LEVEL 16 de Danishka Esterhazy (2018)

LEVEL 16
Titre original : Level 16
2018 – Canada
Genre : Thriller
Durée : 1h42
Réalisation : Danishka Esterhazy
Musique : Menalon, Joseph Murray et Lodewijk Vos
Scénario : Danishka Esterhazy et Katharine Montagu

Avec Katie Douglas, Celina Martin, Sara Canning, Peter Outerbridge, Alexis Whelan, Amalia Williamson et Josette Halpert

Synopsis : Le fameux niveau 16… Le dernier niveau de l’académie Vestalis, un internat aux faux airs d’hôpital psychiatrique abandonné qui abrite une flopée de jeunes filles. De jeunes orphelines qui n’ont jamais vu la lumière du jour, car l’air est toxique dehors…

Hey, vous vous souvenez, en 2005, Michael Bay signait un film sympathique avec The Island. Alors, son concept n’allait pas assez loin, et avec sa première heure sobre posant de bons enjeux, la suite ne se transformait qu’en énorme course poursuite, Michael Bay oblige. Et malgré des défauts évidents, notamment une mise en scène souvent chaotique comme Michael Bay nous y a habitué, et bien c’était sympathique. Et bien Level 16, en gros, ça reprend le même concept, mais sans la course poursuite, et en voulant se la jouer thriller en huis clos. De quoi me plaire, j’adore les huis clos. Avec une économie de moyens certains, voilà qui permet à des réalisateurs de soigner l’ambiance. Et ça tombe bien, puisque Level 16 est un film d’ambiance. Nous suivons les aventures de plusieurs adolescentes qui viennent d’arriver au niveau 16 de ce qu’elles appellent une école, mais qui ressemble plutôt à un hôpital un brin délabré et aux tons froids. Froids comme la mort ? Peut-être bien ! Elles n’ont jamais vu le monde extérieur, la lumière du jour, on leur dit que l’air est pollué, et on leur apprend tous les jours les vertus féminines, façon ancien temps. Il faut obéir, ne pas questionner les ordres, la curiosité est un défaut, il faut prendre ces vitamines avant d’aller dormir, et il faut rester pure. Leur seul contact avec le monde extérieur est Madame Brixil, qui vient leur faire la morale, et parfois les punir, ainsi que le docteur Miro, qui s’assure de leur bonne santé. Le but ? Devenir parfaites et se faire adopter à terme, et la libération semble être proche, puisque nos jeunes femmes sont au dernier étage. Nos héroïnes ? Elles ont toutes des noms d’anciennes stars du cinéma : Vivien (Leigh), Rita (Hayworth), Ava (Gardner), Hedy (Lamarr), Grace (Kelly) et j’en passe. Après tous, les seuls films qu’on les autorise à voir lors de soirées « d’images animées », ce sont des vieux films, où la femme est au service de l’homme la plupart du temps. L’Invincible Armada leur sera montré par exemple.

On comprend très rapidement que quelque chose cloche. Entre ses rares gardes qui ont un look de truands Russes avec leurs lunettes de soleil même en intérieur, ces caméras de sécurités placées un peu partout, le fait que nos jeunes femmes, adolescentes, ne savent pas du tout lire. Et puis, si rien ne clochait, il n’y aurait pas de film, aussi. Nos personnages, du moins les deux principaux, s’en rendent également compte, lorsqu’elles refusent de prendre leurs vitamines un soir, et comprennent qu’il ne s’agît pas de vitamines, mais d’un puissant sédatif. Sans rien savoir du pourquoi du comment, de cette organisation, de ce lieu, et du monde extérieur, elles vont se mettre en tête qu’il va falloir s’échapper. Tout en se méfiant des autres, conditionnées et obéissantes, ne sachant plus réfléchir par elles-mêmes car la libre pensée n’a pas sa place en ces lieux, mais aussi des deux seuls visages que cette organisation aborde, celle de la sévère Madame Brixil et du docteur Miro. Bref, un constat assez affligeant pour les personnages secondaires, mais malheureusement totalement réaliste. Oui, quand on nous apprend à être un bon mouton et à obéir, dur de sortir des rangs. Et oui, parfois, les pires ordures se cachent derrière les visages aimables, les voix douces, les paroles rassurantes. Alarmant donc, réaliste, froid également, dans son propos, sa mise en scène, son rythme. Et c’est pour ça que ça fonctionne, Level 16 se fixe une ligne de conduite, avec un but, et s’y tient jusqu’à son final. Tout n’y est pas parfait, mais l’intention est plus que louable, et par moment, le métrage parvient même à s’avérer étouffant, même lorsque l’on se doute un peu de ce qui va venir après, ou que l’on se retrouve avec une ou deux lignes de dialogues un peu clichées. On n’y échappera pas.

Pourtant, ça passe. Non pas par la qualité du scénario, puisque passé son concept, l’ensemble s’avère relativement prévisible, jusqu’à son final. Mais plutôt par ses qualités techniques, et son interprétation, qui fait oublier les quelques défauts et quelques clichés. La mise en scène est carrée, posée, n’a jamais recours à de quelconques artifices pour dynamiser le récit et c’est tant mieux, on ne suit que mieux le cheminement des personnages. Pas besoin tout à coup de faire trembler la caméra dans tous les sens ou de verser dans le sanglant pour faire passer un message ou faire comprendre que nous arrivons dans le troisième acte. Certaines révélations, bien que prévisibles, fonctionnent grâce à cette sobriété. Mais la grosse révélation du film, ce seront ses deux actrices principales, jouant les « détenues » Vivien et Sophia. Les jeunes actrices Katie Douglas et Celina Martin, en particulier la première, sont en effets excellentes, et toujours très justes dans leur interprétation, donnant corps à leurs personnages de jeunes filles qui s’éveillent. L’autre acteur qui impressionne, pour des raisons différentes, c’est Peter Outerbridge dans le rôle du docteur, froid, doux, mais seulement en apparence. Un rôle pas si simple à tenir, puisqu’il est souvent très facile de verser dans les excès à tel ou tel instant, mais ici il s’en sort avec les honneurs. Des qualités donc plastiques et d’interprétations au service d’un concept pas nouveau mais fort sympathique et traité avec sérieux, voilà qui permet de conseiller cette très modeste production Canadienne.

Les plus

Mise en image soignée
Un casting très solide
Un concept bien exploité
N’en fait jamais trop et donc reste crédible

Les moins

Quelques clichés
Malgré tout un peu prévisible

En bref : Level 16 est une bonne surprise venant du cinéma Canadien. Un concept fort, des actrices étonnantes, un ton froid et prenant. Du coup on lui pardonne ses quelques facilités et défauts et on profite d’un spectacle glaçant et bien mené.

2 réflexions sur « LEVEL 16 de Danishka Esterhazy (2018) »

  1. OoOooh. Je viens de voir ce petit film, je fais une recherche sur ce site et vlan, le film en question apparait ahahah !

    Et on est d’accord, c’est vraiment sympathique, avec son lot de trucs improbables (la sécurité semble un peu légère par moment) mais c’est bien ficelé pour une toute petite production. Et tu sais quoi ? Tout de suite, ça m’a rappelé la série des MISSING de notre cher Koshizaka Yasushi ! (dans un genre différent of course)

    1. On va finir par croire que mon site est une encyclopédie haha. Je l’avais découvert plus ou moins à sa sortie, sans rien savoir, juste intrigué par la pochette. Ca fait parti de ces petits films indépendants pleins de bonne volonté qui font plaisir, un peu comme 1BR.
      Par contre rah, MISSING, cette série me hantera jusqu’à la fin de mes jours, et j’ai la dernière saga du réal à voir, j’arrive pas à me motiver 😀

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