Titre original : American Sniper
2014 – Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 2h13
Réalisation : Clint Eastwood
Musique : –
Scénario : Jason Hall d’après le livre de Chris Kyle, Scott McEwen et Jim DeFelice
Avec Bradley Cooper, Kyle Gallner, Sienna Miller, Cole Konis, Ben Reed, Elise Robertson, Luke Sunshine, Troy Vincent et Brandon Salgado Telis
Synopsis : Le destin de Chris Kyle, tireur d’élite d’exception qui officia à la Navy de 1999 à 2009. On compte plus de 150 personnes tombées sous ses balles…
Clint Eastwood m’avait beaucoup déçu ces dernières années. Tout avait commencé avec Mémoires de Nos Pères, qui ne m’avait pas franchement plu. J’avais donc fait l’impasse sur Lettres d’Iwi Jima, alors qu’il est parait-il très bon (mais je promet de me faire une séance de rattrapage bientôt). Puis Au-Delà avec Matt Damon m’avait pour le coup franchement déçu, je n’avais pas aimé, la partie en France était pour moi très mauvaise. Vint ensuite J Edgar, film qui sur le coup, m’avait intéressé, jusqu’à l’arrivé de la meilleure scène du film, qui nous dit clairement que tout ce que l’on vient de voir est un mensonge, et donc que ça ne servait à rien. Voilà donc une sensation fort étrange, adorer une scène qui contredit tout le reste. Mais oui, je reste curieux, et surtout, Eastwood réalisateur, c’est également tellement de bons films à côtés, tellement qu’il est dur de n’en citer que quelques uns, mais bon, Gran Torino, Million Dollar Baby, Mystic River, Un Monde Parfait et j’en passe. American Sniper ne me motivait donc pas des masses au départ, et les avis étaient plutôt mitigés partout. Certains adoraient, d’autres détestaient. Comme on dit, le mieux, c’est de voir par soi-même et de se faire son propre avis. Car malgré tout, regarder un film de Clint Eastwood, ça promet dans tous les cas d’être bien plus intéressant que de regarder une production The Asylum. Le film, adapté d’un roman écrit à six mains, nous propose de suivre le destin de Chris Kyle, un sniper d’élite surnommé la Légende, célébré par tous comme étant un héros de la guerre. Mais sous l’image que tout le monde veut lui donner, se cache en réalité un homme beaucoup plus fragile.
Et au final, sans être un chef d’œuvre, sans atteindre la portée émotionnelle de certaines de ces anciennes réalisations (dans les films post 2000, je suis toujours autant admiratif devant Mystic River), Clint Eastwood, du haut de ses 85 ans (tout de même) nous livre un film prenant, et même poignant par moment. Un biopic dramatique sur la guerre dont les 2h13 passent comme une lettre à la poste, et porté par un acteur souvent sous estimé puisque surtout connu pour la trilogie The Hangover (Very Bad Trip), j’ai nommé Bradley Cooper. Bradley Cooper est donc Chris Kyle, un sniper doué qui part à la guerre, partira sur le front durant plusieurs années, 10 pour être exact, pour son pays auquel il croit, quitte à souffrir lui-même à la place des autres. Il est l’exemple du héros que le pays veut, quelqu’un prêt à prendre les coups, à prendre des initiatives, à tuer pour son pays, et surtout à ne jamais laisser tomber lorsqu’il a une mission, que celle-ci soit donnée par son pays (protéger par exemple des soldats fouillant une rue et ses bâtiments), ou une mission plus personnelle (tuer le sniper ennemi qui devient son rival). Chris Kyle est le soldat Américain parfait, solide comme un roc, qui rend son pays fier. Sauf que Clint Eastwood appuie clairement sur la différence entre le Chris qui part plusieurs fois à la guerre, et se retrouve sur le terrain à faire sa mission, avec le Chris qui rentre chez lui et retrouve sa famille. Car oui, avec tout ça, Chris néglige sa famille, a du mal à se remettre de la guerre, ne pense qu’à sa mission, et montre ainsi ses failles bien plus humaines qu’elles n’y paraissent.
Et Bradley Cooper nous livre une prestation impressionnante, lui qui d’habitude joue le beau gosse sympathique. Il est aussi à l’opposé, jouant d’un côté le sniper sûr de lui que rien ne peut atteindre, et de l’autre un homme fragile et nuancé, avec ses peurs, ses craintes et donc, ses failles. Le reste du casting pour la partie guerre ne brille pas forcément, mais on notera la présence de Sienna Miller pour la partie dramatique, dans le rôle de sa femme, et à défaut de convaincre à 100%, elle livre une très bonne prestation et donne de la crédibilité à l’ensemble. Car oui, American Sniper n’est pas parfait. Sa partie guerre se fait prenante et parfois bien tendue, avec des moments d’attente très bien foutus (oui, un sniper, ça passe beaucoup de temps à surveiller, et à attendre), et sa partie dramatique, si elle est parfois moins convaincante, fonctionne malgré tout. Mais le scénario, qui je le rappelle adapte un roman qui est une histoire vraie, fait le choix de quelques facilités par moment. Les phases de sniper aussi, bien que très prenantes, sont plutôt rares. La scène d’ouverture est par exemple hyper efficace, mais souvent, le film devient alors plus classique en nous amenant sur le terrain plutôt que caché en haut d’un bâtiment. À ce niveau là, on préférera le film Stalingrad avec Jude Law et Ed Harris par exemple. Tout cela, on pourrait dire que c’est en parti la faute de Clint Eastwood, qui livre un film intéressant mais néanmoins un peu trop sage. Oui, on aurait pu espérer plus de phases de snipers prenantes, plus de drame, plus de tension, nous montrer un Chris Kyle beaucoup plus ambigu. Mais le film s’avère très sage et ne va pas au fond des choses, dommage. Tout est effleuré. Pour autant, American Sniper reste un bon Eastwood, loin d’être son meilleur, mais loin d’être son pire.
Les plus
Quelques scènes bien prenantes
Bradley Cooper très bon dans son rôle
Les 2h13 passent très bien
Beaucoup de choses intéressantes
Les moins
Quelques facilités
Ne va pas au fond des choses
En bref : American Sniper est un bon Eastwood. Après quelques ratages, il remonte la pente, même s’il se fait trop sage sur pas mal de points, mais l’ensemble reste intéressant et bien mené.
Hey Rick ! Très bonne analyse. Il me semble qu’American Sniper est le dernier film que j’ai vu de ce bon vieux Clint (c’est peu de le dire… LOL). C’est un film intéressant, mais pas aussi prenant que les autres dans la mesure où l’émotion retranscrite via le malaise du personnage principal (et son apparente fragilité mentale) est destituée au profit d’une critique profonde de l’impérialisme américain. Du moins c’est comme ça que je l’ai ressenti. Dans carrément tous les films de Clint Eastwood il y a une portée historique et dans American Sniper, il montre à quel point la Guerre est traumatisante mais aussi débile. Du coup j’ai eu du mal à m’attacher au personnage. Bizarre hein ? Après tout c’est juste un gars de plus qui s’est enrôlée dans l’armée US. Autrement je suis tout à fait d’accord avec toi : depuis Au delà les films du vieillard ne sont plus aussi bons en termes d’homogénéité, mes préférés étant Gran Torino, Million Dollar Baby et Invictus ! Sinon ne manque pas le jeu concours JSUG du mois tu as toutes tes chances !!!! Bises l’ami !
Coucou Eric,
En même temps, il n’a fait qu’un seul film depuis ce American Sniper: Sully 😉
Oui niveau émotions, Clint ne se contente que de livrer une mise en scène fonctionnelle mais froide et distante, ce qui doit te donner cette impression et donc expliquer ton manque d’attachement au personnage. Mais ça fait quelques films qu’il garde cette « distance » avec ce qu’il raconte, et que toi comme moi (et beaucoup d’autres) nous sommes déçus.
Je n’attend donc plus grand-chose de papy Clint, et me lance dans ces films à reculons. Mais ça reste mieux que le dernier du vieux Ridley Scott……. (jamais je ne lui pardonnerais Alien Covenant, JAMAIS lol).
Ah je file voir ça, vrai que là ça fait deux jours que je suis plongé dans l’écriture intensive pour le court de cet été, tout en préparant le long de fin d’années…..
Bisous