PUZZLE (パズル) de Naitô Eisuke (2014)

PUZZLE

Titre original : Pazuru – パズル
2014 – Japon
Genre : Tortures grotesques
Durée : 1h25
Réalisation : Naitô Eisuke
Musique : Arita Hisashi
Scénario : Naitô Eisuke et Suzuki Makoto d’après le roman de Yamada Yûsuke
Avec Kaho, Nomura Shuhei, Takahashi Kazuya, Yagi Saori, Sasaki Kokone et Owada Baku

Synopsis : 4 élèves prennent en otage une enseignante enceinte et oblige les autres professeurs à jouer à un jeu de piste s’ils souhaitent la sauver

Parfois il faut peu de choses pour se lancer dans un métrage. Parfois, un avis plutôt négatif de quelqu’un ayant des goûts opposés est suffisant. Puis Puzzle, je l’avais depuis quelques temps après tout, donc il fallait bien se lancer. Puzzle est l’adaptation d’un roman de Yamada Yûsuke, que l’on commence a bien connaître puisque ces adaptations sont de plus en plus nombreuses : la série des Chasing World (Riaru Onigokko, 5 opus, plus l’adaptation Tag signée Sono Sion qui s’éloigne radicalement du livre), Vanished, X-Game 1 et 2, et même récemment Live de Iguchi Noboru. Livrant souvent des thrillers sous forme de jeux de massacres et de courses poursuites, l’idéal donc pour un métrage voulant jouer sur le suspense avec une action en mouvement perpétuel. Puzzle, c’est un peu ça, une intrigue de thriller, pour un résultat étrange à l’écran, lorgnant vers le film de tortures et de pièges tel qu’il a été popularisé par Saw au début des années 2000. Saw et Hostel auront fait des émules, et pas qu’aux Etats Unis. Souvenons nous par exemple de Grotesque déjà au Japon de Shiraishi Kôji, produit certes fauché, mais réussissant son pari, celui d’être malsain et prenant, et se terminant dans un final… et bien grotesque, comme le dit le titre. Puzzle justement est parfois un peu grotesque, voir souvent, vu qu’il va essayer de jouer sur des ruptures de tons, des changements de styles, pour un résultat allant de l’étrange au grotesque, du réussi au vain. Un film imparfait, mais délivrant pourtant la marchandise, même s’il alterne donc souvent entre le gore sérieux et un aspect beaucoup moins sérieux qui pourra parfois faire rire. Volontairement ? Je ne sais pas vraiment au final les intentions qui étaient derrière le film.

Mais ces choix en font un film qui divise, assurément. Mauvais ? Non pas vraiment, mais étrange, à tel point qu’il va déstabiliser certains spectateurs qui vont le rejeter en bloc. Thriller se voulant noir et malsain, le métrage nous parle de 4 lycéens qui vont kidnapper, au début, une enseignante enceinte et forcer le proviseur et d’autres professeurs à jouer à un jeu pour la sauver. Quelques jours avant, la jeune Azusa a fait une tentative de suicide, sous les yeux des professeurs et de Nomura, notre héros, ou plutôt notre bourreau. Premier point, un peu comme dans Saw, l’histoire se veut compliquée pour pas grand-chose, mais ne cherche pas à jouer sur le suspense. L’identité du cerveau de l’équipe est révélée rapidement, ces actes sont justifiés rapidement par quelques flashbacks qui arrivent un peu quand ils le veulent, histoire de tenter de faire durer les surprises. Mais au final, l’ensemble se résume à une vengeance pas très crédible, puisque certains personnages ont des réactions étranges, Nomura semble prendre du plaisir à ce qu’il fait et plus agir au final pour faire plaisir à ses pulsions, d’où son sadisme. L’histoire alambiquée déçoit en tout cas, puisque nous ne sommes que face à un petit jeu de massacre sans grande envergure, et les personnages, bien que très correctement joués par les acteurs, ne sont pas toujours doués, notamment le flic qui semble débarquer d’un film Coréen tant il a soit un train de retard sur l’intrigue, soit fonce tête baissée et tombe dans un piège à chaque fois.

Heureusement, le métrage peut compter au final sur ses ruptures de ton, qui lui donnent une ambiance étrange et parfois malsaine. Si ainsi les scènes sanglantes peuvent un tant amuser (voir le look de certains pièges, très enfantins), elles deviennent plus violentes et malsaines au fur et à mesure de l’avancée du film, jusqu’à nous livrer quelques scènes qui font bien mal. Autre point fort, la mise en scène travaillée et souvent léchée de Naitô Eisuke, qui joue justement sur les couleurs pour contraster avec ce qu’il raconte. Chacun de ses choix semble là d’ailleurs pour renforcer un petit malaise grâce au décalage, que ce soit dans l’usage de couleurs très douces, dans la musique, les situations, ou tout simplement certains plans qui semblent totalement venir d’un autre film. Alors oui, certains de ses choix s’avèrent bien payants, certains moments comme le final font mal, mais au final, à force de tenter pas mal de choses, se perd un peu en voulant être plus compliqué qu’il ne l’est réellement, et se met du coup une partie du public à dos, ceux voulant un film purement choc devant attendre et accrocher à l’ambiance, tandis que les autres ne comprendront même pas le délire devant leurs yeux.

Les plus

Une solide mise en scène
Une ambiance étrange, grotesque, malsaine
Plutôt court et divertissant

Les moins

Une structure compliquée pour rien
Des ruptures de ton qui ne marchent pas toujours

En bref : Puzzle est déséquilibré, un peu bancal, tout ne fonctionne pas dans ce qu’il entreprend, mais il s’en dégage malgré tout quelque chose d’étrange, un ovni entre malaise et grotesque, rire et dégoût.

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