THE POOL (นรก 6 เมตร) de Ping Lumpraploeng (2018)

THE POOL

Titre original : Hô Boi Tu Thân – นรก 6 เมตร
2018 – Thaïlande
Genre : Suspense
Durée : 1h30
Réalisation : Ping Lumpraploeng
Musique : –
Scénario : Ping Lumpraploeng

Avec Theeradej Wongpuapan et Ratnamon Ratchiratham

Synopsis : Par un concours de circonstances, un homme et sa petite amie se retrouvent coincés dans une piscine vide abandonnée de six mètres de profondeur. Comme si cela ne suffisait pas qu’il n’y ait pas d’échelle pour remonter, ils vont vite avoir la compagnie d’un prédateur aux dents acérées.

Non, The Pool n’est pas un remake Thaïlandais de La Piscine de Jacques Deray. The Pool, c’est un film animalier, comme on en voit assez souvent débarquer, même si généralement, les producteurs préfèrent les requins aux crocodiles, et ce malgré la sortie récente de Crawl de Alexandre Aja, que j’avais bien aimé. The Pool, c’est un film qui a fait parler de lui lors de différents passages en festival. Après une sortie dans pas mal de pays Asiatiques entre Septembre 2018 et Janvier 2019, le film fait en effet le tour des festivals du monde (Strasbourg pour la France), où il impressionne les foules. Avec peu de moyens donc, un lieu unique (une gigantesque piscine vide), seulement deux acteurs et un crocodile. Un huis clos à ciel ouvert misant tout sur le suspense et la survie donc. Un film que même ses défenseurs ne ferment pas les yeux sur quelques défauts, notamment des CGI tout simplement ratés pour le crocodile en question dés qu’il s’agît de plans larges, mais qui néanmoins devrait s’avérer ultra efficace. J’étais totalement pour, surtout que de base, le cinéma Thaïlandais, ce n’est pas franchement ma tasse de thé, à quelques films près (l’excellent Shutter). Et pourtant, la sauce n’a que moyennement pris. Non pas à cause des CGI, même s’il faut avouer que ça pique les yeux dans certains plans, mais plus à cause de la volonté du film de se vouloir ultra efficace du début à la fin, de ne pas laisser le spectateur mais également le personnage principal souffler. The Pool donc, c’est l’histoire de Day, qui travaille sur le tournage d’un clip, et qui alors qu’il vient de se faire sa piqure d’insuline, se reposer dans la piscine où le tournage a eu lieu. Sauf que pas de bol pour lui, celle-ci se vide doucement mais sûrement pendant qu’il dort, et le voilà prisonnier 1h30 durant au fond du bassin, sans possibilité de remonter, avec son chien qui l’attend bien sagement en haut, ainsi que sa dernière piqure d’insuline, elle aussi tranquillement en haut.

Car ce qu’il faut savoir, c’est que Day n’a pas de bol, et que plus qu’un film de survie avec un crocodile, The Pool semble être un film voulant à tout prix mettre à exécution la loi de Murphy. Alors qu’est-ce donc pour ceux qui l’ignore ? La Loi de Murphy, c’est très simple en réalité : Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal. Et dans le cas de The Pool, ça s’appelle avoir une vie de merde pendant 90 minutes. Mais le film, à vouloir respecter cette règle simple, va beaucoup plus loin, et en fait finalement un principe hautement pessimiste. Non pas comme une possibilité où parmi deux solutions, l’une soit mauvaise, mais que la mauvaise solution soit fatalement ce qui arrivera. Et Day, qui au départ est seul dans sa piscine, il va en bouffer de la Loi de Murphy en mode pessimisme absolu. Tellement que souvent, ça en rajoute, des tonnes, encore et encore, et ça ne fonctionne plus aussi bien. Car 90 minutes de film, avec un seul personnage, et un seul crocodile, ça fait peu, même si en réalité le film se déroule sur plusieurs jours, et qu’un autre personnage arrivera, avec Koi, la petite amie du héros, qui alors qu’elle le découvre… glisse, se blesse à la tête et se retrouve avec lui dans la dite piscine, en proie donc à la terreur aux dents acérées. Pas de bol hein ! Mais le film en rajoute tellement à chaque fois qu’au bout d’un moment, il perd totalement sa crédibilité, la sacrifiant sur l’autel du rythme et de l’efficacité. Dans un sens, c’est un choix, et c’est tout à son honneur de vouloir être efficace, mais quand chaque situation finit par devenir la situation de trop, on trouve tout de même ça bien dommage. Que Day soit prisonnier de la piscine avec un crocodile, ok. Que celui-ci ponde des œufs sur place, ok. Que sa petite amie qui passe par là à un grave accident et qu’il doive prendre soin d’elle, ok. Mais que sa piqure soit hors de portée mais qu’il parvienne néanmoins à survivre plusieurs jours, que le crocodile attaque aussi souvent, que notre personnage soit forcément caché dans des conduits pile quand quelqu’un passe à proximité ou immergé sous le peu d’eau restant lorsqu’un livreur de pizza passe, ou que son téléphone tombe dans l’eau alors qu’il était relié à un chargeur, ça commence à faire beaucoup non ?

Mais ça, c’est juste le début, car allez, rajoutons une grave blessure à la tête de sa petite amie, un crocodile qui adore dormir avec un objet important dans sa gueule sans raisons, la gueule ouverte, une grille fermée alors qu’elle était enfin le salut de la fine équipe, ou que forcément, une tentative presque réussie pour fuir échoue à quelques centimètres du bord, et ça fait encore plus. Surtout quand on sait que les personnages vont survivre plus de six jours dans de telles conditions, avec un prédateur qui rôde, et donc, sans insuline pour notre héros diabétique. Oui, ça commence à faire beaucoup pour entacher la crédibilité du titre. Qui en a pourtant des qualités. Comme des acteurs investis, une mise en scène pas dégueulasse du tout malgré quelques moments qui veulent en faire trop et quelques ralentis discutables. Et si les plans larges du crocodile sont en soit risibles, les plans rapprochés eux sont plutôt convaincants. En réalité, The Pool n’est pas mauvais, mais ne conviendra pas à tout le monde. Certes, il s’agît de cinéma, mais pour un film voulant être un survival animalier, un film à suspense, il faut un minimum de réalisme pour que l’ensemble arrive à accrocher sur la durée, et à ce niveau là, je ne suis pas rentré dans le métrage. Surtout que le métrage, avec sa fameuse Loi de Murphy, il n’en démords pas, et il y va à fond, jusque dans le dernier acte, car avoir bien torturé ses personnages durant 1h15, ça ne suffit pas, il faut continuer jusqu’au bout, malgré un happy ending lors de ces derniers instants. Et ça a été un peu trop pour moi ce final en fait. Notamment le coup du chien, qui semble être juste là pour en rajouter une couche alors que l’on avait quasiment oublié l’animal depuis le temps. Du coup, non, je préfère Crawl.

Les plus

Une mise en scène efficace
Court et pour le coup, (trop) rythmé
On aime les crocodiles

Les moins

Les plans larges du crocodile
La loi de Murphy exploitée jusqu’à plus soif
Perd progressivement en réalisme, et donc en suspense

En bref : Huis clos animalier, The Pool avait beaucoup de potentiel, mais il abuse des retournements de situations et des événements qui tournent mal pour toujours aller plus loin, jusqu’à perdre toute crédibilité, et que certaines situations deviennent plus risibles que déchirantes.

2 réflexions sur « THE POOL (นรก 6 เมตร) de Ping Lumpraploeng (2018) »

  1. Le technicien d’un clip coincé au fond de la piscine, un crocodile en petit pull marine, et Luc Besson qui est parti boire un verre pendant six jours (il a entendu des voix, il est parti tourner Jeanne D’Arc). De base, j’avoue que suis moyen tenté. C’est vrai que ces petits dispositifs minimalistes permettent aux réals de déployer des trésors d’ingéniosité de mise en scène, mais il faut quand même avoir un scénario bien bâti pour cela. Ça n’a pas l’air d’être le cas, la malchance qui « n’en démord pas » ne suffit pas en effet.

    1. Le genre du survival animalier (celui qui se veut réaliste, pas le nanar/comédie nanarde/navet en mode Syfy ou Asylum) a finalement toujours été plus ou moins un genre minimaliste, dans son propos et son décor. Mais quand ça marche, c’est aussi ce qui fait sa force, ce propos resserré, cette économie de moyen au service de l’efficacité. C’était le cas pour Aja et son Crawl aussi finalement. Et là The Pool, les avis étaient souvent positifs. La preuve qu’il faut souvent voir le film et se faire son propre avis !

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