PREDATOR BADLANDS de Dan Trachtenberg (2025)

PREDATOR BADLANDS

Titre Original : Predator Badlands
2025 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h47
Réalisation : Dan Trachtenberg
Musique : Sarah Schachner et Benjamin Wallfisch
Scénario : Patrick Aison

Avec Elle Fanning, Dimitrius Schuster-Koloamatangi, Ravi Narayan, Michael Homik, Stefan Grube, Reuben de Jong, Cameron Brown et Alison Wright

Synopsis : Un jeune Predator paria de son clan trouve un allié improbable lors de son voyage à la recherche de l’adversaire ultime.

On le savait lorsque Disney a sorti le chéquier pour s’acheter la 20th Century Fox, que ça allait faire comme pour LucasFilms, et que les anciennes sagas cultes d’antan allaient revenir tôt ou tard. Plutôt tôt que tard. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour le moment, le résultat est plus que mitigé. Si on se penche sur l’Alien par exemple, Alien Romulus n’apportait rien, jouait la carte de la sécurité et du fan service, et ça restait divertissant, surtout car il venait après Prometheus et Alien Covenant qui avaient plus que divisés. Mais vint la série Alien Earth, qui si elle apporte des idées, n’a pas le talent derrière pour les concrétiser, entre son rythme lent, ses personnages tous stupides, et son Alien filmé de face en plein jour. Quand au Predator, il a un peu eu le même traitement, d’abord avec le film Prey, signé Dan Trachtenberg, qui revenait à la base du mythe, avec une formule identique au premier film, mais en la transposant à une autre époque. C’était finalement aisément le meilleur opus depuis Predator 2. Puis vint le film d’animation surprise Predator Killers of Killers (que je n’ai point vu), puis le retour du monstre sur les écrans de cinéma avec ce Predator Badlands, aidé pour le coup par le plus gros budget de la saga, plus de 100 millions, ce qui reste totalement fou vu les scores des précédents de manière générale. Est-ce que le succès d’Alien Romulus (plus de 300 millions au box-office pour 80 de budget) a donné des ailes à Disney ? C’est possible. Dan Trachtenberg reste aux grandes lignes du scénario et à la mise en scène, devenant donc en quelque sorte l’architecte de cet univers Predator depuis Prey, mais forcément, avec un tel budget, il y a comme un fossé entre les ambitions du film, claires et nobles, et le résultat, plus commercial et safe. Car d’entrée de jeu, écrire sur Predator Badlands est difficile, car nous avons là un très mauvais film Predator, et un film que je n’ai pas spécialement apprécié, mais un film néanmoins propre, rythmé, court et hautement divertissant. Paradoxal. On pourra dire qu’au moins, c’est meilleur qu’Alien Earth vu qu’on ne s’ennuie pas, et meilleur que Blanche Neige vu que les CGI ne nous donnent pas de cauchemars, et que Tron Ares car le film enchaine les scènes d’action.

Mais oui, le souci, c’est la mise en application des idées. Car reconnaissons au réalisateur le choix judicieux de changer la formule. Depuis le premier film, l’on suivait toujours un personnage qui voyait son entourage se faire buter par le Predator, puis devoir devenir plus malin que le prédateur ultime pour gagner. Une formule qui a fait ses preuves sur les deux premiers films, qui est vite devenue une routine maladroite par la suite, et que ce Predator Badlands prend à revers en faisant de notre alien préféré (enfin, non, je préfère le xénomorphe, bref) le protagoniste. Une idée brillante, qui change donc notre point de vue, et pouvait permettre de changer radicalement la narration, nos acquis, et les enjeux. Sauf que, sans doute vu le budget, il a fallu arrondir beaucoup d’angles. Notre Yautja donc a des motivations ultra humaines (prouver sa valeur au clan, venger son frère), réagit comme un humain (l’énervement, la détermination, l’envie de vengeance, l’amitié) et qu’au lieu de jouer à fond la carte du dépaysement en faisant du Yautja l’unique protagoniste, on lui flanque rapidement dans les pattes deux autres personnages, avec Elle Fanning en androïde de la Weyland Yutani, la société d’Alien donc, et une petite créature aux grands yeux histoire de vendre des jouets… Predator Badlands n’est donc pas l’œuvre sur le point de vue du chasseur, mais au final un film profondément humain dans chacune de ses mécaniques, et qui prend rapidement des airs de buddy movie. Je ne m’offusquerais par contre pas du fameux PG13 du film, qui aura fait crier beaucoup de monde, tant on sait que la censure Américaine est déjà incroyablement stupide, et qu’en effet, en n’ayant aucun humain dans le film (des monstres, créatures et des androïdes), le sang de couleur rouge n’est pas présent. Et pour la censure US, on peut démembrer des monstres, tant que ça ne saigne pas rouge, c’est bon. Mais voilà, en son cœur, Predator Badlands contient de gros soucis, pas seulement vis-à-vis des attentes du public des films Predator, mais de son univers tout simplement, en rationnalisant une culture extra-terrestre et en faisant, morphologie à part, quelque chose de très proche de notre propre civilisation. Ça et le côté buddy movie, avec Elle Fanning parlant tout le temps et faisant des blagues, et on tient bien là sans doute le pire Predator. Et pourtant, Elle Fanning est une actrice talentueuse que j’adore, et la limiter au personnage comique du film, c’est triste, et ce même si elle joue un double rôle.

Tout ça, c’est très dommage, et ça implique forcément une forte déception. Contrebalancée par ce qu’il reste à côté, car si mauvais Predator, Badlands n’est pas un mauvais film pour autant. Sur un point, il parvient même à faire mieux que Predators, qui nous vendait une planète alien pour juste nous mettre une jungle normale avec deux lunes dans le ciel, youpi. Badlands lui joue à fond sur son environnement, avec une faune, une flore, une géographie qui se permet beaucoup de choses, aidé par un gros budget pour concrétiser tout ça à l’écran. Et bien entendu, Trachtenberg n’est pas un mauvais réalisateur, et il le prouve encore une fois, il sait filmer, il sait où placer sa caméra, et en prime, il ne perd que peu de temps, enchainant les affrontements contre énormément de créatures différentes, jouant sur l’environnement comme ce champ où l’herbe coupe, et ses plantes tirant des épines qui endorment. Tout est potentiellement dangereux dans cet environnement, et cela fait plaisir à voir. Jamais on ne s’ennuie devant le métrage, et c’est bien là sa plus grande force au final. Il ne se moque pas de nous dans son contenu, multiplie les affrontements, les créatures, change de décors assez souvent (la jungle, des ruines, des vaisseaux en ruine, des bases humaines). Dommage que dès lors qu’il se pose un poil, c’est pour nous offrir une scène autour d’un feu de camp qui sera à même de faire soupirer beaucoup de monde, avec dialogue sur l’amitié, sur la famille. Un peu plus et Vin Diesel débarquait. Dommage tout ça. Le souci n’est donc pas dans la forme, ni dans l’ambition, mais dans la mise en application, dans l’exécution du fond. Pour le coup, la présence de Disney en fond se fait réellement sentir, plus que dans Prey ou Alien Romulus. L’ironie, c’est que le film aurait pu être bien supérieur s’il n’avait pas été dans la franchise Predator, on l’aurait simplement qualifié de sympathique blockbuster. Ce qu’il est, mais son rattachement à la franchise en fait forcément une œuvre plus difficile à classer, et à apprécier. Ceci dit, vu le flop du film (184 millions récoltés pour un budget de 105), possible que Disney y réfléchisse un peu plus avant de continuer dans la même direction, même si ça ne les arrêtera pas dans leur ambition de livrer un nouveau Alien VS Predator.

Les plus

Un blockbuster divertissant
Une faune et flore utilisée
Beaucoup d’action, un bon rythme
Visuellement c’est souvent beau
J’aime bien Elle Fanning

Les moins

Un très mauvais film Predator
Le Predator, humanisé à fond
Un film qui devient un buddy movie sur l’amitié…
Elle Fanning qui n’est que l’apport comique…

En bref : Predator Badlands, s’il reste dans les faits un blockbuster bien filmé, rythmé et divertissant, est un mauvais film Predator. L’idée de faire du Yautja le protagoniste est bonne, mais comme s’il en avait peur, le film décide d’humaniser le tout, alors qu’aucun humain n’est dans le film.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ An entertaining blockbuster
♥ Good use of wildlife and flora
♥ Lots of action, good pacing
♥ Visually stunning
♥ I like Elle Fanning
⊗ A very bad Predator movie
⊗ The Predator, too humanized
⊗ A film that becomes a buddy movie about friendship…
⊗ Elle Fanning is only there for comic relief…
Predator: Badlands, while undeniably a well-shot, fast-paced, and entertaining blockbuster, is a bad Predator film. The idea of ​​making the Yautja the protagonist is good, but as if afraid of them, the film decides to humanize them, even though no humans appear in the film.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *