ALUCARDA (Alucarda, la Hija de las Tinieblas) de Juan López Moctezuma (1977)

ALUCARDA

Titre Original : Alucarda, la Hija de las Tinieblas
1977 – Mexique
Genre : Fantastique
Durée : 1h18
Réalisation : Juan López Moctezuma
Musique : Anthony Guefen
Scénario : Juan López Moctezuma et Alexis Arroyo

Avec Tina Romero, Susana Kamini, Lili Garza, Claudio Brook, David Silva, Tina French, Birgitta Segerskig, Adriana Roel, Antonia Guerrero et Martin LaSalle

Synopsis : Alucarda est une orpheline qui a vécu au couvent sa vie entière. Justine, une autre fille d’âge proche également orpheline, arrive au couvent. Elle et Alucarda vont devenir des amies très proches. Mais Alucarda semble manifester des capacités étranges ; elle entend notamment des voix qui la poussent à entraîner Justine dans des actes sataniques…

Production Mexicaine tournée en Anglais datant de 1977, Alucarda a acquis avec les années sa petite réputation, sans néanmoins atteindre le statut de film culte, et il est fort probable que beaucoup de gens ignorent encore l’existence du métrage. Le film de Juan López Moctezuma a néanmoins de quoi attirer les curieux. Déjà car un film de vampires Mexicain de 1977, ça ne court pas les rues, et ensuite car le réalisateur a de quoi interpeler, lui qui a accumulé au fil des années les casquettes (producteur, réalisateur, acteur, scénariste), notamment puisqu’il fut le producteur de deux métrages d’Alejandro Jodorowsky, et notamment son El Topo. Voilà qui présage donc une œuvre à part, avec des choix marqués, autant narrativement que visuellement. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’Alcuarda est une adaptation relativement libre du roman Carmilla. Bien que production totalement Mexicaine, le film fut donc tourné en Anglais, sans doute pour faciliter son exportation, ce qui fut en effet le cas, et le fait que le film eu droit à une ribambelle de titres, comme Innocents from Hell et Sisters of Satan, rien que ça. Et pour une fois, ce qu’il faut savoir aussi (pour la culture), c’est que le film fut présenté en premier au festival du film Fantastique de Paris en Mars 1977. Oui, il fut une époque où la France n’était pas autant à la ramasse niveau sorties, et osait des choses, puisque même dans les salles obscures, Alucarda débarque en France en Décembre 1977, tandis qu’il ne sorti qu’un mois après au Mexique, et plus tard durant l’année 1978 en Amérique. Voilà pour la petite histoire. Mais est-ce que Alucarda est vraiment un film intéressant, encore aujourd’hui ? Et bien oui, même s’il faut avouer malgré tout que l’on est très loin du chef d’œuvre, ou même du grand film. Alucarda, si on devait le résumer en quelques mots, l’on pourrait facilement dire qu’il s’agît d’un film d’horreur érotique se déroulant dans un couvent Mexicain, mais ce serait réducteur.

Alucarda, c’est aussi une expérimentation visuelle à bien des égards, mais c’est aussi, dans le fond, l’éternelle lutte entre le bien et le mal, et plutôt ici entre la tradition et la modernité. Sans choisir un camp ou l’autre, puisque le réalisateur, également coscénariste de l’adaptation, semble plutôt nous dire que dans les deux cas, l’échec est là. On pourrait même pousser le vice plus loin en disant que l’échec est inévitable. Alucarda se déroule donc dans un couvent Mexicain, faisant également office d’orphelinat, dans lequel arrive dés le début Justine. Un rapide tour des lieux qui paraissent étranges esthétiquement, comme si le réalisateur était en avance sur la secte religieuse de Ringo Lam dans Burning Paradise, et voici que Justine rencontre Alucarda avec qui elle partage sa chambre. Les deux s’entendent immédiatement, on pourrait même dire que c’est l’amour fou, sauf qu’Alucarda, elle voit plus loin, pour elle, c’est vraiment l’amour fou, elles sont inséparables, et tout cela vire très rapidement à l’ésotérisme avec pacte de sang, rites sataniques, et donc, avec nudité et horreur. Alucarda, le film, est un film qui sonne d’emblée comme une expérience visuelle. Et à ce niveau, malgré quelques effets et éléments un peu vieillots, ça fait clairement le boulot, et plusieurs scènes parviennent à marquer la rétine, voir certains plans. Ces scènes dans les champs où tout à coup des prêtres passent en arrière-plan en portant un cercueil, cette première scène de rite en extérieur avec Justine et Alucarda, séduisante et étrange visuellement, ou bien entendu son final explosif, outrancier, qui se laisse aller à toutes les extravagances visuelles. Ce sont des moments qui marquent, d’autant plus que le film, avec sa durée ultra condensée, va le plus souvent à l’essentiel.

Sans oublier l’un des meilleurs atouts du film, à savoir Tina Romero dans le rôle d’Alucarda, au regard carrément hypnotisant, autant dans les scènes devant jouer sur la séduction que celles jouant sur son aspect destructeur et meurtrier. Dans le fond par contre, Alucarda a quelques défauts, dont certains que l’on pourrait clairement mettre sur le dos de sa très courte durée. Comme si certains éléments étaient rushés pour arriver plus vite là où le métrage veut aller, ou alors certains personnages manquants un peu de background pour justifier parfois une avancée aussi rapide. C’est le cas par exemple du premier acte du métrage, qui montre certes une plutôt bonne alchimie entre les deux actrices, Tina Romero et Susana Kamini, mais qui se montre bien trop rapide pour en arriver, en l’espace de quelques scènes et de quelques roulades dans les champs, à « meilleures amies du monde » que rien ne pourra jamais séparer, même pas la mort. Certes, nos personnages sont des orphelines, donc sans doute avec un passé difficile, mais tout de même. Pourtant même dans le fond, des idées, il y en a des tas, mais tout ne semble pas fonctionner. Alucarda, oui, on s’en rappellera surtout pour ses débordements visuels, parfois très théâtraux, mais intéressants et le plus souvent jolis. Bien que le film apparaisse souvent bancal, il demeure une curiosité intéressante pour le cinéphile.

Les plus

Des scènes marquantes
Tina Romero et son regard qui en dit long
Visuellement travaillé et tentant des choses
Le final

Les moins

Une intrigue simple mais pourtant souvent rushée
L’amitié entre Alucarda et Justine peu crédible

En bref : Alucarda est une belle curiosité, notamment visuellement, c’est très théâtral, mais ça ose beaucoup de belles choses, et certaines scènes parviennent à marquer le spectateur. Le fond par contre, même s’il met en avant des thématiques intéressantes, peine souvent à convaincre, tant tout va trop vite.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Some scenes are just incredible
♥ Tina Romero and her stare!
♥ Visually, often stunning, and it tries a few things
♥ The finale
⊗ A simple story, but it seems rushed
⊗ The friendship between Alucarda and Justine is hard to believe
Alucarda is a nice curiosity, stunning visually, very theatrical, it tries a lot of beautiful things, and some scenes just stay in our mind. If the themes are interesting, some things go way too fast and not everything is convincing.

2 réflexions sur « ALUCARDA (Alucarda, la Hija de las Tinieblas) de Juan López Moctezuma (1977) »

    1. Oui pas bête comme comparaison, le fait que ça se passe dans un couvent et que la religion en prend un peu dans les pattes ramène clairement à ce cher Ken Russell, qui lui aussi aura touché à la religion fantastique (vampirique) avec son nanardesque LE REPAIRE DU VER BLANC, un de mes plaisirs coupables, un film avec autant d’images marquantes que de passages ratés et embarrassants.
      ALUCARDA quand à lui bénéficie quand même d’une belle réputation, ça ne me surprendrait pas que Carlotta finisse par l’éditer chez nous (je vois qu’il est dispo sur amazon prime en tout cas).

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