AUX FRONTIÈRES DE L’AUBE (Near Dark) de Kathryn Bigelow (1987)

AUX FRONTIÈRES DE L’AUBE

Titre original : Near Dark
1987 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h34
Réalisation : Kathryn Bigelow
Musique : Tangerine Dream
Scénario : Kathryn Bigelow et Eric Red
Avec Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen, Bill Paxton, Jenette Goldstein, Tim Thomerson et Joshua John Miller

Synopsis: Une nuit, Caleb, un jeune fermier de l’Oklahoma, rencontre la belle Mae. Fasciné, il tente de la séduire et obtient d’elle un baiser qui devient une morsure. Ce contact va entraîner Caleb dans le monde des compagnons de Mae, des vampires. Il devra apprendre à tuer pour s’abreuver du sang de ses victimes.

Souvent affiliée au cinéma de James Cameron, puisqu’elle en fut la compagne pendant quelques années et que les deux travaillèrent ensembles sur quelques projets (Strange Days par exemple), Kathryn Bigelow n’était pas connu en 1987. Derrière elle, uniquement un long métrage, datant de 1981. Avec son coscénariste Eric Red, elle a en tête de réaliser un western, sauf que le genre est quelque peu mort et risqué. La mode en 1987, c’est les vampires. Vampires Vous Avez Dit Vampires ? (Fright Night) et Lifeforce étaient sortis en 1985, et 1987 allait accueillir Génération Perdue (The Lost Boys), The Monster Squad et le film de Kathryn Bigelow, Aux Frontières de l’Aube (Near Dark). Pour un budget de 5 millions, la réalisatrice mixe alors une histoire de vampire avec une ambiance très typée western, le tout enrobé avec une bande son signée Tangerine Dream (qui avait signée les musiques chez Michael Mann de Le Solitaire et La Forteresse Noire). Résultat, Génération Perdue sort durant l’été et cartonne, Aux Frontières de l’Aube, plus exigeant, fait un bide malgré des critiques élogieuses. Puis avec le temps, devint culte. Il faut dire que Bigelow, en s’alliant avec Eric Red au scénario (il a écrit Hitcher, déjà un métrage se déroulant sur la route et ayant quelques côtés de western), livre une œuvre forte, et surtout très différente de tout ce que l’on pourrait attendre d’un film de vampire. À tel point que le mot ne sera d’ailleurs pas prononcé une seule fois de tout le métrage. Une relecture du mythe donc profondément actuelle. Les vampires ne sont pas séducteurs, ne craignent pas forcément les croix, l’ail ou l’eau bénite, ils ressemblent juste à des humains qui se nourrissent de sang, et oui, qui doivent fuir le soleil.

Avec une intrigue se déroulant de nos jours, les deux scénaristes jouent la carte de la crédibilité. Nos vampires doivent donc changer d’endroit régulièrement, car laisser des cadavres, ça laisse des traces, et cela pourrait mettre leur vie en danger. Les personnages sont donc constamment sur la route. Les personnages, tout comme le casting leur donnant vie, est une des réussites incontestables du métrages. En reprenant pour les vampires une partie du casting d’Aliens le Retour de James Cameron sorti l’année précédente (Lance Henriksen en vieux vampire, Jenette Goldstein sa compagne et Bill Paxton, le vampire un peu taré qui prend plaisir à tuer) et en offrant les deux rôles principaux à Adrian Pasdar (Top Gun, L’impasse, et un paquet de séries animées) et Jenny Wright (Lectures Diaboliques, Young Guns 2), Kathryn Bigelow fait des choix judicieux. Chaque acteur apportera sa présence souvent inoubliable à des personnages bien définis, qui nous captivent pour certains, nous rebutent pour d’autres. Des personnages certes vampires, mais n’en restant pas moins doué de sentiments humains, et souffrant de leur condition. Oui, être immortel, ce n’est pas facile tous les jours, la solitude pointe le bout de son nez rapidement, si bien que se nourrir ne devient pas le principal souci des personnages. Sauf pour le personnage principal, Caleb, vampirisé au début du métrage par Mae afin de devenir son compagnon, et donc, de surmonter la solitude. Tous les personnages en souffrent, à l’exception de Bill Paxton, jouant Severen, le vrai personnage allumé du métrage, prenant plaisir à l’immortalité, plaisir à tuer.

Homer lui, un homme bloqué dans un corps de petit garçon, la faute à l’immortalité encore et toujours, vit très mal cette solitude. Homer et Severen seront au final les deux principaux soucis de Caleb, puisque l’un ne l’acceptera pas car il refuse de tuer, et l’autre parce qu’il lui a en quelque sorte volé Mae. Mais Aux Frontières de l’Aube ne se limite clairement pas à son excellent scénario, puisque visuellement, Kathryn Bigelow livre un presque sans faute. Presque car oui, on pourra noter quelques défauts par-ci par-là, notamment lorsque le rythme s’emballe, avec un enchaînement de plans parfois un poil étrange, comme dans la scène du camion. Mais au-delà de ça, de ces petits défauts, du sans doute au manque d’expérience de la jeune femme et du petit budget alloué au film, elle soigne son métrage, délivre des images marquantes et fortes, et des scènes inoubliables. Que ce soit dans ces moments plus calmes, concernant la relation entre Caleb et Mae, ou dans d’autres plus violents, comme la scène culte du bar où Bill Paxton se fait clairement plaisir, l’ensemble du métrage baigne dans une atmosphère envoutante, typique des années 80. Alors quand les images sont en plus sublimées par le score de Tangerine Dream (le morceau Bus Station est étonnant), on tient là un petit bijoux, contenant certes quelques maladresses, mais se faisant beaucoup plus sérieux et mature que pas mal d’autres métrages du genre.

Les plus
Une excellente ambiance
Un film mature et intéressant
Un très bon casting
Le score musical de Tangerine Dream
Les moins
Quelques petites maladresses

En bref : Kathryn Bigelow nous propose là un film de vampires très réaliste avec des personnages forts et des scènes envoutantes. Une incontestable réussite.

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