NYMPHOMANIAC VOLUME 1 de Lars Von Trier (2013)

NYMPHOMANIAC VOLUME 1

Titre original : Nymphomaniac Volume 1
2013 – Danemark / France / Allemagne
Genre : Drame
Durée : 1h57 (version cinéma), 2h25 (Director’s Cut)
Réalisation : Lars Von Trier
Musique : –
Scénario : Lars Von Trier

Avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy Martin, Shia LaBeouf, Christian Slater, Uma Thurman et Sophie Kennedy Clark

Synopsis : Le parcours érotique d’une femme, raconté en huit chapitres successifs par le personnage principal, Joe, qui s’est auto-diagnostiquée comme étant une nymphomane.

Nymphomaniac aura beaucoup fait parler de lui avant sa sortie. Projet choc initié par Lars Von Trier, il fit parler de lui dés le lancement du projet quand le réalisateur annonça vouloir réaliser un film porno artistique. Puis ce fut lors de l’arrivée des premières photos sur le net, puis des affiches où l’on pouvait voir l’ensemble du casting en plein orgasme. Il aura fallut attendre le premier jour de 2014 pour jeter enfin un œil sur le premier volume. C’est avec quelques craintes que je m’étais lancé dans la vision de ce premier volume. Crainte qui continua lors des premiers instants du métrage. Crainte car si j’avais littéralement adoré le glauque Antichrist, Melancholia, malgré un début et une ouverture magistrale, m’avait plus ennuyé qu’autre chose. Puis il y a ce carton en début de métrage nous indiquant que nous avons là une version écourtée du film, validée par Lars Von Trier, mais qu’il n’a aucunement travaillé dessus. Puis le film commence véritablement en nous plongeant dans l’obscurité la plus totale, obscurité dont seul le bruit de gouttes d’eau viendra nous sortir de là avant l’apparition un peu plus de une minute plus tard de vraies images. Et deux heures plus tard, je peux annoncer que cette première partie de Nymphomaniac n’annonce que du bon et que Lars Von Trier signe là une grande œuvre, provocante il est vrai, mais loin des propos qu’il tenait lui même. Car là où certaines œuvres montrent ouvertement le sexe, gratuitement, Nymphomaniac lui le fait avec le vrai regard d’un cinéaste sur le sujet, et en parle clairement, en thème principal.

Rien n’est gratuit, et la condition du personnage de Joe, joué tour à tour par Charlotte Gainsbourg et Stacy Martin (lorsqu’elle est jeune) n’a rien d’excitant, puisque le métrage nous montre un personnage accro au sexe, toujours à la recherche de nouvelles expériences, et qui va souffrir de ce trop plein de sexe. Et si le sexe est bel et bien au cœur du récit, le sexe ne sera que rarement montré explicitement à l’image, moins de dix minutes sur ce premier volet durant deux heures. Nymphomaniac nous parle donc de Joe, que l’on découvre au début du film en mauvaise posture, et qui va raconter sa vie entière au personnage joué par Stellan Skarsgard, habitué des films de Lars Von Trier. Le film sera découpé en chapitre, chacun parlant d’une partie de la vie de notre héroïne, de son enfance à aujourd’hui, pour comprendre comment elle en est arrivée là. Et cette construction va permettre à Lars Von Trier de se réinventer très doucement dans le métrage, en changeant de style, de format d’image. Il ne sera pas rare de passer en format 4/3 (1.33) lors de certains chapitres, ou encore pour un sombre flashback d’avoir un chapitre entièrement en noir et blanc. Cette construction va également permettre au réalisateur des ruptures de tons, de mettre de l’humour dans son récit, de tourner avec énormément d’acteurs.

Et heureusement, le passage d’un chapitre à l’autre, avec ce retour perpétuel dans la maison de Stellan Skarsgard, fonctionne toujours à merveille. Lars Von Trier travaille son film, et rend son métrage passionnant, et surtout nous apprend énormément de choses, sur l’homme, son fonctionnement, mais également sur l’histoire, et bien plus. Chaque chapitre aura droit à son anecdote, ou même plusieurs, et c’est avec plaisir que l’on attend la prochaine anecdote. En révéler trop serait dommage et gâcherait la surprise. L’ensemble se suit sans accroche sur toute la longueur, et on pourra saluer le travail du réalisateur sur certaines trouvailles visuelles, sur certaines métaphores, mais également sur sa facilité à nous faire rire lors de scènes plutôt graves. On se rappellera longtemps de ce point de vue de la scène entre Stacy Martin et Shia LaBeouf, lorsque Joe veut perdre sa virginité, et surtout de la meilleure scène du métrage, unique scène de Uma Thurman, où le réalisateur parvient à nous faire rire sur une scène au sujet grave et triste, passant ainsi d’un sentiment à l’autre en permanence, sans faire tâche.

Oui, il y a énormément de choses à dire sur ce premier passionnant volume créé par Lars Von Trier, et surtout beaucoup de bonnes choses. Car outre l’inventivité du réalisateur pour se renouveler chapitre après chapitre, et ses nombreux changements de tons, on pourra également saluer l’utilisation de la musique classique tout le long du métrage (le reste de la musique étant d’un style bien différent, avec du Rammstein), et surtout les énormes prestations des différents acteurs. Si Charlotte Gainsbourg n’a plus rien à prouver dans le rôle principal (elle était phénoménale dans Antichrist), d’autres surprennent. Stacy Martin dans le rôle de la jeune Joe impressionne et se montre magnifique, tandis que Shia LaBeouf prouve qu’il a du talent et peut enfin avoir un rôle intéressant. Uma Thurman surprend également lots de son unique scène, dans un registre dramatique assez rare dans sa carrière. On pourra également noter la présence dans ce premier volume de Christian Slater dans le rôle du père de Joe, un acteur à la bonne trogne un peu oublié de nos jours. Pas parfait pour autant (une coupure trop nette pour la fin de ce premier volume), ce premier volume passionne et se fait surtout très intéressant.

Les plus

Une mise en scène sans cesse renouvelée
Des chapitres variés
Les changements de tons
Des acteurs tous parfaits

Les moins

Un final trop brut

En bref : Un premier volume très intéressant et porté par des acteurs parfaits, et une mise en scène qui se permet beaucoup de choses.

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