Titre original : Blood from the Mummy’s Tomb
1971 – Angleterre
Genre : Fantastique
Durée : 1h34
Réalisation : Seth Holt
Musique : Tristram Cary
Scénario : Christopher Wicking
Synopsis : Margaret Fuchs reçoit de la part de son père une étrange bague pour son anniversaire, bague qu’il a découvert lors de fouilles archéologiques. Celle-ci va lui montrer le sombre passé de la reine Tera, mais également ce qui menace Londres de nos jours.
Je l’ai déjà dit, mais au début des années 70, la Hammer ne va pas forcément bien. La société accumule les adaptations de Dracula en espérant retrouver le succès, Christopher Lee continue d’apparaître dans leurs productions par sympathie seulement. Le dernier film de la compagnie datera de 1979, 3 ans après le précédent. En 1971, la société enchaîne les productions, pas moins de neuf films. Parmi ceux-ci, Le Cirque des Vampires, Comtesse Dracula, Lust for a Vampire, Dr Jekyll et Sister Hyde, les Sévices de Dracula et La Fille de Jack l’Éventreur. Oui, la Hammer, en perte de vitesse, mise énormément sur le succès des vampires. Et malgré tout, les plus célèbres acteurs (sauf Christopher Lee) et réalisateurs continuent de travailler d’arrache pied. John Hough (La Maison des Damnés) signe Les Sévices de Dracula avec Peter Cushing, Roy Ward Baker réalise Dr Jekyll et Sister Hyde après deux films de vampires en 1970, tandis que les films de vampires de cette année sont réalisés par Jimmy Sangster plus connu pour être le scénariste de très nombreux films de la Hammer depuis Le Cauchemar de Dracula en 1958 et Peter Sasdy, qui s’était fait la main l’année précédente sur Une Messe pour Dracula et signera deux films en 1971. La Momie Sanglante, alias Blood From the Mummy’s Tomb, est un film compliqué pour la Hammer. Compliqué de par sa production bien difficile. Adaptant un écrit de Bram Stoker nommé Le Joyau des Sept Étoiles, celui-ci ne contenait aucune momie… Qu’importe, les momies, c’est commercial surtout depuis le succès en 1959 de La Malédiction des Pharaons.
Le scénario en poche, le tournage commence en Janvier 1971, avec Seth Holt à la mise en scène et Peter Cushing dans le rôle principal. Mais après seulement un jour, il quitte le tournage pour rester auprès de sa femme malade, qui décédera quelques jours plus tard. Il est donc remplacé par Andrew Keir. Le tournage continue donc, avec Andrew Keir dans le rôle principal et Valerie Leon (qui deviendra James Bond Girl) dans un double rôle, choix imposé par la production alors que le réalisateur lui préférait une autre actrice. Seulement à une semaine de la fin du tournage, Seth Holt décède d’une crise cardiaque… Michael Carreras, producteurs des films de la Hammer depuis le début, termine le film, sans trop savoir dans quoi il se lance, puisque Seth Holt avait une façon bien à lui de travailler. Le montage sera donc plutôt complexe, mais le film est achevé. Et avec tous ces déboires, La Momie Sanglante apparaît comme un film assez bancal, déséquilibré, mais malgré tout, loin d’être la pire production de la Hammer. Déjà, coupons tout suspense, il n’y a pas de momie dans le titre, contrairement à ce qui est dit dans le titre. Nous n’aurons qu’une reine de l’Egypte réincarnée dans une jeune femme. Et pour ne pas aider les choses, forcément, la jeune femme, Margareth, est la fille de l’archéologue qui a découvert la tombe de la Reine, et son père lui offre pour son anniversaire une bague ayant appartenu à la Reine, ce qui va déclencher une série de meurtres. Pas malin le père, en plus d’avoir comme fille la réincarnation de la Reine. Margareth va donc partir à la recherche d’artéfacts qui seront utiles à la résurrection de la reine, quitte à tuer quiconque se trouve sur sa route.
Sur le papier, La Momie Sanglante annonce clairement la couleur, et cette vision totalement différente du thème est la bienvenue. Pas de momie avec des bandelettes (en même temps, ça aurait été dommage de cacher Valerie Leon…), ni les autres clichés du genre. Malheureusement, ça c’est juste sur le papier, car à l’écran, on a l’impression que le scénario mais également la mise en scène (partagée donc à deux) se perd quelque peu. Les personnages sont parfois incohérents et peu logiques, de nombreux questionnements ne trouvent aucune réponse, certaines scènes débarquent sans vraiment prévenir. Margareth par exemple semble ne jamais lutter contre la personnalité de la reine, tuant ainsi comme bon lui semble, mais la palme revient à son père. Il garde le sarcophage de la Reine, la vénère, puis l’instant d’après, en a peur. Il veut protéger sa fille, et pourtant, il lui offre une bague ayant appartenu à la reine et qui va lancer l’intrigue du film. Les acteurs n’aident pas vraiment, n’allant pas à fond dans la direction qui aurait pu être salvatrice (la folie des personnages expliquant le manque de logique ?), et le film perd du coup de son suspense. Mais contre toute attente, La Momie Sanglante parvient à rester divertissant. La première demi-heure pose une ambiance plutôt sympathique et énigmatique qui donne clairement envie d’en voir plus, la mise en scène, malgré quelques ratés, reste plutôt solide également et livre quelques bonnes scènes. Pas vraiment sanglant ni ne montrant trop la nudité, le film reste pour son époque malgré tout généreux, et les passages dans l’asile (réalisés par Michael Carreras) sont plutôt réussis. Oui, ces nombreux problèmes de productions peuvent expliquer le résultat final un peu bancal, mais l’œuvre demeure sympathique.
Les plus
Valerie Leon, mignonne
Le mythe vu différemment
Des idées intéressantes
Les moins
Des moments moins convaincants
Un scénario un peu bancal
En bref : La Momie Sanglante a eu une production difficile, mais demeure malgré tout un métrage sympathique de la part de la Hammer en plein déclin.
Je ne connaissais pas cette « momie » de la Hammer (j’en étais effectivement resté à celle qui fit tant souffrir Christopher Lee), mais au vu des photos elle m’a l’air fort charmante (et bien rembourrée). Ta chronique riche d’anecdotes sur le tournage et la production chaotique ajoute même un charme supplémentaire à cette production de fin règne des studios. Merci pour la découverte.
Oui c’est une momie fort différente et bien plus attirante 😉 Le film reste méconnu, on le cache un peu comme un film honteux (il était sorti très tardivement en France, mais curieux que je suis, j’avais craqué depuis des années sur le zone 1). Le film reste une curiosité sympathique mais qui reste en effet par moment plus intéressante pour toute sa production que le résultat final, qui n’est pas déplaisant mais n’a rien de marquant.
Et je me décide de poster cette chronique que j’avais de côté depuis bien 6 ou 7 mois au bon moment, Valerie Leon ayant eu un rôle dans « L’Espion qui m’Aimait » et dans « Jamais plus Jamais » également. Le hasard fait bien les choses.
Eh bien écoute Rick une momie comme ça moi je suis preneur !! Qu’est-ce qu’elle est belle !! Très bonne analyse tu devrais donner des cours de cinoche ! Tu n’as pas voulu renouveler ton expérience de la dernière fois d’ailleurs ?
Juste pour toi alors : https://pics.wikifeet.com/Valerie-Leon-Feet-888391.jpg
Ha ha, mais tu me l’avais déjà dit pour les cours 😉 On m’avait dit qu’ils voulaient me réembaucher, mais pas eu de news. Tant pis. Mais j’y repasse le mois prochain figure toi, faudra que je t’explique ça.
Oui, un Hammer bancal, peu aidé par une production chaotique (ce que tu relates d’ailleurs très bien). Pourtant, le charme opère, notamment grâce aux fragrances érotiques diffusées par la bombe Valerie Leon ! De quoi compenser l’absence du grand Peter Cushing qui – douze ans plus tôt – avait tenté d’enrayer la malédiction des Pharaons.
Même leurs oeuvres les plus bancales, j’ai l’impression qu’il y a toujours quelque chose à sauver pour l’amateur, un peu comme leur thriller Sueur Froide dans La Nuit de 1972, assez bancal et prévisible mais contenant quelques moments où la magie opère toujours. Puis il y a le charme des années 70, le côté British. Et oui, Valerie Leon, ça aide beaucoup aussi !