BLUE HOLOCAUST (Buio Omega) de Joe D’Amato (1979)

BLUE HOLOCAUST

Titre original : Buio Omega
1979 – Italie
Genre: Gore
Durée : 1h34
Réalisation: Joe D’Amato
Musique : Goblin
Scénario : Ottavio Fabbri
Avec Kieran Canter, Cinzia Monreale, Franco Stoppi et Sam Modesto

Synopsis : Inconsolable après la mort de sa fiancée, Franck met à profit sa passion pour la taxidermie pour la conserver à ses côtés. Il se met ensuite en quête d’une nouvelle compagne qui l’acceptera, lui et le cadavre de son premier amour.

Joe D’Amato signe en 1979 ce qui restera sans aucun doute son meilleur film, et peut être son plus connu, avec Anthropophagous. Mais en matière de rythme, de récit, mais également du pur point de vue technique, Blue Holocaust restera le meilleur film de D’Amato, et le film pour lequel on se souviendra du bonhomme, réalisateur d’une bonne tripotée de film. Dés les premiers instants, on découvre le personnage principal, taxidermiste à ses heures perdues. Il est en voiture, pour récupérer un colis. Première constatation, D’Amato s’est octroyé, pour la musique, le talent du groupe Goblin, bien connut pour leurs partitions sur les films de Dario Argento, notamment Les frissons de l’angoisse et Suspiria, quelques années plus tôt. Dés le départ, on s’aperçoit de la route suivie par D’Amato. Réalisation très froide, personnages assez barrés, sujet étrange et tabou. La fiancée de Franck est très malade, à l’hôpital, vivant les derniers instants de sa vie, victime d’un rite vaudou, pratiqué dans l’intérêt de la gouvernante, ayant des vues sur Franck. Le début du film se rapproche plus du drame, et la musique des Goblin vient appuyer cet effet. Franck semble détruit, alors que sa gouvernante se délecte du drame, pour ainsi pouvoir prendre la place de sa fiancée. Mais les choses ne seront pas si simple, pour l’un, comme pour l’autre. Franck, perdant peu à peu pied avec le réel, va user de sa passion pour la taxidermie pour voler le corps de sa bien aimée et l’embaumer, afin de la conserver avec lui. Et de l’autre, la gouvernante, Isis, par amour, va suivre Franck, et se rendre complice de ses atrocités.

A partir de là, D’Amato, fidèle à sa réputation, va vouloir, toujours avec un budget plus que réduit, nous en mettre plein la vue, en allant dans le gore malsain. Mais il s’y prend totalement différemment de ses compatriotes Argento ou Fulci, qui mettent en scène des scènes sanglantes comme de l’art, en utilisant des couleurs chaudes. D’Amato, lui, va filmer ses scènes le plus froidement du monde, avec une touche malsaine. Et même si les scènes chocs ne sont pas si nombreuses que dans un Fulci, leur intérêt dans l’histoire, et surtout leur effet, en est décuplé, notamment dans la première de ses scènes. Venant de récupérer le corps de sa bien aimée, Franck va alors l’ouvrir et lui extraire ses organes, un par un. D’Amato filme tout cela en gros plan, avec complaisance, et le dégoût va vite gagner le spectateur, au fur et à mesure que l’horreur montera dans la scène, et que Franck perdra la raison. Malgré son amour grandissant pour sa défunte bien aimée, qu’il garde auprès de lui, Franck va tenter de se retrouver quelqu’un, qui l’acceptera, lui, et surtout, ELLE. Chose non aisée, qui montre le degré de folie du personnage. Personne ne viendra rattraper les autres personnages. Franck tentera sa chance à de nombreuses reprises, en vain. Toutes ces tentatives se finiront dans un bain de sang. Et Isis, la gouvernante, se rendra coupable aussi, en aidant Franck a camoufler les corps, et elle n’y va pas avec le dos de la cuillère pour les faire disparaître : massacre au hachoir suivit d’un bain d’acide, le four crématoire, arrachage d’ongles…

Mais outre les scènes gore, c’est la relation entre Franck et Isis qui peut choquer. A la fois mère et amante, elle le veut comme époux, pour son amour, mais également sa fortune. Leur relation sera complexe, souvent ambiguë. Malgré ses actes et son caractère, Franck s’avérera être le personnage le plus attachant du film, incarnant le paumé de l’histoire, mais également le fou amoureux. Son amour ira très loin, pouvant ainsi aller de la tendresse à la folie, ou vice versa. La scène de l’autopsie, où il retire le cœur de sa bien aimée, et en croque un morceau (beurk) va bel et bien dans ce sens. L’amour au-delà de la mort, c’est tout à fait ça. Ce n’est pas parce qu’un individu meurt que l’on est censé l’oublier, et ne plus l’aimer, même si Blue holocaust portera le thème bien plus loin, de manière souvent osée, provocatrice, et directe. Mais au-delà de ses nombreux débordements, classiques dans le cinéma de genre italien de cette époque, le film reste encré dans une ambiance, très froide, clinique, et se révélera une grande surprise, au rythme lent (comme souvent chez D’Amato), mais intéressant et triste. Un drame gore en quelque sorte.

Les plus
Un d’Amato réussi
Concept intéressant
Magnifique musique des Goblin
Les scènes sanglantes, efficaces
Les moins
Un peu trop clinique et froid

En bref : Le film le plus maîtrisé de D’Amato, une réussite scénaristique et visuelle, parfois bien gerbant, mais profondément triste et bouleversante.

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