Titre original: Rabid
1977 – Canada
Genre : Horreur
Durée : 1h31
Réalisation : David Cronenberg
Musique : Ivan Reitman (supervision)
Scénario : David Cronenberg
Avec Marilyn Chambers, Frank Moore, Joe Silver, Howard Ryshpan, Patricia Gage et Susan Roman
Synopsis : Apres un accident de moto qui l’a complètement défigure, Rose est soignée par un chirurgien esthétique dans une clinique spécialisée. Il en profite pour faire une expérience aux conséquences inconnues sur une greffe de la peau. Un mois plus tard, Rose sort de son coma et s’aperçoit qu’un nouvel organe a fait son apparition sous son aisselle.
Deux ans après Frissons, Cronenberg est de retour avec Rage, confirmant à l’écran ses thèmes et obsessions dans un métrage à la fois plus réussit et plus prenant, tout en étant dans la même lignée. Encore une fois, ce qui rend le film intéressant, c’est purement et simplement la vision qu’à Cronenberg de l’horreur, une horreur intimiste, traversant les âges. Rage commence par un accident de moto dans lequel Rose frôle la mort et son petit ami se casse un bras. Conduits d’urgence à la clinique la plus proche, celle du docteur Dan Keloid, Rose va y être opérée sans quoi elle perdra la vie. Pour parvenir à la sauver, Dan va effectuer une greffe d’un genre nouveau dont les conséquences sont encore inconnues. Comme on s’en doute, rien ne va se passer comme prévu, et la fameuse greffe va faire se développer chez Rose une sorte de nouvel organe sous son aisselle, un dard, transperçant la chair humaine afin de lui permettre de se nourrir de sang humain. Les thèmes de la contamination, du virus, de la mort, alliés comme souvent chez Cronenberg au sexe, sont bien présents, et attirent autant qu’ils dérangent. Bien entendu, si l’œuvre a également, dans son ensemble, un peu vieillie, elle n’en demeure pas moins encore passionnante.
Dans le premier rôle, on découvre Marilyn Chambers dans son premier et dernier rôle traditionnel (donc, pas dans le porno). Un rôle difficile que Marilyn Chambers joue à la perfection, lors de son cheminement, de la fille normale, à la fille apeurée, jusqu’à la fille malade et perdue. Puisque sa seule nourriture devient le sang humain, elle ne se rend pas compte que sa « nourriture » sera alors contaminée par un virus mortel, une sorte de rage. Ses victimes deviendront alors violentes avant d’entrer dans un profond coma et de trouver la mort. Rapidement, la situation va prendre beaucoup d’ampleur et Cronenberg va plonger ses personnages avec le spectateur dans une situation de crise, limite apocalypse, dans laquelle l’état d’urgence est déclarée à Montréal. Les autorités vont chercher à éliminer toute personne contaminée afin de stopper la propagation de ce nouveau virus. Quand à Rose, elle ne pourra se détacher de son seul moyen de nutrition pour rester en vie et garder la raison. Elle finit par accepter cette mutation chez elle, thème récurent chez Cronenberg que l’on retrouvera dans des œuvres ultérieures comme Chromosome 3, Scanners, Videodrome ou La mouche. Ici, Cronenberg maîtrise déjà le fond comme la forme de son sujet, et si encore une fois, comme dans Frissons, il ne fait pas peur au sens le plus connu dans le cinéma (les sursauts), il nous place dans un contexte familier (un banal accident de moto, les progrès du milieu médical), et à ce niveau, Rage parvient à faire réfléchir, voir à terrifier, malgré l’âge du film.
Niveau mise en scène, Cronenberg dirige son film avec le plus grand sérieux, sans doute la raison pour laquelle on œuvre reste d’une grande force. Au casting, on retrouvera quelques habitués aperçus dans Frissons, ou que l’on retrouvera dans deux de ces films suivants (Chromosome 3 et Scanners). Au niveau de la bande sonore, Howard Shore n’est pas encore là (il arrivera sur Chromosome 3), mais celle-ci est efficace. Très peu de thèmes, mais ils sont utilisés comme il faut durant le film, faisant ressortir l’horreur ou l’aspect dramatique du personnage de Rose, avec une mélodie au piano du plus bel effet. Rage peut être vue comme une sorte de suite à Frissons, en plus maîtrisée, et avec une meilleure utilisation des différents effets spéciaux, plus réussis, et en gardant la contamination et le sexe, tout en plaçant son histoire à une plus grande échelle (la contamination à la ville, l’état d’urgence). La contamination à plus grande échelle ramène d’ailleurs à la fin de Frissons dans laquelle les habitants de l’immeuble, contaminés par un parasite, quittaient l’immeuble pour rejoindre la ville. Rage s’inscrit donc dans la continuité de l’œuvre de Cronenberg, qui nous livre une œuvre forte, intéressante, habillement mise en boite, et toujours envoûtante.
Les plus
Très prenant
Intéressant
Marilyn Chambers, étonnante
Les moins
Quelques défauts, sans doute dû au budget
En bref : Pour son deuxième métrage, Cronenberg signe un grand film, prenant, dérangeant, envoûtant. Un grand film.