LA CRÉATURE DU CIMETIÈRE (Graveyard Shift) de Ralph S. Singleton (1990)

LA CRÉATURE DU CIMETIÈRE

Titre original : Graveyard Shift
1990 – Etats Unis / Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h29
Réalisation : Ralph S. Singleton
Musique : Brian Banks et Anthony Marinelli
Scénario : John Esposito d’après Stephen King

Avec David Andrews, Kelly Wolf, Stephen Macht, Andrew Divoff, Brad Dourif et Vic Polizos

Synopsis : John arrive dans une petite ville du Maine, Gatefalls, dont l’activité principale repose sur une usine de laine. Il est embauché pour travailler de nuit, les horaires de Graveyard Shift. Seulement une créature rôde dans les souterrains.

Ralph S. Singleton n’est pas un inconnu du genre, ni de l’œuvre de Stephen King, puisqu’il était producteur sur Simetièrre 1 et 2. En 1990, alors qu’il est aussi producteur sur 48 Heures de Plus de Walter Hill, il se lance à la mise en scène avec La Créature du Cimetière, une adaptation d’une nouvelle de Stephen King parue dans le recueil Danse Macabre. Les nouvelles de ce recueil d’ailleurs faisaient le bonheur des petites productions des années 80 et 90, puisque The Mangler de Tobe Hooper adaptait la nouvelle La Presseuse et aura 2 suites, Stephen King lui-même adaptera Poids Lourds avec Maximum Overdrive (qui sera réadapté en téléfilm en 1997), Cours Jimmy Cours sera adapté en 1991 avec Vengeance Diabolique et aura deux suites, en 1984 Cat’s Eyes adaptait 2 nouvelles, sans compter bien entendu Les Enfants du Maïs en 1984 et ses incalculables suites… Et La Créature du Cimetière donc, qui nous intéresse ici, est l’adaptation de la courte nouvelle Poste de Nuit, parue donc dans ce même recueil. Avec 10 millions en poche, Ralph S. Singleton se lance dans l’aventure de la mise en scène, pour un film oublié aujourd’hui, et ne bénéficiant pas d’une grande réputation. Film qui s’avère pourtant dans la moyenne, en étant un film de monstre classique mais tout à fait sympathique, nous gratifiant en plus de quelques têtes connues au casting, ou allant le devenir, avec Brad Dourif (Chucky) en dératiseur fou vétéran de la guerre ou Andrew Divoff (Wishmaster) en ouvrier. L’histoire nous emmène donc comme souvent dans une petite ville du Maine, une petite ville survivant grâce uniquement à son usine de laine.

John Hall arrive dans cette ville, et il a de la chance, car une place vient tout juste de se libérer dans l’usine après un malheureux accident. Si ses collègues ne l’apprécient pas forcément, et que le patron, Warwick, est ce qu’on peut littéralement appeler un connard, tout pourrait se passer comme sur des roulettes, si ce n’est que l’usine est infestée de rats, et qu’une créature à moitié rat et à moitié chauve-souris à établie son nid dans les souterrains du cimetière à côté. Comme il faut ici adapter une nouvelle, l’intrigue va prendre son temps, et durant la première moitié, la créature se fera très discrète, le scénario préférant s’axer sur autre chose, à savoir le quotidien des ouvriers et leurs conditions de travail. C’est-à-dire des conditions bien merdiques, avec des horaires de nuit (le fameux Graveyard Shift du titre original, allant de 23h à 7h du matin), des lieux infestés de rats, l’humidité, des lieux pas forcément très stables et un bordel ambiant pire que la chambre d’un enfant qui aurait refusé de ranger. On découvre nos personnages, on apprend à détester le patron, utilisant ses employés, les manipulant, et on découre donc le fameux dératiseur qui en fait des tonnes, à savoir ce bon vieux Brad Dourif. Et contre toute attente, le métrage se fait plutôt prenant. Classique, sans surprise, lent à démarrer, mais plaisant. Les décors sont franchement réalistes, les acteurs fournissent le boulot, les rares meurtres sont plutôt sanglants, l’ambiance poisseuse fonctionne bien. Ce n’est pas du grand cinéma, l’écriture n’est pas merveilleuse, mais l’ensemble fonctionne et La Créature du Cimetière est une série B certes comme les autres, mais plutôt solide.

Mieux, quand le film entre dans sa seconde partie, il nous montre des effets spéciaux tout à fait correctes, dévoile sa créature et se lâche dans quelques effets sanglants bienvenus. Le film reste certes totalement encré dans son statut de série B, mais il ne veut jamais être plus. Le métrage se montre même efficace, en faisant évoluer ses personnages dans des lieux de plus en plus étroits, en les tuant les uns après les autres par une créature mutante (dont l’origine est ici inexpliquée). On aurait aimé en savoir plus, voir en voir plus par moment, mais la marchandise livrée est celle attendue, sans réelle surprise certes, mais donc hautement divertissante. Son mélange de film de monstre classique et de critique sociale du milieu dans les années 50, ainsi que les lieux de l’action jouent en faveur du film, rendant l’ensemble plutôt intéressant. Malgré tout, comme la créature du film ne sera pas vraiment expliquée et n’arrive d’ailleurs véritablement que tardivement, on pourrait presque croire là à un élément rajouté afin d’être plus vendeur. Pourtant, autant la créature en elle-même que son antre que le spectateur découvrira vers la fin offrent de très beaux moments visuels. En gros, La Créature du Cimetière, c’est de la série B classique, mais plutôt bien foutue, avec un Brad Dourif fou et quelques bonnes idées. Dans la moyenne des bonnes productions du genre de l’époque donc.

Les plus

Une honnête série B
Les décors
Brad Dourif

Les moins

Mais une série B classique et prévisible

 
En bref : Petite série B oubliée, La Créature du Cimetière tente de mélanger critique sociale et film de monstre. Si l’ensemble est prévisible, le spectacle reste divertissant et bien foutu.

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