MACABRE (Rumah Dara) des Mo Brothers (2009)

MACABRE

Titre original : Rumah Dara
2009 – Indonésie
Genre : Horreur
Durée : 1h35
Réalisation : Mo Brothers
Musique : Zeke Khaseli et Yudhi Arfani
Scénario : Mo Brothers
Avec Julie Estelle, Ario Bayu, Sigi Wimala, Shareefa Daanish, Imelda Therinne et Arifin Putra

Synopsis : Adjie et sa femme enceinte de 8 mois, ainsi que 4 de leurs amis, se dirigent en voiture vers Jakarta où ils doivent prendre un avion pour l’Australie.

C’est surprenant, mais je n’avais jamais vu Macabre, alors que j’adore le cinéma des Mo Brothers, aka Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto. Ensembles, ils feront l’excellent Killers en 2014, puis le plus décevant Headshot. Séparément, l’un fera le sympathique film d’horreur Dreadout d’après le jeu vidéo, tandis que l’autre fera l’excellent et ultra violent The Night Comes for Us (disponible sur Netflix, donc, foncez). Macabre est leur premier long métrage, après le court métrage Dara. Ça tombe bien, Dara est la version courte de Macabre, on y retrouve le même personnage, et les deux réalisateurs avaient d’ailleurs mis le personnage dans l’anthologie Takut : Faces of Fear, film à sketch produit par Brian Yuzna. Et avec Macabre, le but des deux réalisateurs est simple. Repousser les limites de la censure, et livrer un film qui parlera au fan du cinéma d’horreur occidental afin de permettre au cinéma Indonésien de s’ouvrir et s’exporter. Alors, réussite ou pas ? Soyons clairs, Macabre s’adresse aux fans du genre, qui sauront fermer les yeux sur certains défauts, comme des personnages pas toujours futés, quelques incohérences, et des défauts du à des limitations techniques (ahlala, ces scènes se déroulant dans l’obscurité ou un personnage peut courir, faire un saut, tuer quelqu’un à 2 mètres d’un autre personnage qui n’entend rien alors que moi, vu le son, j’aurais entendu ça du bout de ma rue). Macabre, c’est donc l’histoire de plusieurs amis qui se rendent à l’aéroport de Jakarta, et vont se retrouver, après avoir aidé une jeune femme et raccompagné chez elle, dans la demeure de Dara, la mère mystérieuse, qui les invite pour un petit repas.

Il n’en faut pas plus pour faire lumière sur la principale inspiration des Mo Brothers ici, à savoir le Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper. Des jeunes en voyage en voiture, quelqu’un pris en autostop, une famille étrange, un repas qui tourne mal. Oui, tout est là. Plus qu’à rajouter l’ambiance poisseuse et le gore qui fait mal et voilà le programme de ce Macabre. Au soleil, rien de nouveau dans le fond, les réalisateurs font preuve d’un grand respect pour le genre du slasher, et outre mesure du survival, sans rien y ajouter, à part bien entendu une certaine maitrise technique, uniquement trahie à quelques moments par un faible budget, mais qui ne retire en rien de l’amour que les deux réalisateurs parviennent à mettre sur la bobine. Car Macabre a de nombreux défauts, mais transpire la passion, en plus du sang. Car si la classique présentation des divers personnages, véritables stéréotypes sur pattes, prend une bonne demi-heure jusqu’à la fameuse scène du repas, qui n’a rien du traumatisme de Massacre à la Tronçonneuse pour le coup, ça ne s’arrête plus par la suite. La dite scène du repas, en plus de ramener au film de Hooper, est bien là pour faire office de point de rupture, pour couper le cordon et plonger dans le gore qui tâche, où les membres sont découpés, les têtes éclatées, les gorges tranchées, le tout à un rythme soutenu, et avec une certaine imagination qui fait tant défaut à nombre de slasher depuis… et bien depuis de trop nombreuses années au final. Car c’est bien là ce qui fait la force de Macabre. Un spectacle gore décomplexé qui n’a peur de rien et donc ne recule devant rien. Un film qui donne au spectateur ce qu’il est venu voir sur ce genre de métrage, mais sans mentir sur la marchandise.

Pas de meurtres espacés par des dizaines de minutes, ou de meurtres hors champ ou gentillets, non. L’opposé ici. Avec bien entendu, des effets spéciaux allant du très convaincant au passable certes, mais tous fait sur le plateau, sans gerbes de sang numériques dégueulasses. Par contre, là où le métrage rappellera encore une fois Massacre à la Tronçonneuse de monsieur Hooper, ce sera bien dans l’ambiance sonore. Non pas que le film utilise des sons étranges et dérangeants comme à la bonne époque où l’on expérimentait encore, mais dans le simple fait que Macabre va faire crier son personnage principal. Beaucoup. Constamment parfois. Macabre fait beaucoup de bruits, jusqu’à l’hystérie parfois. Julie Estelle (la femme de ma vie pour ceux qui l’ignorent, depuis The Raid 2 et son coup de marteau) joue là la final girl, qui crie, se bat, est blessée, finie en sang, et crie de nouveau, et c’est là un rôle que l’on a plus l’habitude de voir de sa part, jouant beaucoup plus les tueuses sans pitié et surtout parlant peu. Elle fait là une final girl convaincante, obstinée, en plus d’être craquante. Mais il faut bien entendu souligner la présence de Shareefa Daanish, jouant Dara, rôle clé du film et du court métrage qui le précédait, de fort jolie manière, parvenant à dégager quelque chose de résolument flippant dés qu’elle est présente à l’écran. On ne va pas mentir, grâce à ses deux actrices, Macabre a une autre très bonne carte en main, autre que sa démonstration technique et son climat d’horreur brutal au possible. Malheureusement, pour voir le film, il va falloir se tourner vers l’import, notamment l’Angleterre en ce qui concerne le DVD, ou l’Amérique et l’Allemagne en ce qui concerne la haute définition (attention, le blu-ray Allemand n’a que des sous titres Allemands, ce qui ne facilite pas la vision, malgré le côté classique des dialogues).

Les plus

Violent au possible
Du gore à l’ancienne
Shareefa Daanish et Julie Estelle, parfaites
Techniquement, aussi soigné que possible

Les moins

Dans le fond, ça ne renouvelle pas le genre
Quelques seconds rôles peu convaincants
Quelques moments un peu plus fauchés

En bref : Hommage au slasher et au survival, Macabre est un film très violent, très classique dans le fond, mais assez solide techniquement, sanglant et bien fichu pour interpeller le public concerné.

8 réflexions sur « MACABRE (Rumah Dara) des Mo Brothers (2009) »

  1. Mettre des gens sur une chaîne de découpage à la tronçonneuse dans une baraque isolé suffit il à faire un nouveau Texas Chainsaw Massacre? Je ne suis pas convaincu, tant le film de Hopper représente tellement plus que son aspect film d’horreur, véritable visage hideux et déformé de l’Amérique qui mélange les hippies insouciants cramés sous le soleil des pequenots texans consanguins.

    1. Ah mais le film n’en a aucunement l’impact, et je pense aucunement la prétention non plus. Mais un certain malaise se dégage de la bobine par moment malgré tout, notamment avec la méchante principale, vraiment excellente dans son jeu de regard ultra froid. Mais en simple B movie, le film fait totalement le taf.

  2. Jamais vu ce film de Mo Brothers. Et pourtant j’aime beaucoup les Mo Brothers. Va falloir que je remédie à cela. Je commence à cerner ton système de notation, 13/20, c’est un bon film, ahahah !

    1. À partir de 12, c’est du bon cinéma, très divertissant, avec des défauts certes, mais que je peux revoir plusieurs fois. D’ailleurs Macabre je l’ai vu deux fois en une semaine, un pote a voulu le voir en soirée chez moi. Bon, ça vaut pas un Killers par exemple hein, mais pour un premier long, ils montrent déjà qu’ils maitrisent la caméra.

      1. KILLERS est top. On en avait déjà parlé je crois. Mon premier film des Mo Bros. Loué « à la jaquette » parce qu’avec ma femme on aime bien l’acteur japonais. La claque. Des défauts mais tellement généreux. Surtout qu’au départ on sait pas trop dans quelle direction se dirigent l’histoire et le film…

        1. Tu m’as donné envie de resortir le blu-ray de celui-là, acheté au pif en voyant écrit sur la boite « par les producteurs de The Raid 2 », et en voyant le casting que j’apprécie également. Il n’est pas parfait en effet, on en avait parlé sur DSR il me semble ou alors sur ton blog, je trouve la fin un poil ratée, mais ça reste généreux et surtout un spectacle souvent maitrisé et intéressant.

  3. Enfin vu ! Bien aimé mais avec des défauts comme tu dis – mais pour un premier long, c’est super franchement ! La gestion de l’espace dans l’obscurité et la nullité des flics (du jamais vu ou presque à ce niveau-là non ?) m’ont un peu sorti du film je dois avouer, à certains moments. Pour le reste c’est du tout bon, pour les fans !

    Miam !

    1. Disons que ça a les défauts et maladresses de pas mal de premiers films tourné à l’économie en réalité, que ce soit en mise en scène et scénario. Mais l’effort est louable, l’ambiance et certains acteurs font le boulot, on sent déjà l’amour des deux réalisateurs pour le genre, et quand on sait ce qu’ils feront après, à deux (KILLERS) ou séparément, le doute n’est pas permis !

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