LA MAISON DU DIABLE (The Haunting) de Robert Wise (1963)

LA MAISON DU DIABLE

Titre original : The Haunting
1963 – Etats Unis / Angleterre
Genre : Fantastique
Durée : 1h52
Réalisation : Robert Wise
Musique : Humphrey Searle
Scénario : Nelson Gidding d’après le roman de Shirley Jackson

Avec Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson, Russ Tamblyn, Fay Compton et Valentine Dyall

Synopsis : Afin de poursuivre ses expériences de parapsychologie, le professeur Markway réunit un groupe de personnes dans un vieux manoir réputé hanté. Dès la première nuit, les hôtes du professeur sont terrorisés par des bruits insolites. Eleanor est au bord de la dépression et le professeur lui conseille de partir mais elle refuse en prétendant que la maison la retient.

Faire peur au cinéma, ça n’a jamais été une mince affaire. Malheureusement le public a évolué et en demande toujours plus, si bien qu’aujourd’hui, les films faisant vraiment peur sont rares, les métrages du genre préférant la plupart du temps user et abuser d’effets de jumpscares, en faisant surgir quelque chose à l’écran sans prévenir, le tout souvent accompagné d’un son beaucoup plus fort que les autres. Oui, le spectateur sursaute, mais est-ce vraiment car il éprouve de la peur, ou bien parce qu’il a été bêtement surpris ? Éternelle question. Dans les années 60, la peur était bien différente, déjà parce que les moyens et les technologies n’étaient pas les mêmes. Beaucoup de choses passaient par la suggestion et faisaient ainsi participer le public par un procédé simple : notre imagination. La peur pouvait avoir plusieurs visages, des visages dit classiques comme ce qui nous intéresse ici (les fantômes, les maisons hantées), et d’autres beaucoup plus ancrés dans notre réalité et nos peurs du quotidien (la peur de la grossesse par exemple avec Le Village des Damnés). La Maison du Diable, datant de 1963, adapte un roman de Shirley Jackson, et veut nous parler d’une maison hantée. Robert Wise, capable de travailler sur tous les genres ou presque, se charge de la mise en scène. Alors que le prologue nous explique le passé trouble de la demeure du titre, on nous invite à suivre quelques années plus tard un petit groupe qui va tenter d’en percer le mystère.

Si aujourd’hui, les différents membres de ce groupe pourra paraître stéréotypés, il faut bien se rappeler que le métrage date de 1963, et possède pour lui une qualité d’écriture rendant l’ensemble crédible et surtout loin d’être superficiel. Ce qui l’éloigne d’ailleurs de son ignoble remake signé Jean De Bont en 1999. Dans le groupe en question, il y aura le spécialiste en paranormal (Richard Johnson, excellent), la blonde choisie pour son passé (Julie Harris), la brune sensée souvent en opposition avec la blonde (Claire Bloom), ainsi que celui qui fera de temps en temps quelques remarques amusantes (Russ Tamblyn). Une équipe classique sur le papier mais qui fonctionne parfaitement à l’écran. Car la force de La Maison du Diable est de vouloir nous faire peur en utilisant un seul et unique procédé : notre imagination. Encore un point l’éloignant clairement de son remake. Ici, Robert Wise soigne sa mise en scène et distille ses effets de peur, afin de les rendre à l’écran efficace. Oui, la peur est réellement dosée ici, comme pour laisser le temps à notre esprit de se remettre de la scène précédente, afin de rendre la suivante efficace à nouveau.

La machine est bien huilée, et au final, l’important n’est pas de savoir le fond de l’histoire, de savoir si la maison est réellement hantée ou non, où si l’esprit des personnages leur joue des tours. Le doute est constant, et en faisant le choix de suggérer toujours tout, Robert Wise ne prend jamais parti. Ce choix rend le stress plus humain, humain au cœur du récit, entre les personnages et l’absence d’artifice. Paradoxalement, la maison en elle-même prend vie, comme si elle était le personnage central de l’intrigue, matérialisant les cauchemars et craintes des personnages comme pour se jouer d’eux. Tout n’est pas parfait pour autant. On pourra lui reprocher sa durée. 1h50, c’est sans doute un peu beaucoup pour un tel sujet, surtout que le final s’avère extrêmement expéditif. De plus, Julie Harris (la blonde Eleanor), au cœur du récit, perdra par moment un peu de son intérêt tant ses crises d’hystéries se feront de plus en plus nombreuses. Dommage, mais cela ne gâche pas le potentiel épouvante du métrage, ni le travail monumental effectué sur l’image et le son.

Les plus

L’épouvante suggérée
Bien écrit
La mise en image parfaite de Robert Wise

Les moins

Un poil trop long

En bref : La maison du Diable mérite amplement son statut de film culte et demeure toujours efficace aujourd’hui, malgré quelques défauts.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading