ci nous revienne en grande forme. Car il faut bien l’avouer, son cinéma n’était plus ce qu’il était. Producteur réalisateur culte dans les années 80 et 90, en nous livrant Society, Le Retour des Morts Vivants 3, Necronomicon ou encore Le Dentiste, Yuzna s’était réfugié en Espagne au début des années 2000, où il nous livra quatre films en tant que réalisateur, et en profita pour produire d’autres métrages plus (Dagon, Darkness) ou moins (Arachnid) glorieux. Et après deux films très prometteurs (Faust et Beyond Re-Animator), c’est le drame. Comme si Yuzna laissait de côté ce qui faisait de son cinéma quelque chose de différent. Adieu les délires barrés gores, les visions sanglantes décalées, et adieu l’érotisme se mélangeant à la violence. En signant l’ignoble Rottweiler puis le très décevant La Malédiction des Profondeurs, Yuzna se perdait et livrait des produits classiques comme on en voit tant. Son nouveau film, Amphibious 3D, renommé en France Deep Water (je ne comprend toujours pas la logique…), arriva finalement en 2010 (mais début 2013 en France), et ne faisait que confirmer les peurs. Oui, Yuzna se contente de filmer des histoires simples et déjà vues. Oui, ce que l’on aimait chez Yuzna n’est plus.

Dès le début, le métrage s’impose dans la continuité de la filmographie de son auteur. Producteur (avec sa nouvelle boite de prod Komodo Films), réalisateur et coscénariste de la chose, Yuzna continue de viser un public international, sans pour autant tourner aux Etats Unis. Cette fois-ci production entre l’Indonésie et les Pays Bas, Deep Water est tourné encore une fois en anglais, avec des acteurs locaux et américains, et Yuzna continue de filmer… des créatures et de l’eau. Après le chien dans Rottweiler, il s’agît donc ici d’un scorpion géant. Et oui, Yuzna retourne en milieu aquatique après son film précédent. Nous sommes donc en terrain connu, surtout qu’un autre des scénaristes du film n’est autre que John Penney, qui avait déjà travaillé pour Yuzna sur Le Retour des Morts Vivants 3). Beaucoup d’éléments sont donc là pour livrer aux spectateurs ce qu’il attend d’un film de Brian Yuzna. Plus grande en sera la déception, même si en soi, Amphibious 3D n’est pas non plus un mauvais film. Le principal souci du métrage est son scénario. Classique dans ses thèmes, mais aussi dans ses personnages et dans son déroulement, le métrage ne réserve aucune vraie surprise, et ne parvient à aucun moment à se différencier de tous ces autres produits d’animaux géants. Pire, Yuzna va parfois utiliser des effets à la mode pour mettre son film en image, le plus souvent sans le recul nécessaire pour rendre le tout savoureux, comme il avait l’habitude de le faire avant. Ainsi, le film débute par une vidéo trouvée, filmée par un personnage, procédé à la mode aujourd’hui. Yuzna cède également à l’appel de la 3D, qui, avouons le, ne sers pas franchement à grand chose, sauf, oh miracle, lors du plan final où Yuzna y trouve une utilisation judicieuse bien que tardive. Pour le reste, aucune surprise également, on se retrouve devant un film marin avec un animal un peu méchant qui va bouffer l’intégralité du casting. Ce manque d’original va s’avérer triste pour le métrage, qui va alors avoir beaucoup de mal à trouver son rythme de croisière.

Quelques bonnes idées trainent à quelques endroits, mais ne seront jamais exploitées. Le début du film, nous présentant les différents personnages, sera plutôt laborieux, tant on semble tout deviner par avance, et tant tout semble trop calculé. Les personnages eux sont transparents et pire, ne servent pas toujours le récit, comme Jack, joué par Michael Paré, qui passe son temps à vouloir prendre une décision, puis à partir lorsque les choses sérieuses commencent, avant de revenir pour le final. Inutile. Dans le fond, oui, Amphibious 3D déçoit de la part de Yuzna, et ne vaut pas grand chose. Quand est-il de la forme ? Et bien c’est finalement de là que Yuzna va parvenir à surprendre, en s’appliquant réellement pour livrer une mise en scène solide. Les mouvements de caméra, l’enchaînement des plans et des scènes, la photographie, c’est un travail carré et très propre auquel le réalisateur ne nous avait presque plus habitué (avouons le, certains de ses films ont souvent un aspect de téléfilm de luxe). Malgré un début très long à démarrer, Amphibious 3D fait plaisir aux yeux, il est visuellement soigné. On aurait apprécié que Yuzna, avec cette maîtrise, en fasse de même lorsque la bête est finalement là pour tuer le casting, mais nous sommes ici en présence d’un film plutôt calme. Le sang est certes présent, mais aucun gros débordement (sauf une courte scène) auquel l’auteur nous a habitué. Le scorpion lui se fera plutôt discret, ne faisant dans un premier temps apparaître que son dard ou bien une pince ou deux au détour de quelques scènes, et pour une production au budget si limité, on pourra même dire que ça tient plutôt bien la route. Son animation lorsque la bête apparaît en entière laisse certes à désirer et retire de la crédibilité aux rares affrontement, mais un certain soin a néanmoins été apporté pour que l’ensemble tienne la route (ombres, finalisations). Si seulement le scénario avait fait preuve de plus de folies en sortant des sentiers battus, nul doute que le métrage aurait pu être le retour de Yuzna. Il n’en sera rien, et si on est loin de la catastrophe, le métrage s’oublie très rapidement.

Les plus

Une mise en scène solide
Quelques effets sanglants
Le scorpion pas trop mal fait finalement

Les moins

Scénario très classique
Met du temps à démarrer
Trop calme
Des personnages transparents

En bref : Déception de la part de Brian Yuzna, le métrage se laisse regarder sans soucis mais ne marquera pas les esprits, la faute à de nombreux défauts gênants.

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