A CROWD OF THREE (ケンタとジュンとカヨちゃんの国) de Omori Tatsushi (2010)

A CROWD OF THREE

Titre original: Kenta To Jun Kayo-Chan no Kuni – ケンタとジュンとカヨちゃんの国
2010 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h11
Réalisation : Omori Tatsushi
Musique : Ôtomo Yoshihide
Scénario : Omori Tatsushi

Avec Matsuda Shôta, Kôra Kengo, Andô Sakura, Miyazaki Masaru et Emoto Tasuku

Synopsis : Kenta et Jun sont deux amis, élevés comme des frères dans le même orphelinat. Ils travaillent tous les deux dans une entreprise de démolition. Un salaire misérable, des conditions rudes, et un supérieur, Yuya, qui s’acharne sur eux. Un jour, les deux gommes sortent draguer et font la rencontre de Kayo. Jun la séduit et va s’installer chez elle. Un soir, alors que Kenta et Jun veulent détruire la voiture de Yuya avant de s’enfuir, ils finissent par prendre la route du Nord en compagnie de Kayo.

A Crowd of Three est un road movie contemplatif, se basant avant tout sur ses personnages. Il s’agît du second métrage de Omori Tatsushi après Les Murmures de Dieux en 2005. Cinéaste indépendant et original, Omori fait des films à sa façon, quitte à ne pas prendre le spectateur avec des pincettes. Pour son second film, c’est le cas, puisque dès la scène d’ouverture (un anniversaire), il ne nous prend pas par la main, comme pour nous forcer à rentrer dans une histoire qui a déjà commencée. Cela s’en ressent encore plus par la suite, avec de nombreux flashbacks venant développer les personnages, qui aux premiers abords, semblent un peu paumés, voir vides, un peu comme le spectateur, catapulté dans une aventure étrange. Nous faisons la connaissance de Kenta et Jun alors qu’ils sont jeunes adultes, au travail sur un chantier. Yuya, leur chef, abuse d’eux sans raison apparente, les ridiculise, les fait travailler plus pour un salaire de misère. Pour eux, c’est trop, et leur rencontre la nuit avec Kayo, alors qu’ils sortaient pour draguer, ne va pas arranger les choses. Le réalisateur ose un peu tout, passant d’une voix off à une autre, parfois d’un petit moment de vie à un autre, d’une critique sociale à des discussions amoureuses, donnant à son métrage un aspect varié, étrange, séduisant mais également fragile. Il nous propose de suivre des personnages qui, à l’image de son film, sont paumés, fragiles, sont des loosers.

Et rapidement, le film atteint son point de rupture, et Kenta et Jun décident de détruire la voiture de leur patron, détruire le bureau de la société, voler du matériel, avant de partir pour un road trip, en emmenant, un peu contre leur volonté, Kayo avec eux. Et c’est à partir de là que le film va prendre son temps, pour développer ses personnages, nous les faire aimer, parfois détester un peu, quitte à étendre la durée de certaines scènes, comme lorsque Kenta va rendre visite à son frère ainé, Kazu, en prison. Plus il avancera, plus le film sera à l’image de ses personnages, un peu paumé, attachant mais un peu looser, passionnant mais tout de même un peu long. Le film va regorger de bonnes choses et de scènes magnifiques, mais par moment, quelques longueurs lors de scènes contemplatives vont apparaître et faire descendre quelques instants notre intérêt, avant de le faire remonter l’instant suivant de belle manière, un peu à la manière de la vie, la vraie. Car si le passé des personnages va rapidement dévoiler le pourquoi du comment des réactions des différents personnages, A Crowd of Life ne nous montre qu’une tranche de leur vie, leur fuite, leurs espoirs, et comme pour tout le monde, il y a des hauts et des bas.

Omori Tatsushi, pour son film, s’entoure d’acteurs en vogue et toujours dans le bon ton. Matsuda Shôta (Liar Game, Smuffler, et un paquet de drama) joue Kenta avec beaucoup de sobriété, tout en réussissant à faire passer à chaque instant la rage qui ne demande qu’à éclater à l’intérieur, et qui éclatera bel et bien devant la caméra de Omori, de manière réaliste. Kôra Kengo (Snakes and Earrings) joue Jun et se montre, comme Matsuda Shôta, très convaincant, bien qu’un peu moins en retenue. Pour compléter le casting avec une présence féminine, c’est Andô Sakura, la révélation de Love Exposure (aux côtés de Mitsushima Hikari) qui s’y colle, et on regretterait presque qu’elle n’ait pas plus de temps de présence à l’écran. Si son personnage s’avère parfois énervant, elle hérite de quelques scènes magnifiques malgré leur grande simplicité. Le casting est pour beaucoup dans la réussite simple de A Crowd of Three, film fragile, tantôt captivant, tantôt un peu longuet. Tout ceci avec quelques ruptures de tons, avec des moments dramatiques et durs, et l’instant suivant, des moments plus comiques.

Les plus

Réaliste
Des moments simples et beaux
De très bons acteurs

Les moins

Quelques moments un peu trop lents
Parfois fragile dans sa structure et son rythme 

En bref : A Crowd of Three est un film passionnant par moment, beau à d’autres moments, mais parfois aussi fragiles et un peu long.

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