Avec Uno Shôhei, Kiyose Yaeko, Kuboyama Chika, Shijimi, Takahasi Mayumi et Shiraishi Kôji
Synopsis : Un journal écrit sur des meurtres et autres crimes. Une vidéo leur arrive un jour, avec un homme dessus qui clame haut et fort qu’il a violé 107 femmes en 10 ans. La vidéo montre bien entendu un de ses actes, suivi d’un meurtre. L’équipe de journalistes se rend sur place pour interviewer l’homme en question.
Sacré Shiraishi, je l’aime bien, même si au début des années 2010, il faut bien avouer qu’il s’était un peu perdu, enfilant à la vitesse de l’éclair les faux documentaires tournés caméra à l’épaule. Vous savez, les found footage. Et pourtant, niveau faux documentaire et found footage, il s’y connaît, puisqu’il a livré tout simplement deux des meilleurs métrages du genre, avec Noroi en début de carrière puis Cult en 2013. Mais voilà, après des débuts modestes mais pourtant en fanfares (Dead Girl Walking, Noroi, Carved, Grotesque, c’est aussi varié que sympathique en terme de qualité), l’homme enchaine pas moins de 4 films fauchés en 2009. Il y a Grotesque oui, et à côté, encore du found footage avec Occult (décevant) et deux films pour le marché de la vidéo, enfin, un long film coupé en deux, comme sa légende urbaine de femme coupée en deux, les Teke Teke, très sympathiques. Mais comme s’il avait été bien fatigué de cette année 2009 remplie, Shiraishi subit alors une grosse baisse de régime, en qualité, mais aussi en productivité. Deux métrages en 2010, dont un inconnu de tous, même imdb, et tous les deux en found footage. Le désastreux Shirome d’un côté, et Bachiatari Bouryuku Ningen de l’autre, apparemment bien plus recommandable. Encore deux films en 2011, donc un faux documentaire, ce Chô Akunin qui nous intéresse, et le très mauvais Kami Idol Sousenkyo Battle. Et quand le monsieur semble livrer le film de genre ultime en 2013 avec Cult, il enchaîne maladroitement avec Ada Part 1 et 2 (la première partie est filmée en found footage) et A Record of Sweet Murderer, un autre film du genre, tourné en Corée ce coup-ci, et dont je vais vous parler prochainement. Innarêtable ? Possible, mais toujours est-il que récemment, les studios semblent lui faire confiance, le monsieur ayant signé Sadako VS Kayako en 2016, soit la réunion de deux icônes du genre avec un budget confortable, puis l’adaptation de Hell Girl (Jigoku Shôjo) en 2019. La fin des galères sans budget ? L’avenir le dira. Mais revenons donc en 2011 avec Chô Akunin, film assez rare, et donc difficile à trouver, que j’ai eu la chance de trouver, sous titré en Coréen. On fait avec ce que l’on a !
Et c’était… mitigé. Je n’ai pas envie de descendre Chô Akunin, puisque sur le papier, il bénéficie de vraies idées intéressantes et… grotesques, comme souvent avec Shiraishi. Il part même d’un concept absolument génial. Certains moments sont bien trouvés, certains sont vraiment drôles, et Shiraishi a trouvé un acteur qui se donne réellement à fond dans le premier rôle avec Uno Shôhei. Il crie, il blague, il viole, il tue à coup de marteau, et en plus, il a des lunettes de soleil trop classe qu’il ne retire jamais. Oui, ça fait beaucoup de bonnes choses en vrai. Mais sans doute par manque de temps, ou d’argent, ou tout simplement car Shiraishi était moins investi dans ce projet, difficile à dire il est vrai, mais Chô Akunin, bien que pavé de bonnes intentions, a parfois bien du mal à convaincre. Pourtant imaginez un peu, un documentaire qui suit un tueur en série violeur de jolies maid, l’interviewe et le filme durant ses occupations de tueur, c’est un concept en or. De quoi mettre de l’humour dans le film, de l’horreur, démonter le milieu des médias, leur implication, leur recherche du sensationnel pour faire de l’audience au détriment du bon sens, du bon goût, du respect des victimes, sans humanité finalement. Mais dés la scène d’ouverture, j’ai senti que quelque chose clochait, lorsque l’on nous force à regarder la vidéo que Shiraishi (qui joue donc le rôle du réalisateur, ah ah, il nous refait le coup) reçoit, en provenance du tueur, pour bien nous présenter le sujet. Voir un homme kidnapper une femme, la violer, puis la tuer à coup de marteau, le tout sans musique, en plan séquence, il y a là du potentiel pour choquer, du potentiel parfois pas loin de Grotesque justement. Mais la scène dure tout de même 15 minutes. Même plus en fait, et ça peut paraître long pour une ouverture. On a l’impression que Shiraishi étire son concept pour atteindre la durée syndicale d’un long métrage. Chô Akunin n’est pas bien long, 1h26, mais il se traîne parfois un peu en longueur dans sa première partie.
Alors oui, certains moments fonctionnent, le côté caméra embarquée donne un côté réaliste, tout comme lorsque notre tueur pourchasse ensuite une maid et que le film se la joue caméra cachée dans un maid café, mais toute la première partie, la fameuse vidéo donc, dure tout de même, en tout et pour tout, 31 minutes ! C’est long pour rentrer dans le vif du sujet. Ça se rattrape heureusement ensuite lorsque Shiraishi part avec son assistante rencontrer notre tueur pour faire une interview. Ou plus, voir avoir le scoop (malsain) de l’année. L’humour débarque réellement alors dans le métrage, et on suit tout ça avec un second degré constant presque salvateur, même si encore une fois, pour que ça se bouge vraiment, il faudra attendre un bon 45 minutes. Mais là, ça fonctionne. Shiraishi dans son propre rôle va se faire maltraiter, tout comme son assistante, et voilà que la fine équipe doit filmer un viol. Difficile de prendre tout ça au sérieux, même lorsque notre équipe va quelque peu se rebeller. Un peu tard ceci dit. Et c’est bien tout le souci. Shiraishi aurait pu tirer un excellent moyen métrage de 45 minutes avec son concept, il avait l’acteur parfait, le concept entre le malsain et le second degré constant, mais il a préféré en faire un long métrage de quasi une heure et demi, et c’est beaucoup trop pour que l’ensemble tienne la route et passionne sur toute la durée. Ce n’est pas le cas. Surtout qu’il paraît que certaines idées, il les avait déjà exploitées sur Bachiatari Bouryuku Ningen. Quand je vous disais que c’était la période sombre pour Shiraishi !
Les plus
Uno Shôhei à fond dans le rôle principal
Un concept génial
Quelques moments font mouche
Il y a de jolies actrices
Les moins
La vidéo d’introduction : 30 minutes quand même
Beaucoup trop long
Un peu lassant, toujours ce marteau
En bref : Chô Akunin est un found footage mineur pour Shiraishi. Il y a des idées, un bon acteur, un sujet en or, mais il étire l’ensemble pour en tirer un long métrage et c’est dommage.
Oui pareil… Uno est super (il a un peu percé d’ailleurs), y’a Shijimi, mais bon… Je ne le reverrai jamais je pense, au contraire de BACHIATARI que tu cites d’ailleurs, et qui m’a laissé un bien meilleur souvenir. J’aimerais bien me le refaire, celui-là !
BACHIATARI, que je n’ai pas, ça va finir par être le seul Shiraishi que je n’ai pas vu avec les deux ADA (que de mémoire tu avais descendu à l’époque). J’ai vu depuis son found footage tourné en Corée, faut que j’écrive dessus.
N’empêche certaines années, il tourne plus vite que son ombre, difficile de tout voir et d’être à jour !
En réalité… je pense que j’ai tout vu de lui. Je l’ai même croisé lors d’une séance de ciné à Osaka. Son dernier film a l’air sympa, j’attends la sortie à la loc.
Quel fan !
Mais bon pour le coup, il y en a certains que tu peux trouver bien plus facilement que moi. Les deux ADA, j’attend une éventuelle baisse de prix un jour, vu ce que tu dis sur les métrages, je ne payerais pas ça plein pot.
Osaka aaaaaah, j’y étais encore hier….. dans Yakuza et sa reproduction de Sotenbori ! La réalité devra encore attendre un peu :/