DON’T BREATHE 2 de Rodo Sayagues (2021)

DON’T BREATHE 2

Titre original : Don’t Breathe 2
2021 – Etats Unis
Genre : Suspense
Durée : 1h38
Réalisation : Rodo Sayagues
Musique : Roque Baños

Scénario : Fede Alvarez et Rodo Sayagues

Avec Stephen Lang, Madelyn Grace, Brendan Sexton III, Adam Young, Rocci Williams, Christian Zagia et Bobby Schofield

Synopsis : Quelques années après la première effraction mortelle au domicile de Norman Nordstrom, ce dernier vit des jours tranquilles et paisibles. Mais ses anciens péchés le rattrapent…

En 2016, Don’t Breathe avait été une bonne surprise, voir une excellente surprise. Le second long métrage de Fede Alvarez en effet était tendu, maitrisé, efficace de bout en bout, sans aucun temps mort. Evidemment oui, son scénario était minimaliste, c’était juste un film concept en réalité, mais ça ne dérangeait pas. Un huis clos jouant sur la tension, une traque tendue, virtuose visuellement, et qui jouait plutôt habilement sur le son. Un film jouant donc sur deux concepts plutôt rares maintenant au cinéma, mais étonnement qui brillaient également dans la même période dans d’autres films. Green Room pour le côté huis clos sauvage et violent, voir minimaliste, et Sans un Bruit pour le côté qui s’amuse avec le son. Ça tombe bien au final, puisqu’en 2021, autant Sans un Bruit que Don’t Breathe ont droit à leur suite. Et dans les deux cas, les suites n’étaient absolument pas nécessaires, tant le premier film avait tout dit. Mais bon, Sans un Bruit 2 ayant réussi le pari fou d’être finalement sur certains points meilleur que le premier, justement dans son exploitation du son, et donc du silence, et bien donnons sa chance à Don’t Breathe 2, qui voit Rodo Sayagues, coscénariste du premier film, prendre la chaise du réalisateur, Fede Alvarez restant comme producteur et coscénariste, tandis que Sam Raimi est toujours producteur. Le choix premier de cette suite, certes un brin cliché mais pas inintéressant, est d’inverser les rôles. Si dans le premier, les protagonistes étaient une bande de voleurs qui s’infiltraient dans la maison d’un aveugle vétéran de la guerre qui allait rapidement leur péter la gueule, connaissant sa maison sur le bout des doigts, soit le classique home invasion qui se retourne contre les intrus, cette suite met en avant l’aveugle. Une manière donc d’humaniser le personnage, d’en faire le héros, de lui offrir une rédemption. Pas nouveau oui, un brin cliché, mais encore une fois, pas inintéressant sur le papier. Après les événements du premier film, notre aveugle a donc récupéré une petite fille, fille d’un dealer de drogue finissant en prison après l’explosion de son laboratoire dans le coin.

L’aveugle va donc récupérer la petite fille, l’appeler Phoenix, et l’élever comme sa fille, en l’élevant pour en faire une pro de la survie, car il le sait bien, le monde extérieur est dangereux, cruel et sans pitié. L’aveugle prend donc clairement une figure paternelle ici, protectrice. Tout ce dont il aspirait à être dans le premier film en réalité. Mais bien entendu, alors que les années passent et que la petite fille grandit et devient une pro de la survie, n’aspirant finalement qu’à une vie normale, les ennuis arrivent, tandis qu’un groupe aux motivations au départ inconnues pénètre un soir dans la maison de cette famille. Don’t Breathe 2 tente véritablement dans un premier temps de n’être qu’un film miroir, reprenant la formule du premier film en inversant le point de vu. Les intrus sont plus nombreux, plus armés et mieux préparés, et l’aveugle et sa fille doivent se cacher, tendre des pièges, survivre tout simplement. Ce côté miroir, on le retrouvera jusque dans la mise en scène. Passé l’introduction, nous avons un simple home invasion, avec des événements en commun entre les deux films, comme la présence d’un chien, même si on passe du chien de l’occupant au chien des intrus. Mais la mise en scène, efficace et classe en soit, cherche également à avoir cet effet miroir donc. La première rentrée dans la maison par les intrus se solde par exemple par un (probablement) faux plan séquence, du plus bel effet et montrant une belle technique, il est vrai, mais qui semble vouloir émuler le plan séquence du film original, juste en poussant chaque élément plus loin. Ça fonctionne, bien que ce ne soit pas audacieux du coup, ni surprenant. C’est d’ailleurs bien le souci de la première heure. C’est efficace, bien filmé, Stephen Lang campe toujours très bien l’aveugle, mais jamais nous ne serons surpris par le spectacle proposé. Madelyn Grace également est très bien dans le rôle de la petite d’ailleurs.

Pour le meilleur et pour le pire, le métrage décide alors de redistribuer les cartes dans sa dernière partie. Justifier les actes, permettre à l’aveugle d’avoir sa vraie rédemption, en apprendre plus sur le passé de la petite Phoenix… Les raisons sont nombreuses, parfaitement justifiées. Mais tout ne fonctionne pas. Ce qui n’était alors clairement qu’un film jamais original mais efficace se prend alors les pieds dans le tapis, donnant des raisons à tout le monde, certaines étaient logiques et fonctionnant, d’autres allant un peu trop loin, ou étant un peu trop tirées par les cheveux, notamment en ce qui concerne le vrai raisonnement derrière les actions des intrus. Un peu comme si ça ne tenait clairement pas la route, mais qu’il fallait cela pour relancer l’intérêt, nous faire détester encore plus les antagonistes, et ajouter une dose de choc à une intrigue qui n’en avait clairement pas besoin. La mise en scène est toujours appliquée, bien que la photographie alors un poil trop sombre pour cette dernière partie, ça se regarde toujours, mais on en vient clairement à en ressortir uniquement en se disant que oui, le film est clairement moins bon que le premier, et n’apporte pas grand-chose d’intéressant. Au final, tout ça ne fait que renforcer les qualités du premier film d’ailleurs. Donc voilà, pas mauvais, mais une suite de genre banale, qui n’ajoute pas grand-chose, se fait efficace mais moins prenante.

Les plus

Visuellement toujours très propre et appliqué
Stephen Lang bien dans son rôle
Efficace

Les moins

Rien de bien neuf et très prévisible
Une structure, narration et mise en scène qui émule le premier film
Une dernière partie bien moins convaincante

En bref : Don’t Breathe 2, c’est l’archétype de la suite inutile du très bon film que personne n’attendait. Et qui malheureusement, à force d’en faire un peu trop, finit par se planter. Le spectacle reste honorable et regardable, mais peu marquant.

2 réflexions sur « DON’T BREATHE 2 de Rodo Sayagues (2021) »

  1. Suite inutile oui. Le premier film était super. Mais… eh bien on a passé un bon moment, on ne s’est jamais ennuyé, ça reste un bon petit thriller violent, efficace tant qu’on ne cherche pas la petite bête – tous les éléments que tu critiques, tu as raison ils sont très critiquables. Mais encore une fois, je sais pas… J’ai passé un bon moment ! Je ne suis pas certain qu’il y ait eu beaucoup de thrillers violents/slashers largement supérieurs à DON’T BREATH 2 (en matière d’efficacité).

    SPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILER
    SPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILERSPOILER :
    j’attends le 3 maintenant ahahah !

    1. C’est ça, je n’ai pas passé un mauvais moment, ça se suit bien, pas de longueurs, et en émulant le premier sur tout, forcément, ça fonctionne le plus souvent, mais le premier fonctionnait beaucoup car on ne s’y attendait pas (moi en tout cas, je n’en attendais rien). Mais au final oui, ça reste au dessus de pas mal de films grâce à un simple aspect : c’est un vrai film de cinéma. Photographie, ambiance, cadrage en 2.35 (on pourra dire ce que l’on veut, mais filmer dans ce format donne tout de suite un cachet). Et hyper violent oui là où beaucoup de slashers/thrillers hésitent souvent à aller trop loin, ont peur du classement R.

      Mais voilà, autant le premier, je le reverrais (j’ai le BR), autant cette suite, trop similaire à l’original, pas sûr. Sauf si en effet, on nous fait un 3, je reverrais les 2 avant le 3 haha.

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