LE COUVENT DES PÉCHERESSES (La Monaca del Peccato) de Joe D’Amato (1986)

LE COUVENT DES PÉCHERESSES

Titre original : La Monaca del Peccato
1986 – Italie
Genre : Erotique
Durée : 1h29
Réalisation : Joe D’Amato
Musique : Stefano Mainetti et Guido Anelli
Scénario : Antonio Bonifacio et Daniele Stoppa

Avec Eva Grimaldi, Karin Well, Gabriele Gori, Jessica Moore et Maria Pia Parisi

Synopsis : Suzanne, une jeune femme, est violée par son beau père puis envoyée dans un couvent. Elle découvre un univers tortueux où la vertu n’est pas légion. Elle est convoitée par une mère supérieure très attirée par les charmes voluptueux de cette jeune nonne. Sa relation trouble avec un jeune prêtre va finir par lui attirer définitivement des ennuis, notamment par l’assistante de la mère supérieure qui va tout faire pour la détruire. Elle va l’accuser d’être possédée par le diable.

Joe D’Amato, un réalisateur très présent en Italie, dans les années 70, 80 et 90. Il aura fait des films d’horreur, avant de glisser peu à peu dans les films érotiques, puis les films pornos. Mais le bougre n’aura pas été que réalisateur, il aura également écrit, produit, été directeur de la photographie, et aura occupé de multitudes d’autres postes sur divers films. Il aura même lancé la carrière de réalisateur de Michele Soavi en 1986 en produisant son Bloody bird. La même année, il réalisa Le couvent des pécheresses, adaptation libre d’un roman. Moyen pour lui de faire un film érotique surfant sur la vague des films de nonnes. Pourquoi pas après tout ? Surtout que comme on le sait depuis déjà pas mal de temps, D’Amato aime filmer les filles dénudées. Le réalisateur va y ajouter une dose de sadomasochisme, de voyeurisme, et surtout, étonnant, une réflexion sur la religion. Dés l’ouverture du film, nous assistons au viol de Suzanne par son propre père. Après cela, ces parents l’envoient dans un couvent, de force. Là n’est pas la vocation de Suzanne, femme honnête, croyante, mais ne souhaitant pas passer sa vie dans un couvent. Cependant, elle s’apercevra bien vite que la vie là bas n’est pas vraiment celle qu’elle s’imaginait. Les nonnes ne sont pas, loin de là, des saintes nitouches. Si le fait de toucher un homme là bas peut leur valoir d’être punie par la mère supérieure, à coups de fouet, les relations entre les nonnes elles-mêmes sont monnaie courante.

Et c’est là que se trouve le cœur du film de D’Amato, en partie. D’un côté, nous avons Suzanne, vertueuse, croyante, mais qui ne se trouve pas à sa place, et de l’autre, nous avons les autres nonnes, et l’ordre religieux en général, borné sur ses idées, préconçues, pervers et hypocrite. Dés son entrée au couvent après son viol (filmé d’assez prés par D’Amato), Suzanne va découvrir la vérité sur cet univers insoupçonnable. La mère supérieure va très rapidement tomber sous ses charmes et lui accorder une très grande importance. Chose que Suzanne ne cherchait pas à avoir, et elle va malheureusement devoir en payer les frais. Les autres nonnes vont alors se lier contre elles, pour la faire tomber, la torturer, l’enfermer au cachot, ou encore pire, la faire passer pour une femme possédée par un démon aux yeux des membres hauts placés, trop bornés pour se rendre compte de cette manipulation totale. Suzanne trouvera néanmoins du réconfort pendant un temps chez deux personnes : une autre nonne, qui tentera de l’aider, mais qui par chantage de la part de l’assistance de la mère supérieure, préférera se taire ; et un jeune prête, avec qui Suzanne va entretenir une relation, qui va finir par se savoir. Mais comme pour son amie nonne, si elle pourra trouver du réconfort et de l’espoir ici, elle finira par se retrouver seule, abandonnée par la lâcheté et la peur des autres. Peur pour eux même, pour leur place au sein de l’église, ou encore pour éviter de subir le même sort que Suzanne. Sous cette optique, le couvent se transforme plus en forme de secte. Sous sa forme de film érotique, D’Amato parvient tout de même à transmettre quelque chose en dessous de tout ça. Tout le monde en prendra pour son grade, et personne ne viendra rattraper les autres, entre les manipulations, la lâcheté, la jalousie et le sadisme. Suzanne, comme elle le disait dés le départ, n’a pas sa place dans ce lieu.

D’Amato filme avec assurance ces nonnes, qu’elles soient nues ou non, mais parmi elles, seule Suzanne aura droit à de la compassion de la part du spectateur. D’Amato signe lui-même la photographie, comme il le fit à de nombreuses reprises, et cela donne de très belles images, alliés par moment à de très belles scènes, qu’elles soient déviantes ou non. Certes, l’interprétation n’est pas toujours au top, et le rythme parfois un peu lent, mais Le couvent des pécheresses n’ennuis jamais vraiment. Il se révèle être un film agréable à regarder, autant pour les yeux (c’est un film érotique) que pour sa galerie de personnage et la vision qui nous est donnée de l’église. Une vision débauchée et pessimiste, mais qui s’avère ici bien menée. Comme Suzanne, croire, pourquoi pas, mais se forcer à être entre quatre murs pour « faire semblant de croire » et se laisser aller à la débauche comme les autres nonnes, non ! Même les seuls personnages qui auraient pu apporter du salut à Suzanne sont traités de manière lâche, préférant sauver leur peau et vivre avec un fardeau que de faire les bons choix.

Les plus
Un bon D’Amato
De belles scènes et de belles images
Les moins
Traitement pessimiste pour tout le monde

En bref : Sympathique film érotique tourné pendant le début de la crise du cinéma italien, Le couvent des pécheresses contient de très belles images, et un fond suffisamment intéressant pour ne pas ennuyer.

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