FORBIDDEN SIREN (サイレン) de Tsutsumi Yukihiko (2006)

FORBIDDEN SIREN

Titre original : Siren – サイレン
2006 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h27
Réalisation : Tsutsumi Yukihiko
Musique : Ashiya Gary
Scénario : Takayama Naoya
Avec Ichikawa Yui, Morimoto Leo, Tanaka Naoki, Abe Hiroshi et Nishida Naomi

Synopsis: En 1976, les habitants d’une petite île se sont tous évaporés. Tous, sauf un, qui est devenu fou et qui s’est suicidé. 30 ans plus tard, Yuki, son petit frère et leur père, originaires de Tokyo, emménagent dans l’île pour prendre un nouveau départ. Malheureusement, les habitants ne semblent pas très chaleureux et son voisin lui dit qu’elle ne doit pas se trouver à l’extérieur quand la sirène retentit. Un jour, alors que son père est sorti, la sirène se fait entendre…

Avant d’entamer cette critique, je dois faire une petite note personnelle. Bien que fan des jeux survival horror, je n’ai jamais terminé le jeu Forbidden siren, à cause de sa difficulté, mais j’ai tout de même adoré l’ambiance, reprenant certains points d’autres jeux comme Resident Evil et Silent Hill pour essayer d’en faire quelque chose de nouveau, et d’extrêmement stressant, ce qui était réussi. Ainsi, suite au succès des adaptations de Resident Evil, adaptations pourtant ratées, d’autres jeux auront le plaisir d’être adaptés au cinéma, en continuant, en général, d’aller dans le mauvais, comme les films de Uwe Boll (House of the Dead, Alone in the Dark). Et pourtant, 2006 fut l’arrivée d’une réelle surprise, avec l’adaptation de Silent Hill. Et dans les contrées japonaises, l’adaptation de Forbidden siren arriva sur les écrans, au même moment que la sortie du jeu Forbidden Siren 2 sur playstation 2. Adapté par les japonais, Forbidden siren avait donc tout pour pouvoir être une adaptation qui respecte son matériau d’origine, loin de toute influence américaine privilégiant le bourinnage et la trahison. Cependant, le film n’est toujours pas annoncé en France ou ailleurs.

Le film en lui même est une bonne surprise, mais souffrant malheureusement de nombreux défauts plutôt gênants. Explications. Le prologue du film se déroule en 1976. Le spectateur est directement plongé dans l’ambiance du jeu vidéo : un petit village vide, des gens perdus, de la pluie. Ces personnes, perdues dans le village, vont tomber dans une maison sur un survivant, paranoïaque, qui ne fait que parler de la sirène du village. Sirène qui finira par se déclencher, et mettre fin au prologue. Excellente entrée en la matière, tant pour les fans du jeu que pour les spectateurs qui ne connaissent rien à l’univers. La base principale est donnée : Il ne faut pas sortir dehors quand la sirène retentit. Puis l’action prend place des années plus tard, pour nous présenter les personnages principaux : Yuki, s’occupant comme d’une mère de son petit frère, malade, et son père. Ils se rendent sur l’île où se situe le village en espérant pouvoir y soigner l’enfant. Là bas, s’ils sont accueillit par un docteur, très sympathique et montrant un réel intérêt pour soigner le petit, ils s’apercevront que le reste de la population n’est pas du même acabit. Silencieux, les regardant sans cesse, ils n’inspirent pas confiance.

Toute la première partie du métrage prendra donc en quelque sorte le chemin de la normalité dans le village, limite de la facilité, en nous présentant ce qu’il s’y passe. Mais des événements étranges vont rapidement faire leur apparition. Quelqu’un dans les bois observe Yuki, les habitants du village disparaissent pour se rendre dans un bâtiment faire une sorte de messe noire, une voisine qui les avertit de ne surtout pas sortir le soir, ni de sortir quand la sirène retentit. Ouvertement éloignée du jeu de base, cette partie se révèle pourtant diablement efficace, non pas grâce au scénario, au départ sans surprise, mais grâce à la solide réalisation, tenant en haleine. Le réalisateur planifie son film au millimètre prés, et ne laisse rien au hasard dans ces plans, sa photographie. Les éclairages renforcent l’aspect des scènes ou des lieux que visitent Yuki et son petit frère, et les plans de caméras allient ce qui fait le succès des jeux de ce genre, avec plans fixes divers sur les personnages évoluant, plans mouvants, accélérés, filtres. Un très beau travail de mise en scène. Si parmi tout ceci, Yuki ne sera guère rassurée, son père n’y prêtera guère attention, préférant interviewer les habitants du village et photographier les cultes, champs, chutes d’eau, la mer… Lors d’une de ces sorties le soir, la fameuse sirène finit par retentir. Le père disparait, et revient plusieurs jours après, changé, puis c’est au tour de leur chien de disparaitre. Yuki aura des doutes, et mettra tout sur le dos de la sirène, mais personne ne va la croire, que ce soit le docteur, les habitants, son père, ou même le policier de la ville. Décidant de quitter l’île avec son petit frère, la sirène retentit à nouveau, et l’horreur arrive alors enfin dans le métrage. L’horreur telle qu’on la connait, celle du jeu. Mais si l’histoire est différente de tous les films de fantômes japonais qui nous arrivent par dizaines chaque année, la façon dont la peur arrive est toujours la même. Cependant, encore une fois grâce au talent du réalisateur, jouant sur les éclairages, l’obscurité, et les nombreux plans séquences lors de courses poursuites, l’apparition de créatures étranges, en réalité, les habitants du village devenant fous, nommé Shibito dans le jeu, le tout se suit avec intérêt, et les sursauts ainsi que les montées d’adrénalines seront nombreuses. D’autant plus que l’histoire, le mystère, tournant autour de la sirène, ne se révèle pas.

Forbidden siren prend alors l’allure du jeu vidéo, Yuki et son petit frère vont tenter de survivre dans cet univers hostile, où l’obscurité, les créatures, et la sirène, sont omniprésentes. Le spectateur est dans l’univers, qui ne le lâche pas, et le réalisateur se permet ainsi des clins d’œil au jeu vidéo, bienvenus. Mais c’est là que le scénario part de nouveau dans une nouvelle direction, tentant de rationnaliser l’histoire, et l’ensemble de l’œuvre, remettant ainsi en cause tout ce que l’on vient de voir, mais sans chercher à prendre le parti d’une solution ou d’une autre. Le mystère de 1976 est là, les habitants également, tout comme Yuki et son père, mais on ne sait plus trop quoi croire, tant cette idée de rationalisation tombe au mauvais moment. Ses petits défauts, pourtant majeurs, arrivant sur la fin, ainsi que toutes ces qualités déjà dites plus haut empêche donc Forbidden siren d’être un excellent film, mais nous empêche également de le classer parmi les mauvais films. On ne verra qu’un film au potentiel gâché par un final malvenu, qui avait pourtant tout pour être un très bon film. Il ne restera qu’une adaptation honnête du jeu vidéo, possédant de nombreux moments de trouilles.

Les plus
Mise en scène solide
Magnifique photographie
De nombreux éléments du jeu
Prenant à défaut de faire peur
Les moins
La « vision » n’est plus là
Classique
Le final

En bref : Techniquement parfait, le scénario se veut intelligent, mais le tout sombre dans un final mal venu, empêchant le film de s’élever à la place qu’il aurait pu avoir. Juste une honnête adaptation, un honnête divertissement qui fait peur.

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