TETSUO 2 (鉄男 II) de Tsukamoto Shinya (1992)

TETSUO 2

Titre original : Tetsuo 2 : Body Hammer – 鉄男 II
1992 – Japon
Genre : Horreur
Durée : 1h21
Réalisation : Tsukamoto Shinya
Musique : Ishikawa Chu
Scénario : Tsukamoto Shinya

Avec Taguchi Tomorowo, Kanaoka Nobu, Tsukamoto Shinya, Asada Tomoo, Tzeuka Hideaki et Iwata

Synopsis : Un couple japonais se fait enlever leur enfant par deux punks en pleine rue. Ils arrivent à la récupérer tant bien que mal, mais l’on découvre par la suite que c’est au père qu’ils en voulaient. Ils l’enlèvent et font de lui un cobaye mi-homme mi-machine…

En 1989, tout le monde avait été choqué, épuisé même par l’expérience Tetsuo proposée par Tsukamoto Shinya, alors jeune réalisateur inconnu qui livrait un premier long métrage dantesque et hors norme. Immédiatement remarqué, le jeune homme tournera alors Hiruko the Goblin, film de suite qui déçu pas mal de monde, puisque Tsukamoto laissait son style de côté pour livrer un film aux antipodes de Tetsuo. Échec oblige, Tsukamoto revient alors à Tetsuo dés 1992 pour un second opus, sorte de remake en couleurs et surtout nous fournissant quelques explications. Sans délaisser donc son style, avec de nombreux plans en image par image, une caméra portée, un style qui semble toujours dans l’urgence, Tsukamoto se permet dans le fond de développer un peu plus son concept, de poser une histoire et des personnages bien plus clairement définis que lors du premier opus, véritable ovni expérimental contenant en tout et pour tout quelques dix lignes de dialogues, au grand maximum. Alors, autant être direct, Tetsuo 2 n’est pas un mauvais film, mais face à l’expérience du premier opus, il se fait bien trop classique et surtout bien trop avare en scènes véritablement marquantes pour que l’on y adhère totalement.

Reprenant les mêmes acteurs que le premier opus (Taguchi Tomorowo dans le rôle du gentil salaryman et Tsukamoto Shinya dans le rôle du psychopathe), le film nous raconte presque la même histoire. Un méchant qui en veut beaucoup au gentil (mais le pourquoi du comment est différent), un personnage principal qui va contre son gré se changer petit à petit en machine de métal indestructible. Oui, Tetsuo 2 ne prend pas beaucoup de risques, même si l’ajout de la couleur permet à Tsukamoto de s’exprimer de manière par moment surprenante, nous faisant bien comprendre qu’il continue de prendre parti pour ces machines étranges. En effet, à la manière du fort réussi Tokyo Fist quelques années plus tard, Tsukamoto filme la ville de manière froide, mettant un filtre bleuté sur l’image, se permettant peu de contrastes, alors que dés qu’il filme les « monstres », il utilisera des couleurs chaudes, de forts contrastes. Il y a beaucoup de choses intéressantes dans la mise en image de Tetsuo 2, surtout que l’on retrouve la folie du metteur en scène lors de quelques scènes, et qu’il est encore une fois accompagné par Ishikawa Chu pour la bande son, donnant un aspect unique aux quelques courses poursuites du film.

Mais à côté de ça, à force d’essayer d’être par moment plus classique à tous les niveaux (un scénario construit et parfaitement compréhensible, une mise en scène qui si elle conserve le style de Tsukamoto, se fait moins enragée que dans le premier opus, ou même le troisième opus), Tetsuo 2 manque d’audace. Il possède bel et bien son univers à lui, mais il se fait beaucoup moins singulier que celui du premier opus. Alors oui, on pourra dire que je compare beaucoup trop les différents opus de la trilogie entre eux, notamment le premier et le second, ce qui ne joue pas en la faveur de ce second opus, mais vouloir faire une suite/remake/relecture du premier opus était tellement risqué vu l’expérience marquante… Pire, si l’on regarde les deux opus bout à bout, le verdict est fatal. Gageons tout de même que ce second opus permet à un plus large public de découvrir l’œuvre personnelle du metteur en scène, mais en lui préférera de loin Tokyo Fist et Bullet Ballet réalisés par la suite, qui eux sont de vrais bijoux. Une suite agréable mais décevante.

Les plus

Un film sympathique
Certains passages enragés
De bonnes idées de mise en scène

Les moins

Beaucoup moins poignant que le premier
Plus classique

En bref : Forcément décevant si on le compare au premier opus, Tetsuo 2 se fait sympathique et bourré d’idées. Tout ne prend pas mais des passages marquent.

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