TOMIE UNLIMITED (富江 アンリミテッド) de Iguchi Noboru (2011)

TOMIE UNLIMITED

Titre original : 富江 アンリミテッド
2011 – Japon
Genre : Horreur
Durée : 1h25
Réalisation : Iguchi Noboru
Musique : Nakagawa Takashi
Scénario : Tsugita Jun et Iguchi Noboru d’après Ito Junji

Avec Nakamura Miu, Arai Moe, Kawakami Maiko, Ôwada Kensuke, Ôhori Kôichi et Ôta Aika

Synopsis: Tomie est morte, transpercée par une gigantesque barre en métal. Sa famille a bien du mal à se remettre de l’évènement, et les choses ne vont pas s’arranger, puisque le jour de l’anniversaire de Tomie, celle ci va s’inviter à la fête. Si malgré son humeur désagréable, ses parents vont rapidement accepter son « retour », Tsukiko, sa sœur, ne va pas voir les choses de la même façon, et sa vie va devenir un enfer.

Tomie, à la base, c’était un manga, signé par Ito Junji. Sortis en France en 3 gros volumes (attention, je fais de la pub, chaque volume étant vendu à 9 euros neuf), les œuvres ne s’avèrent pas être le meilleur travail de Ito, mais pas loin (et oui, il y a aussi Spirale, alias Uzumaki). Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que le manga soit adapté au cinéma, dès 1999 par Oikawa Ataru, réalisateur très inégal qui n’aura pas signé d’œuvres originales dans sa carrière. Et jusqu’à l’année dernière, la saga contenait pas moins de 8 opus. Une saga totalement déséquilibrée, entre un premier opus un peu mou, un second passable, deux opus excellents, un cinquième sympathique (encore signé par Oikawa), un sixième exécrable (tiens, encore de Oikawa) et un Tomie VS Tomie que je n’ai pas encore eu le courage de regarder, sans compter un épisode de V-Cinéma. Et à présent, c’est à Iguchi Noboru, bien connu de l’amateur de bizarreries pour avoir signé le sympathique The Machine Girl et le raté RoboGeisha, qui s’attaque à un nouvel opus : Tomie Unlimited. Le projet faisait peur, mais intriguait. La saga Tomie tourne en rond depuis longtemps après tout, et on voit mal comment y ajouter un peu de sang neuf. De plus, voir Iguchi à la mise en scène n’est pas pour rassurer, tant le bonhomme a pour habitude d’étendre de superbes concepts en film bien trop longs pour ce qu’il a à nous raconter. Ajoutons à cela que l’on retrouve au scénario Tsugita Jun, qui a signé le scénario de Mutant Girls Squad (très fun certes, mais au scénario…. Plus que limité on dira) et réalisé récemment Fashion Hell, sympathique également, mais pas de quoi se relever la nuit. Tomie Unlimited commence avec de mauvaises bases, et pourtant… Oui, au final, il s’avère être une agréable surprise. Certes, rien de forcément exceptionnel non plus, le film ayant ses défauts, mais dans une saga comme celle ci, le métrage se hisse facilement parmi les meilleurs. A croire que quand il le veut, Iguchi peut maîtriser réellement son film du début à la fin (bon malgré des fausses notes sur la fin notamment). Dès la scène d’ouverture, nous sommes dans le bain, avec une fausse tranquillité posée, une peu niaise avec la musique accompagnant la scène, son filtre orangé sur l’image, et quelques secondes plus tard, une Tomie (que l’on reconnaît comme d’habitude à son grain de beauté sous l’œil gauche, et au fait qu’elle attire tous les hommes) se fait transpercer par une gigantesque barre en métal en forme de croix.

Pas de doute, même sans le savoir, on reconnaît le travail de Nishimura Yoshihiro aux effets spéciaux, et on comprend rapidement qu’avec une telle équipe à la barre, Tomie Unlimited ne ressemblera à aucun autre film de la saga. Du moins, visuellement et dans ses partis pris, car au niveau de l’histoire, c’est une autre histoire justement… Enfin, passé cette sublime scène d’introduction, le film se découpe en deux parties distinctes. La première va tout axer sur l’étrangeté de la situation, le comportement décalé de ces personnages, en tentant de faire monter la tension. Iguchi soigne sa mise en scène et son montage, si bien que l’ensemble fonctionne plutôt bien, malgré une impression de déjà vu par moment. Aucune surprise donc à voir notre fameuse Tomie revenir à la vie, attirer les hommes, et même sa famille malgré son comportement de chieuse, ou finir décapitée (comme dans beaucoup d’épisodes). Pour l’occasion, Tomie change encore de tête, comme à chaque opus, et c’est Miu Nakamura qui interprète la beauté fatale cette fois ci. L’amateur de V-Cinéma l’au déjà aperçu ces dernières années dans les deux Uniform Survigirl (premier opus fort sympathique, le second beaucoup moins) ou dans Teketeke 2 de Kôji Shiraishi (Grotesque, Noroi, Kuchisake-Onna). Elle joue une Tomie tout à fait convaincante, loin des derniers essais à ce jour à côté de la plaque, tour à tour séductrice ou vraie garce que l’on a envie de baffer. Les situations s’enchaînent très rapidement, et l’ambiance, prenante, se pose doucement. L’emprise de Tomie sur sa famille sera à la fois amusante et étrangement dérangeante, entre le père qui va lécher avec amour ses cheveux, la mère qui brûlera toutes ses photos et carrément une scène ambiguë dans la salle de bain… Dommage que ça ne va pas plus loin. Le drame continue à l’école, et Iguchi se lâche quelques peu en scènes plus horrifiques (le coup de la boite à Bento par exemple), et ça fonctionne toujours. Classique, mais efficace. Réalisation carrée, musique d’ambiance, bons maquillages. On ne demandait rien de plus.

Puis intervient la seconde partie du métrage, qui opère en quelque sorte un gros virage, en plongeant dans une ambiance beaucoup plus grotesque, et beaucoup plus sanglante. On aurait pu craindre l’inverse, comme souvent, et que Iguchi tombe en panne totale d’inspiration en étirant son film, mais il parvient avec l’aide de son scénariste à se renouveler de manière intéressant, en multipliant les apparitions de Tomie sous différentes formes. Si visuellement, c’est parfois limité (d’affreux effets numériques, même si on a vu pire ailleurs), les idées sont là. Entre la Tomie sans tête qui va courser notre héroïne partout, une tête de Tomie se baladant à l’aide de ses cheveux, une autre se constituant à partir d’une marre de sang et j’en passe, le film ne finit par de surprendre. Il surprend dans la forme et dans les idées, car scénaristiquement, la trame reste à peut près identique aux films précédents, le personnage est bien établit, et pas grand chose ne change. Et ce jusqu’au final, alternant de purs bons moments, et d’autres beaucoup moins accrocheurs. Il faut dire que j’ai de plus en plus de mal avec les giclées de sang numérique, et le film en contient pas mal. Ce qui n’empêche pas de savourer le métrage pour ce qu’il est : un métrage rythmé, soutenu, généreux, classique certes, mais bourré d’idées visuelles. Le genre de métrage que l’on n’attendait absolument pas, et donc assurément une bonne surprise, avec son lot de défauts et de qualités. Si Iguchi continue sur cette voie, on ne peut qu’attendre ses prochains métrages.

Les plus
Une scène d’ouverture excellente
Rythmé
Une première partie mettant la tension en avant
Une seconde partie plus grotesque
Le plus sanglant de la saga
Les moins
Des effets numériques pas toujours au top
Ça reste très classique pour qui a vu la saga

En bref : Iguchi Noboru surprend en maîtrisant son film. Parfois gore, parfois plus en nuance, il n’apporte rien de plus à la saga, mais pourtant se hisse parmi les meilleurs.

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