Titre original : Kamisama No Pazuru – 神様のパズル
2008 – Japon
Genre : Science fiction
Durée : 2h14
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Ishikawa Hikaru et Toriyama Yuji
Scénario : Nakamura Masa
Avec Ichihara Hayato, Tanimura Mitsuki, Endo Kenichi, Hirayama Yusuke et Ishida Yuriko
Synopsis: Deux jumeaux, l’un, Motokazu, part en Inde pour une quête initiatique, tandis que l’autre, Kiichi préfère le rock et les sushis aux cours, et se retrouve malgré tout à travailler avec une génie qui a inventée un générateur de particules pouvant créer un univers.
Présenté au marché du film à Cannes en 2008, God’s puzzle n’est pas le film le plus accessible de Miike Takashi, même si récemment, le bonhomme s’est tourné vers un cinéma plus commercial (La mort en ligne, the Great Yokai War, Crows Zero et une série de remakes) tout en se permettant toujours quelques écarts (IZO) parfois même au sein de ces films les plus calmes. Pour God’s Puzzle, c’est encore un cas à part. Doté d’un budget confortable permettant au film d’avoir de très bons effets visuels, Miike a la lourde tache de parler, pendant 2h10, d’énergie quantique, de la création de l’univers, de l’existence de dieu, d’amour de lycéens, de voyage initiatique, de comédie, de sushis et de rock. Directement, Miike se met à dos ceux qui n’aiment pas le cinéma asiatique, ceux qui n’aiment pas la science et la physique, ceux qui ne sont pas curieux, et ceux qui n’aiment pas son cinéma en général. Et avec sa multitude de thèmes, on pouvait s’attendre à un ratage total. Si God’s Puzzle n’est pas une franche réussite, il n’est pas le ratage total auquel l’on pouvait s’attendre, surtout au vu de la filmographie de ces dernières années du monsieur. Malgré une introduction présageant le meilleur pour la suite (un journal télévisé nous montrant le travail de Saraka, une jeune surdouée ayant créé un accélérateur de particule, suivi de la présentation des deux jumeaux), le film se traîne en longueur lors de la première heure. On a l’impression de se retrouver réellement devant un cours de physique. Les personnages parlent, débattent la création de l’univers nous est expliqué par des termes parfois simples, parfois scientifiques, et l’on ne comprend pas vraiment l’intérêt. Malgré quelques idées visuelles comme seul Miike aurait pu les trouver (avec l’apparition de bouton et une sourie cliquant dessus pour nous expliquer certains détails de l’histoire ou des personnages), il filme ses personnages très simplement, et les quelques notes d’humour nous font sourire. Heureusement, Ichihara Hayato, qui joue les deux frères jumeaux, s’en sort à merveille. On croit dur comme fer à son personnage totalement paumé qui ne capte pas grand chose à toutes ces informations qui lui arrivent dessus en même temps que nous. Tanimura Mitsuki, jouant Saraka la surdouée, nous fait croire également à son personnage, renfermée sur elle même, seule, qui ne peux connaître l’amour. Deux personnages intéressants dont la relation va évoluer au fur et à mesure, malgré une certaine distance toujours de la part de Saraka. L’humour et les personnages sauvent indéniablement cette première partie.
Si la première heure fonctionne malgré tout, c’est bel et bien grâce aux deux personnages principaux. Les autres, secondaires, n’apporteront pas grand chose, outre quelques éléments comiques ou embrouilles entre les personnages, qui ne feront pas avancer des masses le récit. Pire, le film nous montrera de temps en temps Motokazu lors de son périple en Inde, et cela ne sert strictement à rien, et ralenti le rythme de l’intrigue principale. Encore une fois, Miike fait ce dont on n’attend pas de lui, parfois en maintenant l’intérêt et en nous surprenant vraiment, parfois dans le mauvais sens du terme. God’s Puzzle malheureusement compile les deux cas de figure, et le film devient donc en quelque sorte déséquilibré. La première partie alternera le bon et le moins bon, et passé la première heure, le scénario laisse un peu les explications de côté pour s’axer pendant une petite demi-heure sur les personnages. Bien que classique, cette partie sera attachante, les deux personnages apprennent à se connaître, et sans le vouloir, des liens vont se créer. Embrouilles, discutions en tout genre, une amitié très forte va pourtant naitre entre les deux, malgré leurs différences. Saraka va pourtant vite s’éloigner de son personnage de génie pour devenir une femme pessimiste ne pourchassant qu’un seul but, et qui sera prête à tout pour l’atteindre. Allant jusqu’à faire des bêtises pouvant mettre le monde mais aussi sa propre vie en péril. C’est dans la dernière demi-heure que le film change radicalement de ton, et réveille les spectateurs qui se seraient endormis jusque là.
Cette dernière partie, malheureusement trop courte, sera l’opposé de tout ce qui a précédé. Finit les longs débats sur la création de l’univers, l’existence ou non de Dieu, nous n’aurons pas les réponses. Pour cette partie, place aux effets spéciaux (de luxe), des personnages en crises (Miike fait apparaître Endo Kenichi, que l’on a vu dans pas mal de ses métrages depuis 2001) et à quelques délires dont Miike à le secret. Les personnages résistent à tout, traversent des murs en voiture, sautent sur les toit, font des reprises de Beethoven à la guitare électrique en situation de crise (un des meilleurs moments, jouissif) et proposent des sushis. Pour certains, du grand n’importe quoi en contradiction avec ce qui précédait, pour les autres, un petit moment de bonheur rattrapant les erreurs du début, mais qui arrive quand même tardivement. Si les deux personnages principaux sont bien définis, le film très bien réalisé, les effets spéciaux à la hauteur des ambitions du film, on regrettera longtemps son scénario trop explicatif, ses quelques séquences inutiles. Quelques personnages ainsi qu’une demi-heure en moins auraient fortement joué en la faveur du film. God’s puzzle ne figure donc pas parmi les meilleurs films de Miike, pourtant, c’est bien à ses fans que le film s’adresse, les autres trouveront probablement le film long, chiant, ou trop délirant sur la fin. Pas facile d’accès.
Les plus
De bons personnages
Quelques bons moments comiques
Des délires à la Miike
Les moins
Première partie complexe un peu longue
Les passages du jumeau, inutiles
En bref : Décevant. Le film se traine en longueur au départ avant de dévoiler enfin ses personnages, et de devenir divertissant. Pas totalement mauvais non plus, juste décevant.