THE NIGHT COMES FOR US de Timo Tjahjanto (2018)

THE NIGHT COMES FOR US

Titre original : The Night Comes for Us
2018 – Indonésie
Genre : Policier / Action
Réalisation : Timo Tjahjanto
Musique : Fajar Yuskemai et Aria Prayogi
Scénario : Timo Tjahjanto
Avec Joe Taslim, Iko Uwais, Asha Kenyeri Bermudez, Sunny Pang, Salvita Decorte, Abimana Aryasatya, Julie Estelle, Zack Lee, Dian Sastrowardoyo et Hannah Al Rashid

Synopsis : Au sommet de sa puissance, la Triade de l’Asie du Sud-Est contrôle 80% des activités de contrebande en Asie. Utilisant le fameux Triangle d’or comme centre principal, la Triade tire un grand profit des drogues illicites, du trafic d’armes et du trafic d’êtres humains. Pour garder les canaux libres du chaos et des perturbations extérieures, les dirigeants de la Triade ont créé une petite formation de délégués d’élite appelée les Six Mers, qui leur permettait de prendre des mesures extrêmes, au nom de l’ordre et de l’obéissance. Ito fait parti de la triade, mais le jour où il sauve une gamine, toute la triade est à ses trousses.

Depuis quelques années, l’Indonésie est devenue une valeur sûre pour nous amener le renouveau du cinéma d’action, à tendance ultra violente. Là où le cinéma Américain peine à se renouveler et à beaucoup trop tendance à faire appel à des CGI pour tenter d’impressionner le spectateur (à l’exception de Mad Max Fury Road en 2015, et des films de Christopher Nolan), l’Indonésie a su en quelques films seulement, et grâce à seulement une poignée de réalisateurs, attirer l’attention du monde. Il y a Gareth Evans, et ces deux The Raid, notamment le second, qui a mit la barre véritablement très haut en terme de scène d’action. Et dans une moindre mesure, il y a Timo Tjahjanto et son ami Kimo Stamboel, formant les Mo Brothers, qui ont su attirer du moins mon attention avec leur métrage Killers. Plus horrifique et glauque qu’action malgré quelques petites séquences, ils ont suivis la mouvance en livrant ensuite Headshot. Un film pompant un peu trop Jason Bourne, et reprenant l’acteur principal de The Raid, à savoir Iko Uwais (mais pas que, Julie Estelle, la Hammer Girl de The Raid 2, est dans le casting aussi), mais qui était assez bancal. Sympathique mais pas inoubliable. Mais en 2018, Timo Tjahjanto se sépare de son ami pour livrer un nouveau métrage, seul à la barre et au scénario. Distribué dans le monde au mois d’Octobre via la plateforme Netflix, ce que l’on peut dire avec The Night Comes for Us, c’est que le réalisateur ne s’est pas moqué de nous. Car deux heures durant, ça dépote. Le film a un scénario ultra léger. C’est un polar, un membre d’une triade sauve une gamine d’un village, et est devenu la proie de tout le monde. C’est tout basiquement, le film étant une accumulation de combats, courses poursuites, fusillades et j’en passe, où les personnages se croisent et s’affrontent. Alors oui, scénaristiquement, c’est limité. En terme de personnages aussi d’ailleurs. On a Ito (Joe Taslim) qui cherche sa rédemption et va tenter de survivre à de très nombreux assauts divers et variés, puis on a ses ennemis.

Allant de son ancien ami (Iko Uwais, The Raid donc, dans un rôle différent pour une fois, puisque méchant), à des hommes de main très nombreux et des tueurs (notamment Alma et Elena). Dans les faits, The Night Comes for Us réduit son intrigue et ses personnages a leur plus simple fonction pour livrer le spectateur attendu, en poussant l’ensemble dans ces derniers retranchements. Car comment parler du film sans parler de son action. Sur 2h, c’est bien simple, ça ne s’arrête quasiment jamais, si ce n’est 15 petites minutes mi-parcours histoire d’introduire correctement le personnage de the Operator (la mimi Julie Estelle) et nous montrer via un flashback la relation entre Ito et Arian. Et puis c’est tout. L’action est présente 1h45 durant, et elle fait mal. The Night Comes for Us est une accumulation jouissive et souvent ultra violente de scènes d’action. Et ça fait un bien monstre, de voir un film aussi généreux envers son spectateur, surtout quand l’ensemble est aussi bien enveloppé. Photographie, musique, mise en scène, l’ensemble tient la route, est fluide, les images sont belles, les combats parfaitement lisibles même lorsqu’ils sont dans des endroits clos et minces comme des couloirs ou un fourgon de police. Techniquement, ça impressionne, ça rend lisible l’action à chaque instant, et heureusement pour un film qui mise absolument tout sur l’action. En soit, les scènes d’action sont peu nombreuses, mais elles s’étirent sur de très longues minutes. La fuite de l’appartement par exemple fait facile 20 ou 25 minutes. Tout n’est pas parfait, notamment on sent parfois les figurants en arrière plan qui attendent leur tour (surtout dans cette scène dans l’appartement justement), mais au-delà de ça, The Night Comes for Us délivre le spectacle jouissif et défoulant prévu.

Ça gicle dans tous les sens, la violence est graphique et frontale, tout ce qui passe sous la main peut devenir une arme mortelle, les membres sont cassés, fracturés, découpés, les couloirs jonchés de cadavres et de giclées de sang… La violence du film est un de ses atouts, à la fois réaliste (oui, en vrai, un coup de machette, ça fait mal hein) et totalement over the top par cette accumulation de cadavres, de coups, de membres tranchés, de balles tirées. Ça ne semble jamais s’arrêter et par moment, ça en deviendrait presque épuisant, notamment lors de la première heure, qui pendant un bon 50 minutes, ne veut absolument pas s’arrêter, multipliant les morts et scènes d’action. Mais comme pour The Raid 2, il faut attendre la dernière demi-heure pour atteindre le meilleur, le point de non retour, les moments d’anthologie du métrage. Oui, il était attendu, il y a bien évidemment le combat final, violent, lent, qui fait mal, mais surtout, il y a le combat entre Julie Estelle et deux tueuses, nerveux, jouissif, violent, ingénieux et propre dans sa mise en scène (et je ne dis pas ça pour l’usage des néons). On sort au final du métrage totalement épuisé, mais ironiquement, avec la patate, tant le spectacle proposé a fait office de défouloir, mais d’un défouloir qui ne se moque pas de nous, et ça change tout. Quand je pense que le public de Cannes s’était exclamé et avait encensé le bien mauvais The Villainess et ses scènes d’action illisibles, je me dis qu’il y a un problème quelque part. Car The Night Comes for Us n’est pas parfait, son scénario est mince, certains acteurs moyens, mais il ne se moque pas de nous, et c’est ce qui en fait le meilleur film d’action de 2018.

Les plus

De l’action quasi non stop
Ultra généreux
Une violence hallucinante
Techniquement très solide et maîtrisé

Les moins

Un scénario ultra mince
Quelques moments un peu moins convaincants

En bref : The Night Comes for Us est un défouloir d’action ultra violente de 2h. Et ça fait un bien fou, c’est généreux, super bien filmé, intense et parsemé de quelques moments cultes.

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