Titre original : Dead or alive 2: Tobosha – DEAD OR ALIVE 2 逃亡者
2000 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h37
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Ishikawa Chu
Scénario : Nakamura Masa
Avec Aikawa Shô, Takeuchi Riki, Endô Kenichi, Masato, Chen Edison, Teah et Tsukamoto Shinya
Synopsis : Alors qu’il s’apprête à assassiner un chef yakuza, Okamoto se fait devancer par un autre. Il empoche tout de même la somme qui lui était promise et retourne vers son île natale. Là-bas, il tombe sur le mystérieux meurtrier. Un homme qu’il connaît en fait très bien, vu qu’il s’agit de son ami d’enfance, Sawada. Pendant un court moment, les deux hommes se replongent dans leur passé. Mais les yakuza et les triades sont à leur poursuite.
Faire une suite à Dead or Alive, ce n’était pas une chose aisée. En fait, c’était impossible. Et à quelques exceptions près dans sa carrière, Miike Takashi n’aime pas les suites. Pourtant, comme on le sait, Dead Or Alive est devenu une trilogie. Et chaque opus n’aura rien à voir avec le précédent, même si le troisième tentera (et échouera) de boucler la boucle. Les seuls vrais points communs entre les trois films seront les deux acteurs principaux, et le réalisateur. Et bien entendu, on y retrouvera des thèmes chers au metteur en scène : la rivalité entre les gangs, la famille et bien entendu, vu le titre, la mort. Pour Dead Or Alive 2, en tout cas, changement de scénariste, et également pour l’occasion de compositeur. Au scénario, on trouve Nakamura Masa, et on remarque immédiatement son style quand on sait que le monsieur avait déjà signé le scénario de Bird People In China, de Miike également. Et pour la musique, Miike retrouve après Fudoh Ishikawa Chu, compositeur attitré de Tsukamoto Shinya. Après tout, les deux réalisateurs étaient souvent ensembles à l’époque, Tsukamoto jouant d’ailleurs dans ce Dead Or Alive 2, et dans Ichi the Killer, et Miike ayant réalisé pour lui le making of de son film Gemini. Bref, Dead Or Alive 2, fausse suite de Dead Or Alive, au ton totalement différent.
Ton différent donc, mais également sujet beaucoup plus maîtrisé, sans doute car plus intéressant dés le départ. Le film commence, comme toujours chez Miike, sur les chapeaux de roues, avec l’apparition hilarante de Tsukamoto Shinya, réalisateur donc de Tetsuo et Bullet Ballet. Ici, il joue celui qui engage Okamoto (Aikawa Shô, blond pour l’occasion) pour tuer le chef Yakuza au début du film, qui explique la guerre entre Chinois et Japonais avec des paquets de cigarettes, et fait des tours de magie à ses heures perdues. Son personnage est marrant, et le film confirme qu’il est bon acteur, mais ça, ce n’était plus à prouver. Arrive ensuite quelques fusillades et courses poursuites. Puis on arrive au cœur de l’histoire, une fois sur l’île où se retrouvent les deux personnages principaux, les deux tueurs, et le film devient alors émouvant, pendant que les deux retrouvent leurs amis d’enfance et se rappellent tout ce qu’ils ont vécus ensemble, des moments de bonheur aux instants les plus tristes. Ils retombent un temps en enfance, acceptant même de devenir acteurs pour une pièce de théâtre destinée aux enfants de l’orphelinat où ils étaient. Un ton très différent du premier opus, nostalgique, prenant, et traité très en nuance, avec une réelle beauté, tout en gardant également une relation assez étroite entre l’enfance, l’innocence… et la mort.
Très contemplatif, lent, et d’ailleurs, finalement, nuancé, Dead Or Alive 2 ressemble par moment au cinéma de Kitano. Mais ici, contrairement au premier opus, et grâce à son sujet réellement bien traité, le film n’ennuie jamais, il intéresse et passionne. Bien sûr, connaissant le réalisateur, la fin changera de ton, pour revenir ouvertement à la guerre entre les gangs. Cette partie, assez classique où les deux héros assassineront un grand nombre de cibles, est néanmoins extrêmement bien réalisée, et pleine de sous entendus visuels. On se rend facilement compte du message que veux passer le réalisateur, sur l’innocence des enfants. Le fait que dans certaines scènes, les personnages aient des ailes dans le dos, blanche et noire, apporte une sensibilité bienvenue, même si certains pourront trouver cela facile. Car oui, c’est facile, mais ça fonctionne. Miike introduit doucement sa folie dans son histoire, notamment avec les personnages des trois tueurs à gages muets, qui feront bien rire le spectateur, communiquant à l’aide de leurs téléphones portables, dans des scènes de toute beauté, si l’on accepte un tant soit peu le côté foufou. Dead Or Alive 2 est une œuvre forte, on pourra bien entendu toujours lui trouver des défauts, mais encore aujourd’hui, ça reste un des meilleurs films du bonhomme.
Les plus
Un chef d’oeuvre de simplicité
Une belle histoire
Quelques passages fou
Les moins
…
En bref : Dead Or Alive 2 surpasse donc le premier film, se veux plus touchant, plus émouvant, tout en gardant sa dose d’action, mais se permet moins de partir en délire pleinement au service des personnages.