Titre original : The Mangler
1995 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h38
Réalisation : Tobe Hooper
Musique : Barrington Pheloug
Scénario : Tobe Hooper et Stephen David Brooks d’après une nouvelle de Stephen King
Avec Robert Englund, Ted Levine, Daniel Matmor, Jeremy Crutchley et Vanessa Pike
Synopsis : Des ouvrières du textile sont victimes d’une essoreuse géante possédée par un esprit diabolique. Le gérant de la boite n’a que faire des incidents, et l’entreprise continue de tourner. Un inspecteur de police, un peu paumé, va tenter de mettre un terme à toute cette histoire, aidé par son frère, connaisseur en sciences occultes.
La carrière de Tobe Hooper est très souvent affaire à polémique, sur bien des aspects. Certains pensent que sa carrière a prit fin après Poltergeist, même si l’on ne sait pas toujours vraiment si le film est plus le bébé de Spielberg (la vision de la vie Américaine en banlieue, la famille) ou de Hooper (certaines visions d’horreur). D’autres sont plus cléments et voient la fin de Hooper après sa participation au gouffre financier de la Cannon avec Massacre à la Tronçonneuse 2, L’Invasion Vient de Mars et Lifeforce. D’autres pensent qu’en réalité, Hooper n’est l’homme que d’un seul film, à savoir forcément, Massacre à la Tronçonneuse. Autrefois, je faisais parti de la première catégorie. Tout ce qui suivait Poltergeist était mauvais. Mais avec le temps, les goûts changent, notre vision du cinéma aussi, et parfois, on devient plus clément envers certains éléments, et plus méchants envers d’autres. Notre sensibilité change. Oui, maintenant, j’aime Lifeforce, et j’ai découvert L’Invasion Vient de Mars qui est très sympathique. Par contre, Massacre à la Tronçonneuse 2, rien à faire, ça ne passera jamais ! The Mangler, je l’avais vu il y a plus de 10 ans, et à l’époque de mon premier site internet, j’en avais écris une critique incendiaire. « Rien ne tient debout, rien ne passionne, tout est traité avec sérieux alors que tout semble risible ». Oui j’étais méchant. « Plongeant dans le débile et en accumulant les absurdités comme peu de films se le permettent »… Très méchant, tellement méchant que je me permet de m’auto-citer en remplaçant ni vu ni connu mon ancien avis. Mais avec la sortie récente du Blu-Ray en Amérique, j’ai voulu redonner une chance au métrage. Alors, en 2019, qu’est ce que vaut The Mangler ? Déjà, remettons nous dans le contexte. Les années 90 ne sont pas toujours tendres avec Hooper. Il a aidé à faire couler la Cannon, qui pourtant lui avait laissé une liberté totale sur trois films, et commence la décennie en signant Spontaneous Combustion avec Brad Dourif, film dispensable, pas si mauvais mais rapidement oubliable. En 1993, deux projets pour le bonhomme, avec d’un côté Night Terrors, mettant en scène Robert Englund, véritable catastrophe, et Body Bags, qu’il coréalise avec le grand John Carpenter. En 1994, Hooper tourne The Mangler donc, un tournage absolument pas de tout repos d’ailleurs, et qui sortira en Mars 1995 avec des critiques souvent incendiaires, distribué et un brin charcuté par la New Line.
Alors oui, The Mangler a eu une gestation difficile, entre un report de tournage, d’importantes coupes dans le budget forçant l’équipe à aller tourner en Afrique du Sud. Une fois le film achevé, il y aura eu des coupes, notamment dans les passages au ton souvent comiques ou grotesques voulus par Hooper (qui disait depuis ses débuts qu’il aimait la comédie après tout), et une fois le film acquis par la New Line, c’est une partie du gore qui est coupé. Pauvre film. Alors, comme à l’époque, en se lançant dans The Mangler, on a espoir. La pochette nous vend du rêve après tout. Tobe Hooper réalise, le tout est basé sur une nouvelle de Stephen King, et le casting comprend Robert Englund (les Freddy, ou déjà un de ses premiers rôles pour Hooper dans Le Crocodile de la Mort, et son film précédent, Night Terrors) et Ted Levine (Le Silence des Agneaux). Oui, rien que ça. Et à l’époque, j’avais été catégorique, The Mangler était une merde. Aujourd’hui, je serais bien plus clément envers le film. Oui, beaucoup de choses ne fonctionnent pas. Son intrigue de base reste conne, à savoir une presseuse diabolique possédée, certains effets dés qu’ils font appel à des incrustations sont discutables, son final se tire totalement en sucette et dénote trop avec le reste du métrage, et par moment, Robert Englund en fait des tonnes. Mais pourtant, il faut bien avouer que The Mangler contient également quelques bonnes choses, voir de très bonnes choses. Il faudra juste accepter dés le départ, et bien, son postulat de base un peu con. Mais les objets possédés, cela n’était pas nouveau au cinéma, la saga Amityville avait déjà bien commencé avec l’horloge possédée, puis le miroir… Puis après tout, L’Ascenseur (Das Lift) était finalement très sympathique comme métrage. Et en fait, pour rester dans l’histoire, Hooper fait finalement un choix plutôt judicieux, qui est celui de ne pas se prendre totalement au sérieux.
De nombreux dialogues sonnent très second degré, et les acteurs, en particulier Ted Levine, sont parfaits pour faire passer l’ironie de la situation. Cela ne corrige pas tout, notamment sa dernière partie à base d’exorcisme et de presseuse qui se déplace et poursuit nos héros, mais c’est une autre histoire. Mais finalement, autant le dire, le gros atout de The Mangler, c’est peut-être finalement l’implication de Hooper dans la mise en image du script. Les dix premières minutes par exemple sont prenantes, et Hooper nous filme une usine (apparemment totalement fonctionnelle pour de vrai, et construite juste pour le film) de manière totalement industrielle, avec liquide dégoulinant, vapeur dans tous les sens, grosses machines et systèmes métalliques dans tous les sens. Ça fonctionne, une certaine ambiance se dégage du décor même, que Hooper parvient à parfaitement filmer. Le reste du film n’a finalement pas à rougir pour autant, que ce soit le poste de police, la morgue, ou tout simplement des dialogues importants, Hooper soigne son cadrage et sa mise en scène. Les longs travellings sur des décors immenses et perdus au milieu de nul part, les plans mettant en avant la profondeur de champ de très longs couloirs, ou même un magnifique travelling circulaire en contre plongée lors d’un dialogue, il y a beaucoup de choses à retenir visuellement de The Mangler.
Et puis il y a le gore, censuré à sa sortie, mais à présent totalement restauré. Alors The Mangler n’est pas un film gore par excellence, ses scènes horrifiques sont d’ailleurs plutôt rares et rapides, mais elles font mal, Hooper ne lésinant pas sur le gore et sur les gros plans. Et puis, vieilles dames ou enfants, tout y passe. On ne pourra pas avoir le même enthousiasme en ce qui concerne les effets digitaux, comme les éclairs, quelques effets « paranormaux », ou encore une fois lors de sa scène finale. Ces éléments, volontairement plus grotesques, ont plus de mal à s’insérer dans le métrage, qui alterne donc des moments légers avec d’autres moments un peu plus graves, et même parfois malsains. Osons le dire, The Mangler essaye de marier la comédie et l’horreur, et si parfois, ça fonctionne lorsque cela fait appel au comique de situation, ou au talent des acteurs pour faire passer un dialogue plutôt improbable, ça passe beaucoup moins à d’autres moments lorsque le film tente de mettre le drame en avant suite à un événement peu crédible, comme le prouve l’épisode de la glacière, ou son final, qui se permet un peu tout et n’importe quoi, autant dans les idées, que dans le gore et le visuel, pour un résultat bancal, si bien que l’on ignore au final s’il faut rire, ou pas. S’il faut prendre l’ensemble au sérieux, ou comme une mauvaise blague. En tout cas, The Mangler était voué à diviser dés le départ. Et je faisais parti de ceux qui méprisaient presque le film, pour l’avoir vu à l’époque en qualité dégueulasse, en VF, en censuré, et sans doute avec peu de recul et beaucoup moins de connaissance cinématographique. Aujourd’hui, The Mangler m’apparaît comme un film boiteux, bancal, avec de gros défauts, mais malgré tout attachant et bénéficiant d’un certain savoir faire, autant devant que derrière la caméra.
Les plus:
Ted Levine convaincant
Une mise en scène sérieuse et bourrée d’idées
Le gore
Quelques moments amusants
Les moins:
Mais une idée toujours stupide
Le final, raté et grotesque
Robert Englund en fait parfois un peu trop
En bref : The Mangler, ce n’est pas le pire film de Hooper, ni le meilleur. C’est bancal souvent, desservit par un final grotesque et au final une idée de base peu crédible, mais il y a de l’idée, un savoir faire qui rend l’ensemble divertissant.