Titre original : Mayhem
2017 – Etats Unis
Genre : Défouloir en entreprise
Durée : 1h26
Réalisation : Joe Lynch
Musique : Steve Moore
Scénario : Matias Caruso
Synopsis : Le virus ID7 se propage dans un cabinet d’avocat le jour où le jeune Derek est piégé par un collègue et injustement licencié. Avec l’aide de la jeune Mélanie, Derek va entreprendre de monter jusqu’au sommet du bâtiment durant la quarantaine afin de récupérer son travail, quitte à tuer quiconque sur son chemin, le virus libérant les émotions des contaminés.
Joe Lynch n’est pas forcément un réalisateur connu par chez nous, la plupart de ses œuvres étant des DTV vendus plutôt sur un autre argument commercial que sur la présence du jeune homme derrière la caméra. Et il faut dire aussi que malgré un certain capital sympathie (à divers degrés suivant les œuvres), Joe Lynch n’est pas un grand réalisateur. Ces débuts datent de 2007 avec Détour Mortel 2, suite DTV pas inoubliable, faisant clairement téléfilm fauché, mais plutôt sympathique au final. Vinrent par la suite un sketch pour l’horrible Chillerama, un Knights of Badassdom qui a divisé (et qui ne m’intéresse pas, je ne me forcerais donc pas), et un Everly sympathique mais néanmoins moyen, vendu sur la présence de Salma Hayek dans le rôle principal. Alors que vaut son dernier bébé, Mayhem ? Et bien malgré des défauts, osons le mot, Mayhem est sans doute le meilleur film de Joe Lynch. Pas un film parfait, un film qui parfois oublie ce qu’il aurait pu raconter pour se concentrer sur des effets de style et se contenter d’être un gros défouloir. Et j’ai envie de dire, tant pis, ça fonctionne, ça défoule, c’est fun, ça fait du bien, contentons nous de ce que le film a à nous offrir pour une fois. Mayhem donc, c’est l’histoire de Derek Cho, travaillant pour un cabinet d’avocat. Un costard donc, qui regarde comme tous les autres de sa profession le reste des humains de haut, ne se soucis que de sa petite personne et de sa petite réussite. Il nous le dit dés l’introduction via sa voix off, se traitant lui-même de connard. D’ailleurs, il faut souligner qu’à défaut de maîtriser son film de bout en bout, Joe Lynch a bon goût. Ouvrir son film (et le terminer) en hommage à peine appuyé à Kubrick et Orange Mécanique avec l’utilisation de Beethoven et d’écran de couleurs pour le générique, ou avoir recours à des effets de styles rappelant Tueurs Nés, ce n’est pas pour me déplaire.
Mais Joe Lynch n’est ni Kubrick, ni Stone, et sa vision de la violence n’est pas critique, mais fun. Passé une introduction fun de 20 minutes pour nous présenter personnages et situations, avec le boss de la société (boss de fin), le chef des ressources humaines (boss intermédiaire), et nos deux héros, Derek donc, looser ingrat un peu pathétique, et Mélanie (Samara Weaving, que l’on a déjà vu cette année dans The Babysitter), jeune femme désespérée. Puis le virus débarque, et Mayhem fait le choix de la violence fun, du défouloir violent qui fait du bien. Derek veut récupérer son boulot, Mélanie veut garder sa maison, et pour ce faire, il va falloir profiter d’une quarantaine de 8h où tous les crimes sont permis, monter jusqu’au dernier étage façon jeu vidéo, et utiliser tout ce qui leur tombe sous la main pour réussir, que ce soit un lance clou, une scie électrique ou des marteaux. Là où Mayhem aurait pu être une critique intelligente du milieu de la finance et surtout des grosses sociétés, il se transforme en défouloir géant. Mais un défouloir géant qui fait clairement du bien. Et Joe Lynch, comme à son habitude, ne se prend pas au sérieux, bourre son film d’humour noir, de gore, de punchlines, d’une ambiance cool, et fuck le reste. Les acteurs se lâchent, la narration prend clairement des allures de jeu vidéo (avancer de boss en boss pour récupérer des cartes d’accès et accéder au boss final), Samara Weaving se fait tout aussi folle que dans The Babysitter, à croire qu’elle aime ça, et… contre toute attente, bordel ça fait du bien. Voir un patron pisser littéralement sur ses employés, ce n’est pas subtil, mais ça va dans le ton du film (et métaphoriquement, ce n’est pas si faux que ça mais c’est un autre débat).
Le film prend alors la voie du « toujours plus » en détournant pas mal de clichés des entreprises, comme les négociations, l’égalité homme-femme, les espaces de repos où un collègue n’hésitera pas à nous voler notre tasse de café car elle est plus propre que les autres, ou une secrétaire qui n’en fait qu’à sa tête… Et si au final, Mayhem n’est pas tordant ou très intelligent, il fournit ce que l’on pourrait attendre d’un tel défouloir. On regarde le métrage avec un gros sourire au visage à défaut d’en rire (quoi que, certaines situations m’auront fait rire). Le métrage est sanglant, mais aurait pu aller plus loin dans le gore lors de certaines situations, et on pourrait même dire, vu son sujet, que le métrage aurait pu nous gaver de plans totalement iconiques pour mettre en valeur le côté bad-ass de ces personnages, ce qu’il ne fait au final absolument jamais. Sa narration avec son côté jeu vidéo, et ces différents boss pour chaque niveau devient un peu répétitif également dans le fond. On peut trouver à redire sur les personnages, qui sont souvent des clichés, et s’arrêtent là malgré l’ironie bien présente. Même au niveau de la mise en scène, Joe Lynch abuse parfois d’un montage un peu trop cut. Et pourtant, dans l’instant, ça fonctionne. Ironique donc qu’un film au final assez bancal parvienne à tirer son épingle du jeu grâce à une certaine générosité et son côté rentre-dedans. Il faut dire qu’à côté, les acteurs sont en général excellents, que l’ost est à tomber par terre si l’on aime les synthés, et qu’il est assez rare de voir de gros défouloirs généreux comme ça. Et on ne s’ennuie pas un seul instant également, c’est à souligner. Du coup, Mayhem mérite qu’on y jette un coup d’œil.
Les plus
Un film fun
Un bon gros défouloir
Les acteurs
La musique
Les moins
Un peu répétitif peut-être
La réflexion vite éclipsée
En bref : Mayhem est un défouloir de 1h26 avec une structure très jeu vidéo, un film sanglant bourré d’humour noir, et ça fait du bien. Il ne faudra pas chercher plus loin, mais ça fait le boulot.