Titre original : Lou ! Journal Infime
2014 – France
Genre : Comédie
Durée : 1h44
Réalisation : Julien Neel
Musique : Julien Di Caro
Scénario : Julien Neel
Avec Lola Lasseron, Ludivine Sagnier, Kyan Khojandi, Nathalie Baye, Joshua Mazé, Eden Hoch et Lily Taïeb
Synopsis : Lou est une jeune collégienne de douze ans, créative et rêveuse. Elle vit seule avec sa mère, qui a mis de côté sa vie de femme pour se consacrer à l’épanouissement de sa fille et à sa passion pour le jeu vidéo. Lou est obnubilée par son voisin Tristan, jeune garçon taciturne et romantique joueur de guitare, elle délaisse peu à peu sa bande de copains marginaux, tandis que sa mère entame une renaissance amoureuse aux accents dramatiques.
Bien avant d’être un film, Lou ! Journal Infime était une bande dessinée de Julien Neel, puis un dessin animé. À présent, l’auteur a l’opportunité de mettre en image avec de vrais acteurs les aventures de ses personnages, en gardant un contrôle, s’occupant du scénario, adaptant librement certains tomes de la BD (en changeant des éléments, rajoutant des personnages), mais également de la mise en scène. Je n’avais jamais lu la BD ni même regardé le dessin animé, et pour une raison que j’ignore, voilà qu’un beau jour, je suis tombé sur le film, et je me suis dit « tiens, pourquoi pas, il y a le gars de Bref, j’aime bien Ludivine Sagnier, allez hop, dans le panier amazon ». Une petite livraison plus tard, un aprèm à rien glander, le blu-ray est dans le lecteur, et je me lance dans l’inconnu.
Et j’ai pris mon pied bordel ! Des films français de ce niveau, j’en voudrais plus souvent, et pourtant, ce Lou ! Journal Infime est loin d’être parfait, et avec son personnage principal âgé de 12 ans, j’avais un peu peur d’un propos un peu niais et facile. Sauf que le film parvient à détourner tous les défauts que je pensais lui reprocher et se montrer suffisamment drôle, original, décalé et singulier dans son univers pour plaire. Julien Neel nous propose donc de suivre les aventures de Lou et de sa mère. Lou, c’est une petite jeune de 12 ans, rêveuse, folle du voisin d’en face, faisant des cahiers avec des photos où il arrose sa plante verte, ou un autre cahier avec les sachets d’épices qu’il jette après utilisation… Oui, c’est décalé ! La mère, ben c’est un peu pareil, elle passe ses journées en peignoir, joue à la Game Cube, n’a pas d’ambition, a le tête en l’air, et rêve d’écrire une grande saga de science fiction…
Oui, les personnages sont assez perchés, et finalement très rapidement attachants et irrésistibles, surtout que les personnages secondaires ne sont pas en reste. Entre Tristan, le fantasme ultime qui brisera le cœur de Lou car… il se sera mit un doigt dans le nez, le nouveau voisin joué par Kyan Khojandi, méconnaissable, portant un manteau en fourrure de mouton (c’est les voisines qui le disent), ou encore la meilleure amie de Lou et ses parents, qui vivent dans un environnement zen et… incroyablement vide, on a de quoi faire. Le film affiche dès ses tout premiers instants un univers singulier et unique, autant dans sa manière d’aborder ses différents sujets, que dans la manière de les mettre en place, visuellement. C’est face à un univers fantasmé, coloré, vu à travers les yeux d’une enfant rêveuse et de sa mère geek que l’on se retrouve. En arrière plan, les bâtiments sont étranges, déformés, gigantesques. L’intérieur de l’appartement de Lou est bordélique au possible et contient des éléments en pagaille (certains hilarants quand on les repère), sa chambre une mine de trésor, et le film met littéralement en image certains aspects normalement servant uniquement de métaphore. Lorsque l’on part se cacher après un moment honteux dans son coin devient alors sous nos yeux une trouvaille visuellement, avec Ludivine Sagnier partant se cacher dans une valise, révélant une sorte de caverne secrète pleine d’objets honteux.
Grâce à ces très nombreuses trouvailles visuelles, ses moments franchement très drôles (j’aurais ri plus d’une fois, et me serais même caché de honte pour les personnages par moment), ses dialogues extrêmement bien écrits et trouvés, et les acteurs parfaits les interprétant (excellente Lola Lasseron dans le rôle de Lou, mais les autres ne sont pas en reste, jusqu’au petit rôle de Nathalie Baye), on prend son pied devant ce Journal Infime, pour peu que l’on adhère à son délire et à l’univers qu’il nous envoie en pleine face. Tout n’est pas parfait pour autant, notamment son statut d’adaptation de bande dessinée courte, qui se fait parfois ressentir. Si la majeure partie du temps, l’aspect « petites vignettes d’une page » pour une scène se fait sentir mais séduit, d’autres moments, notamment dans son final, tombent un peu plus à plat, comme la partie au Mega Laser, visuellement très réussie, mais finalement un peu trop longue et ne servant pas véritablement l’intrigue ni les personnages. Mais à côté de ça, le film fait, pour moi du moins, un sans faute, se renouvelant narrativement et visuellement scène après scène, pour nous surprendre, nous faire rire, et nous donner finalement un portrait assez juste de ces personnages. Un portrait drôle, mais tendre et sincère avant tout ! Le tout pour un final un film qui donne la pèche, et dont de très nombreuses scènes nous restent en mémoire. Oui, « MA MÈRE a un chat », la fameuse danse de la joie, les nombreux dialogues, la timidité entre Richard et la mère de Lou, le fameux roman imaginé, tant de choses me restent en tête. Aucun doute qu’en cas de petite déprime ou lors d’un dimanche après-midi pluvieux, le blu-ray de Lou ! Journal Infime retournera dans le lecteur.
Les plus
Un univers coloré original
Très drôle
D’excellents dialogues
Des acteurs méconnaissables et excellents
Les moins
Quelques rares scènes qui fonctionnent moins
En bref : Lou ! Journal Infime, ça donne la pèche, ça fait rire, ça émerveille, c’est très bien écrit, joué et filmé, donc oui, il a quelques défauts mais je lui pardonne totalement.