Titre original : Tomorrow Never Dies
1997 – Angleterre / Etats Unis
Genre : Action
Durée : 1h59
Réalisation : Roger Spottiswoode
Musique : David Arnold
Scénario : Bruce Feirstein
Synopsis : James Bond doit affronter Elliot Carver, un magnat de la presse mondiale dont le principal outil de communication est son journal Tomorrow, qui prévoit de déclencher une guerre entre le Royaume-Uni et la Chine, qui conduirait à un conflit nucléaire mondial. 007 et Wai Lin, une employée des services de renseignements chinois, vont tout faire pour l’empêcher de déclencher ce conflit.
En 1995, Goldeneye avait été un énorme succès, un des plus grands de la saga, si ce n’est le plus grand à l’époque. Il ne fallait donc pas perdre de temps pour lancer une suite. Et ce Demain ne Meurt Jamais en aura souffert. Une production lancée à toute vitesse, un scénario réécrit au fur et à mesure, un casting changeant. Car au départ, la production proposa à Martin Campbell de revenir, mais le réalisateur déclina l’invitation, partant à la place sur Le Masque de Zorro. Il sera donc remplacé par Roger Spottiswoode, réalisateur pas forcément exceptionnel, dont la carrière fut lancée en 1980 avec le petit slasher Le Monstre du Train, ainsi que son scénario de 48h pour Walter Hill. Depuis, oui, À l’aube du Sixième Jour nous fait dire qu’il n’était pas destiné à devenir grand après non plus. Même avant d’ailleurs, avec en 1992 la comédie avec Stallone : Arrête ou ma Mère va Tirer… Au départ, Anthony Hopkins fait parti du casting pour jouer Elliot Carver, le nouveau méchant de l’aventure, mais face à la production chaotique et le fait que le scénario n’était même pas terminé au moment du tournage, il quitta le tournage, et ironiquement se retrouvera sur Le Masque de Zorro, de Martin Campbell justement. Forcément, ça ne commence pas forcément très bien. Et Demain ne Meurt Jamais souffre de cette production hâtive, puisqu’on a souvent l’impression durant la vision de se retrouver certes face à un film généreux, mais surtout face à un film ayant un script de 20 pages et 100 pages de storyboard de scènes d’action. Du coup oui, ça explose de partout, ça mitraille, ça fusille, ça se course, ça fait du bruit, mais malgré des prémices forts intéressantes, ça ne raconte pas grand-chose. Du coup, le métrage sait se faire divertissant, musclé, parfois bad-ass, mais ne va pas plus loin.
En tant que simple divertissement, la sauce prend d’ailleurs, et après les quelques critiques sur Goldeneye qui n’aurait pas assez utilisé les gadgets de James Bond, ce film tombe en quelque sorte dans les travers de l’ère de Roger Moore, à savoir aller dans la surenchère totale. Pas assez de gadgets dans Goldeneye vous dites ? Ne vous inquiétez pas, ici, on aura un super téléphone qui peut électrocuter les gens et ouvrir les portes ainsi que scanner les empruntes, et toute une séquence dédié à une voiture blindée de gadgets en tout genre, allant de la scie électrique aux missiles, en passant par les pneus qui se gonflent. Demain ne Meurt Jamais met notre agent secret Britannique de moins en moins secret vu qu’il fait absolument tout exploser dés le départ dans un contexte pourtant oh combien intéressant au départ. Un magnat des médias, qui cherche à contrôler l’information (ah ben ça, c’est toujours d’actualité donc…), tente de déclencher une guerre entre la Chine et l’Angleterre. Le choix des médias, le choix de raconter cette histoire à ce moment, c’est du tout bon. 1997, l’année de la rétrocession de Hong Kong à la Chine après avoir été une colonie Anglaise depuis tant d’années, voilà un bien gros potentiel pour un James Bond, une manière de plus d’encrer le film dans la réalité actuelle lors de sa sortie, un peu à la manière des James Bond de Timothy Dalton qui se voulaient plus réalistes. Sauf que de ce point de départ ingénieux, le scénario n’en fera absolument rien, si ce n’est nous mettre Michelle Yeoh en Bond Girl. Et ça par contre, c’est génial il faut l’avouer, elle sait se battre, fait ses cascades, elle est l’égale de Bond, n’a pas besoin de lui pour être protégée, et ça fait plaisir. Une Bond Girl forte !
On ne pourra pas dire la même chose des autres personnages, en général lisses et peu développés. Que ce soit notre méchant Elliot Carver même si Jonathan Pryce semble s’éclater comme un gosse à le jouer, l’autre Bond Girl jouée par Teri Hatcher qui n’a apparemment pas du tout marqué les esprits alors que là aussi il y avait du potentiel, vu qu’il s’agît d’une ancienne conquête de Bond. Même la relation entre M, alias Judi Dench, et Bond sera survolée et peu utile, alors que Goldeneye ouvrait de nombreuses pistes. En fait, il faut prendre le film pour ce qu’il est. Limite un film d’action lambda, qui fait le boulot, n’a pas peur du ridicule par moment (les gadgets), qui ne veut même pas faire croire qu’il est malin (les idées du script quasi jamais exploitées), et se contente de tout faire exploser dans tous les sens. Et à ce niveau ça fonctionne, dés la scène d’ouverture. Pierce Brosnan totalement à l’aise dans son rôle fusille du méchant dans tous les sens, cogne, fusille encore, fuit, balance de la punchline pas toujours subtile, se tape une course poursuite abusive pleine de gadgets mais plutôt fun, et voilà, terminé. C’est bien le problème de l’ère Brosnan passé Goldeneye. Des idées il y en a, mais le traitement laisse souvent à désirer. Mais Demain ne Meurt Jamais reste plutôt fun à regarder il est vrai, se fait généreux, et plus court que d’habitude, passant même de peu sous la barre des 2h.
Les plus
Un métrage hyper rythmé
De l’action en pagaille
Michelle Yeoh, une Bond Girl bad-ass
Les moins
Des idées jamais développées
Un film d’action lambda
En bref : Sans être mauvais, Demain ne Meurt Jamais est un épisode qui ne développe jamais ses idées, et accumule les scènes d’action, fun.
La note est bien clémente pour ce très mauvais épisode duquel ne surnage en effet que la merveilleuse Michelle Yeoh ! Pryce moitié Kane moitié Berlusconi est à pleurer de ridicule, mais le cabotinage dont il fait montre nous laisse croire à une certaine jubilation personnelle comme tu le laisses entendre. Quant à l’intrigue à base de satellite et de guerre de l’information, j’ai eu vite fait de l’effacer de mon logiciel.
C’est sûr qu’il n’est pas très bon cet opus, mais il se regarde encore. Amusant d’ailleurs, je viens de revoir un ancien film du même réalisateur, et ce n’était pas bon non plus : Arrête ou ma Mère Va Tirer…. Comme quoi, Roger Spottiswoode, que ce soit Stallone ou James Bond, ça ne va pas.
Enfin, je l’ai donc pris comme un nanar d’action bien lambda ce Demain ne Meurt Jamais, et comme le métrage sait être rythmé, c’est déjà une qualité en soit.