LÈVRES DE SANG de Jean Rollin (1975)

LÈVRES DE SANG

Titre original : Lèvres de Sang
1975 – France
Genre : Fantastique
Durée : 1h28
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Didier William Lepauw
Scénario : Jean Rollin et Jean-Loup Philippe

Avec Jean-Loup Philippe, Annie Brilland, Natalie Perrey, Martine Grimaud, Cathy Castel et Marie-Pierre Castel

Synopsis : Lors d’une soirée parisienne, Frédéric reconnaît le paysage et le château sur une affiche. Commence alors la quête qui le mène à retrouver l’étrange femme vampire, qui hante ses souvenirs d’enfance, volontairement cachée par sa mère. Qui est-elle ? Pourquoi l’empêche-t-on de la rejoindre ?

Après avoir mis des vampires en scène sur pas moins de quatre films (Le Viol du Vampire, La Vampire Nue, Le Frisson des Vampires et Requiem pour un Vampire), Rollin avait signé un film un peu plus accessible en 1974 avec Les Démoniaques. Un film comme souvent sympathique mais se traînant quelques gros défauts. Rollin ne perd pas de temps et se lance dés l’année suivante, 1975 donc, dans Lèvres de Sang, un nouveau film sur des vampires, où il retrouve une partie de son équipe. Pourtant, certains intervenants ne gardent pas un grand souvenir du tournage, comme par exemple Natalie Perrey, dévoilant dans une interview récente présente sur le Blu-Ray américain du film que les nouveaux venus de l’équipe méprisaient le réalisateur et n’étaient là que pour rire du tournage plutôt que pour participer à la vision créatrice de son auteur… Heureusement, on retrouve de nombreux participants habituels et motivés, comme Jean-Loup Philippe, acteur dans le Viol du Vampire, qui joue ici le rôle principal et coécrit le scénario avec Rollin. On retrouve également les deux sœurs jumelles Cathy et Marie-Pierre Castel au casting. Et contre toute attente, et malgré des conditions de tournage parfois difficiles, Lèvres de Sang se montre être un métrage de Rollin plus abouti que précédemment, tout en étant finalement la synthèse de son œuvre vampirique.

En plus d’y retrouver les lieux habituels, à base de cimetières, châteaux en ruines, et la fameuse plage que Rollin aime tant, on y retrouve également des thèmes en commun, et même finalement une narration se rapprochant pas mal de celle de La Vampire Nue sorti en 1970. Comme beaucoup de films personnels de Rollin, Lèvres de Sang a indéniablement sa patte. On y retrouve de très beaux plans, travaillés et fort bien éclairés, un rythme lent donnant l’impression d’évoluer dans une ambiance venue d’ailleurs se rapprochant d’un rêve, des actrices souvent dénudées, des êtres désincarnés avançant doucement vers la caméra. Là où dans La Vampire Nue, Rollin nous montrait un personnage prêt à tout pour retrouver une jeune femme, vampire bien entendu, malgré les avertissements de son père, prêt à tout pour sauver la face, Lèvres de Sang reprend le même principe en changeant quelques données. Ici, c’est la mère qui essaye de protéger son fils et qui lui cache la vérité, tandis que la femme que le héros veut retrouver n’est finalement qu’un souvenir de son passé, un souvenir obsédant relié à un lieu que le personnage revoit en début de métrage en photo. Comme souvent, les dialogues ne sont pas le plus important, et c’est d’ailleurs lors des nombreux passages silencieux que le métrage s’en sort le mieux.

Malgré tout, Lèvres de Sang s’en sort bien mieux que La Vampire Nue de par le ton employé, plus sérieux, plus tragique également. Cela n’empêche pas le film d’avoir quelques ratés, notamment la scène du train avec le tueur au pistolet silencieux. Si l’on comprend bien pourquoi Rollin insère cette scène dans le récit, elle ne convint absolument pas. Le final lui, s’il ne diffère pas grandement dans son message de celui de La Vampire Nue, se montre plus abouti et moins naïf dans sa mise en image. Malheureusement pour Jean Rollin, le film fit un bide et les critiques, comme toujours, pas franchement tendre avec lui. Il dû par la suite aller dans le monde du porno sous un pseudonyme avant de revenir en 1978 dans le cinéma de genre avec le peu personnel Les Raisins de la Mort. Lèvres de Sang est en tout cas son film personnel de vampire le plus abouti, le moins psychédélique, son plus sérieux sans doute aussi.

Les plus

De très beaux plans

Une bonne ambiance

L’univers de Rollin mieux maitrisé

Les moins

La scène du tueur

 

En bref : Lèvres de Sang est la synthèse de ce que Rollin avait fait par le passé. Plus maîtrisé, plus tragique, si tout n’est pas parfait, le film se fait intéressant.

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