HARDCORE HENRY de Ilya Naishuller (2015)

HARDCORE HENRY

Titre original : Hardcore Henry
2015 – Russie / Etats Unis
Genre : Action POV
Durée : 1h36
Réalisation : Ilya Naishuller
Musique : Dasha Charusha
Scénario : Ilya Naishuller et Will Stewart

Avec Sergey Valyaev, Andrei Dementiev, Ilya Naishuller, Sharlto Copley, Haley Bennet, Danila Kozlovsky et Tim Roth

Synopsis : Henry est sur le point de mourir mais est ramené à la vie par son épouse qui le transforme en cyborg. Mais elle se fait capturer par un tyran très très méchant, Akan. Henry va devoir la sauver.

Hardcore Henry a rapidement attiré l’attention. Il faut dire que les films en vue subjective, ce n’est pas nouveau, on aura eu le remake de Maniac par exemple, et dans un sens, le genre found footage, n’est-ce pas une sorte de POV ? Bon on pourra bien dire que le porno, c’est parfois de la vue subjective aussi, mais c’est un autre débat. Mais Hardcore Henry lui va plus loin, puisque ce n’est pas un film d’horreur, ni du porno, mais un film d’action. Un long film d’action de 1h35 en vue subjective, comme si vous faisiez la campagne solo de Call of Duty donc. Immédiatement, le film fait envie, et fait peur. Envie car putain, c’est osé, un film d’action, intégralement en vue subjective, en un long plan séquence donc (même si totalement faux). Peur car la vue subjective, le POV, le found footage, ça bouge beaucoup, ça tremble, parfois ça fou mal au crane, alors quand c’est un film d’action, les craintes sont nombreuses. Les premiers avis sont mitigés, allant du plaisir coupable fun à l’essai totalement vide et raté, voir pénible et honteux. Mais il faut juger par soi-même. Hardcore Henry est-il raté ? Indéniablement, oui, très raté même. Est-il chiant ? Malheureusement par moment, oui. Est-il néanmoins fun ? Dur de dire. En prenant certaines de ces scènes, séparément, sans l’entourage, sans le contexte, sans dépasser les 3 ou 4 minutes, oui, certaines séquences sont funs. Insérées dans le contexte du film dans son entier par contre, c’est une autre histoire malheureusement…

Hardcore Henry donc, un jeu vidéo de 1h30. Un choix osé, on ne pourra pas dire le contraire. Est-ce que le choix fonctionne ? Jamais véritablement. Qu’est ce qui peut rendre un FPS fun ? Le fait de parfois créer son personnage, choisir entre un homme et une femme, choisir sa tenue, avoir la manette en main, faire des choix, choisir entre un couloir ou un autre, canarder ou se mettre à couvert. Avoir les mains moites, et j’en passe. Le souci de Hardcore Henry, c’est qu’il nous propose la même chose, mais nous n’avons pas la manette. On nous oblige à suivre un personnage que l’on ne voit pas, que l’on ne verra jamais, qui ne parle pas, et qui fait en plus des choix complètement débiles ! Dans un film plutôt premier degré, puisque le second degré, il viendra tout simplement du choix du métrage de se vouloir cool en intégrant des musiques référencées lors des grandes scènes, sans raison, sans recul, sans réflexion. Et par l’insertion de certains moments comiques qui, au milieu d’un film beaucoup trop sérieux, sont plutôt embarrassants (la scène du cheval par exemple…). Car c’est bien là au final le plus grand défaut d’Hardcore Henry, c’est qu’il n’y a aucune réflexion. Il intègre tout ce qu’il veut à la va vite, que ce soit des éléments de jeux vidéos (pas que le point de vu, mais également l’expérience par exemple, ou encore l’évolution par niveau, avec boss de fin sur le toit de l’immeuble, ou encore la seringue servant à se redonner de la vie), des musiques de pop culture, des plans soit disant cool, mais sans jamais chercher à bien le faire. Si bien qu’au final, rapidement, l’impression de jeu vidéo en image réelle fou le camp et on a plus l’impression de se retrouver devant une vidéo sportive bourrée de CGI.

Oui, le film a été tourné avec une Go Pro, et ça se ressent. On a souvent l’impression de se retrouver devant de multiples scènes reliées entre elles inutilement qui n’ont d’autre but que d’en mettre plein la vue, comme de multiples vidéos sportives sur Youtube par exemple. Mais le côté impressionnant de Hardcore Henry ne fonctionne malheureusement pas, ou si peu. Notre héros tue tout le monde, fonce dans le tas, prend des coups, regarde à gauche, regarde à droite, et… et le spectateur lui il reste devant en se demandant ce qu’il fou là ! Clairement. Nous n’avons pas toujours de repères, aucun élément pour nous faire éprouver quoi que ce soit, certains mouvements de caméras s’avèrent bien trop rapides pour nous laisser le temps de comprendre l’environnement, ou le coup encaissé, et parfois (souvent ?) la migraine n’est pas loin. Oui, le réalisateur a réalisé son délire, l’a fait pour lui, s’est fait plaisir, a même eu des acteurs de talents (de base, comme Tim Roth ou Haley Bennet), et a fait son jeu vidéo en image réelle mais en ne prenant que le pire du jeu vidéo. Pour voir un métrage avec une imagerie jeu vidéo, mieux vaudra se tourner (ou retourner) vers des films ayant digérés leurs influences et les ayant intégrés dans leur récit et leur mécaniques, comme Scott Pilgrim ou Hyper Tension. Car Hardcore Henry, c’est raté, bancal, parfois gerbant, souvent inintéressant. Effort raté ! Pourtant, aucun doute, Hardcore Henry trouvera néanmoins son public, et sera autant aimé que détesté. Mais réflexion ou pas, le public lui veut de l’action avec Hardcore Henry ! Et il en aura, mais malheureusement, même en prenant certaines de ces séquences à part, elles ne fonctionnent pas toutes.

La séquence de course poursuite par exemple fonctionne plutôt bien, ou encore une des première vraie scène d’action, quand Henry infiltre un immeuble (en avançant sans bruit, pistolet silencieux en main). Ces scènes fonctionnent pour diverses raisons, notamment une action lisible. Car forcément, une course poursuite en véhicule en ligne droite, notre personnage, comme le spectateur, est toujours focalisé sur son objectif, qui est bien devant le personnage. L’espace est donc géré, le but identifiable. Mais lorsque Henry se retrouve sur un toit entouré d’une trentaine de personnages tous habillés pareil et qu’il doit les affronter à main nues, et bien, c’est vite l’anarchie. Mouvements de caméra rapides, à gauche, à droite, coup de pied, coup de poing, on regarde derrière. Migraine tu es là ! Même au-delà de ça, on comprend aisément qu’un combat à main nue n’est pas idéal en vue subjective. Imaginez les combats de The Raid en vue subjective ! Affronter un ennemi venant de face, simple. Mais affronter 30 ennemis, dont certains venant sournoisement nous frapper par derrière… Et bien avec ce choix de POV, dur de rendre l’action lisible, mais surtout de laisser aux spectateurs tous les repères. Alors quand la scène s’éternise, et qu’on nous balance juste après super méchant qui a des pouvoirs télékinésiques, moi, ça m’achève ! Et ce n’est pas le fait de placer quelques effets gores ça et là qui va me brosser dans le sens du poil ! Un jeu que l’on ne contrôle pas, et assurément pas du cinéma donc !

Les plus

Un concept osé
Quelques scènes sympas prises à part

Les moins

La migraine n’est pas loin
Un film vide, un peu cheap, avec un méchant raté
Assez honteux cinématographiquement parlant
Un film en roue libre
Mais un film beaucoup trop sérieux

En bref : Le concept était alléchant, le résultat n’a rien d’un film ! Parfois ennuyeux, répétitif, aucune réflexion, histoire vide, acteurs vides, méchant pathétique, pas toujours lisible, Hardcore Henry aurait du rester à son concept.

2 réflexions sur « HARDCORE HENRY de Ilya Naishuller (2015) »

  1. Il y a quelques mois, on avait commencé le film avec ma femme. Puis elle a commencé à se sentir un peu mal à cause de la caméra. Et elle trouvait ça nul aussi. Moi j’étais pas à fond non plus, faut dire… Du coup on a arrêté… au bout de 15 minutes je crois.

    1. Le coup de la vue subjective, pour un film d’action et sur 1h30, ça ne fonctionne pas. Autant en terme de cinéma (c’est vide, creux) que de plaisir, ça m’a foutu une sacrée migraine aussi. Mais apparemment, ça a plu au jeune public féru de jeux vidéo… Alors que bon, je fais beaucoup de jeux mais si tu me retires la manette des mains, ça perds de son intérêt. C’est exactement ça en plus avec le film.

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