Titre original : Vampyros Lesbos
1971 – Espagne / Allemagne
Genre : Fantastique / Érotique
Durée : 1h29
Réalisation : Jess Franco
Musique : Manfred Hubler & Siegfried Schwab
Scénario : Jess Franco et Jaime Chavarri
Avec Soledad Miranda, Ewa Strömbert, Andrés Monales, Dennis Price et Jess Franco
Synopsis : Une jeune femme débarque sur une île au large des côtes turques pour une affaire d’héritage. Elle va y tomber sous le charme d’une femme-vampire : ses fantasmes et ses obsessions vont alors prendre corps.
Les années 70 auront été les années les plus actives pour Jess Franco, tournant majoritairement en Allemagne, en Espagne et en France. Et parmi tous ces métrages, il faudra bien différencier les métrages tournés avec le coeur, les oeuvres de commandes, et les métrages tournés à la va vite. Et encore, parmi tout ça, il faudra différencier également les métrages montés et remontés suivant le pays d’exploitation. Sorti en 1971, Vampyros Lesbos est un des nombreux métrages tournés en 1970 par Franco avec sa muse Soledad Miranda peu avant son décès la même année… Une oeuvre totalement encrée dans son époque, où Franco laisse libre cours à sa mise en scène, et rend sublime son actrice dans absolument chacun de ses plans, dans un mélange psychédélique d’érotisme et de fantastique. Bien entendu, Vampyros Lesbos conserve les caractéristiques des films habituels de Franco, comme une certaine lenteur dans l’histoire, mais cette lenteur vient ici servir l’ambiance et la beauté plastique des plans. Il faut dire que c’est souvent sublime, dés le générique d’ouverture où Soledad Miranda est face à la caméra et semble vouloir toucher l’objectif du bout de ses doigts. L’éclairage est sublime, les plans varient entre gros plans sur les yeux et les visages, et plans larges maîtrisés et agréables, sans oublier les fameux zooms du réalisateur. Le tout sur une musique elle-aussi clairement encrée dans son époque, et signée par le duo Manfred Hubler & Siegfried Schwab, responsable la même année du score de Crimes dans l’Extase, également avec Soledad. Étrangement d’ailleurs, grâce au regard de son actrice, la beauté plastique de ses plans et l’ambiance psychédélique des scènes, ce seront ses longues scènes, où il ne se passe pas spécialement grand-chose, qui se révéleront être les meilleures du métrage.
Linda (Ewa Strömbert) est une jeune femme travaillant pour une agence s’occupant d’héritages, vit en ce moment des nuits agitées. Elle y voit une femme, brune, nue, qu’elle ne connaît pas, et elles finissent par s’enlacer. Un jour, avec son petit ami, elle assistera à un spectacle, et se retrouvera troublée par ce qu’elle voit. La fille dansant nue sur scène n’est autre que la femme de ses rêves, Nadine. Voilà pour le début du pitch, très simple, comme toujours chez Franco, mais qui pour une fois, détient un petit quelque chose en plus. Pourtant, la partie érotisme est toujours très présente dans ces films, mais Franco évite de faire de ces scènes des passages chiants à regarder. Comme si, captivé par le film, il avait réussit à filmer les créatures de rêve du métrage avec une réelle envie, une passion, et cela se ressent énormément à l’écran. Parmi les créatures de rêve qu’il filmera à l’écran, on retrouve donc la magnifique Soledad Miranda, dans ce qui reste probablement son rôle culte, et qui n’aura cessée d’être magnifique dans les films de Franco, comme par exemple dans Eugénie de Sade l’année précédente, et Crimes dans l’Extase justement la même année. Ici, elle est absolument magnifique, qu’elle soit habillée ou nue, et semble totalement à l’aise devant la caméra et dans son rôle. Rapidement dans l’histoire, Linda va être envoyée sur une île afin de s’occuper des affaires d’héritage d’une comtesse. Qui va s’avérer être Nadine, la femme de ses rêves. Comme dit dans le titre, elle n’est plus humaine, c’est une vampire. Mais Franco se moque bien du mythe de base et ses vampires sont totalement encrés dans les années 70. Hypnotisante, passionnante, sulfureuse et attirante, voilà la vampire selon Franco. Mais attention, ne vous attendez pas à un film d’horreur, car vous serez fortement déçus. On est loin de l’adaptation de Dracula par Franco en 1969 avec Christopher Lee (et déjà Soledad Miranda).
L’horreur, tout comme le sang, sont très peu présents dans le film. Vampyros Lesbos s’axe plus sur l’attirance des victimes pour la vampire. Attirance physique et mentale. Et grâce à une mise en scène classe et de magnifiques éclairages, le pari est réussi haut la main. Les différentes scènes où l’actrice Soledad Miranda danse sur scène (longues mais jamais ennuyeuses), où les scènes érotiques entre elle et sa victime (Ewa Strömberg donc), ont une âme et empêchent le film de n’être qu’un vulgaire film érotique comme Franco en aura (et en refera par la suite) tant fait. Mais malgré tout, le film contient son petit lot de faiblesses. Ainsi, le personnage de Memmet, travaillant à l’hôtel, et joué par Franco lui-même, n’était pas forcément utile au récit. Sa première apparition le faisait juste passer pour le vieux qui donne un avertissement, comme ce fut le cas plus tard dans les Vendredi 13, mais sa réapparition en fin de métrage n’était pas forcément utile, si ce n’est pour étaler la durée du métrage et lui offrir une petite intrigue secondaire. Mais rien de vraiment désagréable, le métrage se faisant maîtrisé. Vampyros Lesbos mérite d’être vu, en gardant à l’esprit l’époque du film, qui est sans doute ce qui lui donne son cachet si agréable.
Les plus
Soledad Miranda
Une ambiance unique
La superbe musique
De très beaux plans
Les moins
La sous-intrigue avec Jess Franco
En bref : Franco magnifie Soledad Miranda une dernière fois à l’écran dans une fresque érotique (mais pas gratuite) entre une vampire et ses victimes.